Dakar, 22 oct (APS) – Le cancérologue Mamadou Diop a alerté ce mardi sur les risques d’anémie liés au cancer, une pathologie dont la prise en charge requiert la disponibilité de sang en quantité suffisante.“Le cancer en soi consomme du sang, parce que le cancer lui-même, la tumeur, va produire des facteurs qui vont faire qu’il y a une néovascularisation qui se crée. Donc, le sang est détourné vers la tumeur. Et donc, en principe, il y a une anémie, une potentielle anémie, un potentiel manque de sang qui s’installe avec cette maladie”, a déclaré le professeur Diop.Le vice-président de la Ligue sénégalaise de lutte contre le cancer (Lisca) prenait part à une journée de sensibilisation sur les cancers du sein, du col de l’utérus et de la prostate organisée par la présidence de la République.“La plupart des tumeurs, la plupart des cancers, leurs symptômes, c’est le saignement. Donc, dans notre contexte, pour prendre en charge ces maladies, il nous faut du sang pour les opérer. Déjà l’intervention même. La chirurgie des cancers est une chirurgie lourde. Et on a besoin, pendant l’intervention, d’avoir du sang”, a-t-il expliqué. Selon le spécialiste, “parfois, il est nécessaire même de transfuser avant” l’intervention chirurgicale.“Il y a un traitement qu’on appelle la chimiothérapie, le plus courant, surtout dans les cancers qui sont avancés. Dans la chimiothérapie, les médicaments ne distinguent pas les cellules cancéreuses des autres cellules. Son objectif, c’est de détruire toutes les cellules qui se multiplient vite, et les cellules du sang en font partie”, a-t-il expliqué.D’après le professeur Mamadou Diop, les malades ayant recours à la chimiothérapie viennent déjà avec un statut d’anémie, une situation qui fait qu’ils ont besoin forcément d’être transfusés.Le cancérologue souligne par conséquent que “le besoin de sang est extrêmement vital”.Selon le professeur Saliou Diop, directeur du Centre national de transfusion sanguine (CNTS), “des mesures ont été prises précocement pour rendre disponible et de manière sécurisée le sang dans tout le pays”. “Il y a toujours des problèmes liés à la disponibilité du produit. Sur un besoin de 180 000 poches, nous n’avons pu avoir que 120 000 en 2023. Ce qui constitue un gap structurel de 30, voire 40%”, a-t-il déploré.Il affirme que cette quantité est en-deçà des besoins des structures sanitaires. “Nous n’avons pas encore le nécessaire pour mener toutes les activités médicales. Tous les jours, des patients attendent qu’on leur donne du sang et en grande partie des malades du cancer”, a noté professeur Diop.“Cette situation fait que les femmes souffrant des cancers du sein ou de l’utérus ont besoin d’être souvent transfusées”, relève le directeur du CNTS.Cheikh Oumar Diagne, le directeur des moyens généraux de la présidence de la République, a justifié la tenue de cette journée par le fait que “la sensibilisation et l’éducation sont des armes puissantes dans la lutte contre ces cancers”. A travers cette initiative, dit-il, le président de la République souhaite ainsi “mobiliser” le personnel de la présidence, afin de “mieux le protéger contre ces problématiques sanitaires”. Selon lui, il s’agit ”d’encourager nos proches à se faire dépister et à prendre leur santé en main. Le don de sang est un geste humanitaire qui permet chaque jour de sauver des vies”.NSS/SKS/ASG/BK
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