Dakar, 19 oct (APS) – La rappeuse congolaise Jessy B, lauréate 2023 du prix découvertes Radio France international (RFI), s’est produite vendredi à l’Institut français de Dakar, un concert très engagé qui donne le ton de sa tournée africaine dénommée “Africa Tour”.

La capitale sénégalaise était la première étape de ce périple continental qui a démarré par le théâtre de verdure de l’institut français.

Le public dakarois, peu nombreux mais très chaleureux, a eu droit à un mélange de morceaux engagés et d’égotrips, tels que “dégatnadégat”, l’hymne de l’artiste, ou encore “Maïmouna”, un hommage à sa défunte petite sœur “courageuse et brave”.

La rappeuse congolaise a aussi tenu à dévoiler quelques nouveautés sur scène, des titres “symboliques” parmi lesquels “Meilleur”, “First class”, “Petit Paradis”, “Héros”.

“J’ai opté pour un mélange de morceaux que le public connaissait pour certains, et d’autres non, parce que ce sont des exclusivités pour un projet” futur, a expliqué la rappeuse, qui découvre pour la première fois le Sénégal et le public sénégalais.

Jessy B, tenant en main un drapeau de son pays, a justement démarré son spectacle par le titre “Héros”, composé il y a quelques mois pour dire que “chaque personne est un héros du quotidien”. Comme s’il voulait toucher l’humanité au plus profond de chaque mélomane avec des ondes positives. Une bonne entrée en matière pour dialoguer avec le public très coloré et composé de plusieurs nationalités, dont de nombreux ressortissants congolais venus soutenir leur compatriote.

Le morceau “Héros”, à l’origine, était dédiée aux personnes en situation de handicap, mais Jessy B en a finalement fait un hommage général, partant de ce que “toutes les personnes humaines sont des héros du quotidien”, une manière de dire que “quelles que soient les difficultés de la vie, il faut continuer d’y croire”.

“Si tu crois que c’est impossible / si tu crois que c’est un souci / mais si tu crois, fais ton possible / Et si tu crois, crois en l’impossible / Héros…”, scande l’artiste dans un flow très rythmé qui tient en haleine le public.

Les morceaux s’enchainent ensuite avec le trio de musiciens qui l’accompagne, dont son père le rappeur King Biggerman, la rappeuse agrémentant sa prestation par des égotrips qui lui permettent de se dévoiler un tout petit peu plus.

Avec “dégatnadégat”, dont les refrains sont repris en chœur, Jessy B fait davantage corps avec le public, conformément à l’esprit de ce texte symbole d’un art dont l’ambition est d’impacter le monde.

Jessy B, Diatsona Biggerman Jessica Francia à l’état civil, en profite pour délivrer des messages de paix en soutien à la République démocratique du Congo, un pays voisin du sien et à tous les pays en guerre.

“On dit qu’on ne se moque pas quand ça fume chez le voisin. Je suis du Congo Brazzaville, mais c’est le Congo en général, c’est l’Afrique et le monde. Ce sont des situations qui touchent des personnes humaines très naturellement. Je suis très jeune, mais très sensible à tout ce qui se passe dans le monde […], c’est ma contribution en tant qu’artiste très engagé”, dit-elle à la fin de son concert.

La lauréate 2023 du prix découvertes RFI se dit porte-parole de la jeunesse pour qui elle chante, en particulier pour ceux qui sont parfois très désorientés, pas du très informés.

“J’ai pour cible principale la jeunesse, je suis jeune, je pourrais chanter tout, mais autant leur aussi dire ce qui se passe dans le monde, je profite donc de ma musique pour glisser des messages”, ajoute-t-elle.

Né dans une famille de rappeurs, Jessy B est d’abord l’héritière d’un univers artistique dont l’influence a été confirmée par le prix découverts RFI, arrivé comme “une reconnaissance internationale” d’un travail entamé auprès de son père depuis ses 5 ans.

Cette récompense lui vaut de découvrir le Sénégal pour la première fois, d’aller en France, de faire connaître son art et sa musique, de les exporter à l’international.

”Il [le prix découvertes RFI] m’a permis de me réaffirmer parce que lorsqu’on est une jeune artiste rappeuse, ce n’est pas évident dans ce monde de la culture mené par les hommes. Parce que ce n’est pas toujours facile pour une femme et surtout pour une jeune femme. Cela veut dire qu’il faut beaucoup de suivi et de soutien pour éviter d’aller faire n’importe quoi”, confesse-t-elle.

Une preuve parmi mille que Jessy B bénéficie d’un bon encadrement ? Elle vient de décrocher une licence en marketing et action commerciale. Ce qui pourrait toujours servir dans un univers du showbiz toujours aussi impitoyable.

“Je peux être une héroïne pour toutes ces personnes qui me suivent”, lance la rappeuse, chanteuse, danseuse et chorégraphe, en parlant de son prix découvertes. Ce qui est sûr, c’est qu’elle a “enjaillé” Dakar et son institut français pour sa première au Sénégal.

Le rappeur Gun Mor, de son vrai nom Momar Ndiaye, une des figures montantes du rap sénégalais, avait assuré la première partie du concert de Jessy B qui se produira à Saint-Louis ce samedi.

L’artiste va ensuite poursuivre son périple africain par Cotonou (Bénin), N’Djamena (Tchad), Goma Amani, Goma, Bukavu (RDC) et Kigali (Rwanda), du 24 octobre au 22 novembre.

FKS/BK

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