Dakar, 11 juin (APS) – Les quotidiens n’en ont mardi que pour le Premier ministre, dont les propos tenus lors d’une conférence donnée dimanche à Dakar continuent d’alimenter les colonnes des journaux.

Le journal Le Quotidien rappelle que le chef du gouvernement, Ousmane Sonko, a profité de cette tribune pour critiquer “ceux qu’il considère comme ses détracteurs”, qu’ils soient journalistes ou opposants, mais aussi certains magistrats.

Les répliques de ces déclarations jugées controversées par de nombreux observateurs font le menu de la plupart des journaux, à l’image de Vox Populi, qui affiche à sa une : “Sonko, le retour de bâton”.

“Après son show au Grand-Théâtre, des hommes politiques et des membres de la société civile lui crachent leurs vérités”, écrit Vox Populi en parlant du Premier ministre, qui s’en est pris à l’opposition et aux leaders de l’ex-majorité. Même des magistrats en ont pris pour leur grade.

M. Sonko assure que la lumière sera faite sur certaines affaires liées aux troubles politiques survenues au Sénégal entre 2021 et 2024. Ceux qui ont détourné des deniers publics seront poursuivis en justice, a-t-il déclaré, accusant notamment des entreprises de presse.

En conséquence de ses propos, “Sonko reçoit une volée de bois vert” de plusieurs politiciens et observateurs, constate le quotidien Les Échos.

“Sonko réveille l’opposition”

Les observateurs et leaders politiques cités par le journal demandent surtout au Premier ministre de se départir de ses habits d’opposant et d’apporter des réponses aux préoccupations des Sénégalais.

“Volée de bois vert contre Sonko”, écrit L’info, qui relaye certaines réactions aux propos du Premier ministre, celle d’Anta Babacar Ngom, par exemple, candidate à l’élection présidentielle du 24 mars dernier. “Le temps des discours est révolu ! Mettez-vous au travail”, dit-elle au chef du gouvernement.

L’info rapporte également la réaction du député Abdou Mbow, figure importante de l’ex-coalition au pouvoir : “Il faut qu’il arrête de menacer les gens. Il a tous les instruments. Il a les rapports sur sa table, il n’a qu’à passer à l’acte”, soutient M. Mbow en parlant du Premier ministre.

“Presse, magistrats, opposition…” Le chef du gouvernement n’a épargné personne, selon Bés Bi Le Jour. “Ousmane Sonko a réveillé la société civile et les politiques, après les flèches qu’il a distribuées, dimanche, au Grand-Théâtre”, observe le même journal.

Il fait remarquer que la société civile aussi “charge Sonko”.

Le quotidien Le Mandat affirme qu’Ousmane Sonko, par ses propos, “se met à dos la presse et réveille l’opposition”.

Le même journal estime que sa sortie “a permis à certains membres de l’opposition jusqu’ici groggys de se rebiffer et de le tutoyer sans ménagement”.

Tribune juge que cette sortie “menaçante semble déclencher la fin de l’état de grâce, après l’arrivée au pouvoir du régime du président [Bassirou Diomaye Faye]”, un constat proche de l’analyse de WalfQuotidien, qui parle des “ravages d’une com'”, celle du Premier ministre.

“Le même style que dans l’opposition”

“Malgré leurs pertinences, constate ce journal, les messages d’Ousmane Sonko peinent à atteindre la cible. Ils sont noyés par ses sorties de piste, lors de ses conférences de presse. Lesquelles impactent négativement sa communication.”

L’Observateur, pour sa part, dissèque l’état d’esprit du chef du gouvernement. “Le style, c’est l’homme”, écrit-il en évoquant le ton sans concession et les critiques jugées virulentes de l’actuel Premier ministre du temps où il était leader emblématique de l’opposition sénégalaise.

“Mais même au pouvoir, dans la peau d’un chef de gouvernement, Ousmane Sonko garde le même style”, signale L’Observateur. “Sonko, la mesure et la démesure”, titre-t-il.

Le quotidien L’As se pose des questions sur l’avenir de l’ancien maire de Dakar Khalifa Sall, candidat sans succès à l’élection présidentielle du 24 mars dernier, à l’issue de laquelle il a recueilli 1,56 % des votes.

À 68 ans, Khalifa Sall ”a droit à une dernière participation” à un scrutin présidentiel en 2029. ”Sera-t-il obligé d’y aller ou prépare-t-il un de ses poulains ? En tout cas, répond L’As, ses potentiels successeurs à la tête de Taxawu Sénégal ne présentent pas toutes les assurances pour porter le flambeau.”

Le Soleil, loin de la politique, consacre sa une à l’émigration irrégulière. Il parle de ”l’ampleur de ce fléau, symbole du désespoir de milliers de jeunes au Sénégal”. 

Le journal s’est rendu à Kafountine (sud) et à Fass Boye (ouest), sur la côte sénégalaise, où “les pirogues pullulent” en attendant d’embarquer des candidats à la migration irrégulière, “avec son lot de morts et de désastre au plan psychologique”.   

BK/ESF

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