Thiès, 11  avr (APS) – L’imam Tafsir Babacar Ndiour de la mosquée de Moussanté à Thiès a mis en garde les nouvelles autorités du pays contre le “syndrome hollandais”, consistant à dépendre excessivement du secteur extractif, au détriment des autres secteurs de l’économie, comme l’agriculture.

Après la prière de la Korité marquant la fin du Ramadan, l’imam Ndiour a, comme à son habitude, prononcé un sermon panoramique, brassant divers sujets d’actualité.

Il a attiré l’attention du nouveau gouvernement sur le risque du syndrome hollandais ou “maladie hollandaise”, qui désigne les effets inconvénients pour une économie de dépendre excessivement du secteur extractif et de ses ressources naturelles d’une manière générale, au détriment des autres secteurs de l’économie.

Avec la perspective d’exploitation du pétrole, les pouvoirs publics devraient veiller, a-t-il dit, à ne pas subir le “syndrome hollandais”, encore appelé “maladie hollandaise” (dutch disease).

La découverte de gisements de gaz naturels en 1959 avait amené les autorités hollandaises à miser dans le court terme sur cette ressource. Ce qui avait conduit à terme à une désindustrialisation du pays et à la baisse de la diversification de l’économie.

Au Sénégal, par exemple, l’option de délaisser l’agriculture au profit de l’or noir, risque d’exposer aux contrecoups de la volatilité des cours mondiaux du pétrole, a-t-il laissé entendre.

Une telle tendance serait d’autant plus périlleuse que le pays dépend essentiellement des importations de produits céréaliers pour se nourrir et doit lutter pour atteindre sa souveraineté alimentaire.

Le pays, qui dispose de terres, d’eau et d’une population jeune, pour y arriver, doit développer l’agriculture, un secteur grâce auquel les pays développés ont atteint leur niveau actuel, selon lui.

L’imam Ndiour a, en outre, mis l’accent sur la nécessité d’atteindre la “souveraineté vestimentaire”, en réhabilitant des usines comme la NSTS de Thiès pour fabriquer des tissus dans le pays, grâce au coton local. Cette entreprise peut donner “mille emplois”, a-t-il dit.

“Enseigner certains modèles à nos enfants“

Le religieux relève qu’un dirigeant, dans la perspective islamique, doit aussi soutenir la vérité et la droiture, où qu’elles se trouvent. Il doit pouvoir y arriver grâce à la concertation, a-t-il dit.

L’imam a souligné la nécessité de faire connaître certains modèles à la jeune génération. Il a revisité la révolution torodo de Thierno Souleymane Baal au Fouta Toro, reposant sur l’imamat, qui a régné pendant un siècle (1770-1880), soit avant la constitution américaine, a-t-il relevé.

Cette révolution avait combattu la corruption, l’impunité, l’enrichissement illicite, la dévolution monarchique du pouvoir, pour asseoir l’audit, la transparence, la déclaration de patrimoine, la reddition des comptes, “bref tous les outils utiles à la transparence”, a raconté l’imam.  Selon lui, ses successeurs, comme Abdelkader Kane, s’étaient inscrits dans la même voie.

Thierno Abdoul Bocar Kane s’était, quant à lui, opposé à l’installation par les Français, de poteaux pour le télégramme entre Saint-Louis et Bakel, un moyen pour eux de pénétrer l’intérieur du continent, vers le Mali.

Après des négociations, il a réussi à leur faire payer des redevances annuelles pour la présence de ces installations. Pour lui, ces faits historiques et héros méconnus d’une grande partie de la population, “doivent être enseignés à nos enfants“.

Il a aussi souligné l’importance pour un dirigeant de faire régner la justice. Citant un hadith du prophète (PSL), il a relevé que celui qui aura la meilleure destination le jour du jugement dernier, sera un dirigeant juste, tout comme celui qui aura la pire destination, sera un dirigeant injuste.

“Il est attendu de toute personne qui est à la tête d’une entité, qu’elle soit juste et qu’elle puisse redresser les injustes, qui sont sous sa tutelle, qu’elle puisse aider les faibles à recouvrer leurs droits”, a poursuivi l’imam.

Pour le religieux, l’élection du président Bassirou Diomaye Faye est “la preuve que tout est possible au Sénégal” et que “l’école publique sénégalaise a obtenu des résultats”.

Aux nouvelles autorités, il rappelle que “le pays a besoin de modernité et de développement, mais aussi de paix et de bien-être”.

ADI/ASG/AKS

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