Dakar, 3 nov (APS) – L’ONG World Vision a lancé une nouvelle campagne mondiale de lutte contre la faim et la malnutrition chez les enfants dénommée ”Enough”, a-t-on appris de son responsable plaidoyer pour le Sénégal.

”Aujourd’hui, on va lancer […] la nouvelle campagne +Enough+. On va essayer de sensibiliser au maximum, essayer de discuter, de partager les informations et les études que nous avons commanditées à travers le monde et qui nous ont permis aujourd’hui d’avoir une situation précise’’, a expliqué Balla Fall Niang, responsable plaidoyer à World Vision Sénégal dans un entretien avec l’APS.

Il a indiqué que l’organisation humanitaire internationale ”va essayer d’orienter ses programmes vers cette lutte contre la malnutrition chez les enfants avec la campagne +Enough+ en essayant de sensibiliser au maximum les populations, les décideurs, les gouvernements pour changer les politiques si c’est nécessaire, changer les budgets, embarquer le maximum de partenaires au développement qui travaillent dans ce domaine”.

La nouvelle campagne mondiale lancée en octobre 2023 va se dérouler jusqu’en septembre 2026.

“On va travailler ensemble dans ce domaine, pour que la faim soit éradiquée à travers le monde”, a indiqué M. Niang affirmant qu’ils ne sont “pas sûrs de pouvoir réussir” mais au moins ils vont apporter leur “pierre à l’édifice”.

Il a relevé que World Vision intervient à Kaffrine, Tambacounda, Kédougou, Kolda, Sédhiou et Ziguinchor.

L’ONG a d’autres partenaires comme Plan International et Save The Children, qui “interviennent dans d’autres localités et vont essayer d’apporter leur pierre à l’édifice”, a expliqué Balla Fall Niang.

Selon lui, le Sénégal a son plan d’actions en matière de lutte contre la malnutrition.

“Et l’Etat a un budget qu’il alloue à cela, maintenant est-ce nous devons venir changer complètement cette manière de faire? Non, je crois que nous devons accompagner l’Etat”, a-t-il soutenu.

Il a estimé qu’il fallait mettre beaucoup de moyens dans l’agriculture avec un plan beaucoup plus structuré.

“Prenons juste le cas du Sénégal avec la politique agricole par exemple, où on est en train de faire beaucoup d’efforts, mais on a encore beaucoup de choses à faire”, a soutenu M. Niang.

Dans les campagnes, “pour la majeure partie, à l’exception de quelques marabouts ou autorités qui ont la possibilité d’avoir des tracteurs, le reste pratique les mêmes méthodes culturales depuis plus de 20 ans ou 30 ans”, a-t-il martelé.

“(…), il y a des efforts certes mais il y a beaucoup de choses à faire et c’est là que c’est important de lancer une telle campagne”, a-t-il souligné.

Il a rappelé que durant plusieurs années, l’organisation humanitaire a travaillé avec beaucoup de partenaires dans la lutte contre la malnutrition.

Cette campagne a donné beaucoup de résultats positifs, a-t-il salué.

Faire des enquêtes pour avoir un programme de campagne 

“Nous sommes aujourd’hui en train de recenser l’ensemble des partenaires qui interviennent dans ce secteur, que ce soit l’agriculture ou la santé-nutrition pour pouvoir travailler ensemble avec les services publics mais aussi avec les autres partenaires au développement”, a-t-il souligné, ajoutant : “Rien n’est exclu dans ce qu’on doit faire pour atteindre nos objectifs (…).”

Selon lui, il y a des pays qui ont des revenus élevés, des pays à revenus moyens et des pays à revenus faibles. Le Tchad faisait partie des pays choisis ainsi que le Malawi et la RDC.

“Mais nous avons besoin de plus d’informations pour le Sénégal et c’est ce que je vais faire dans les mois à venir”, a-t-il indiqué, soulignant que World Vision va inviter tous les partenaires pour avoir “des objectifs-résultats, des indicateurs très clairs arrimés aux indicateurs de l’Etat du Sénégal pour l’accompagner et améliorer ce qu’il est en train de faire”.

A son avis, trois ans ne suffisent pour “éradiquer la malnutrition”.

“Mais ça suffit pour alerter. Et on va alerter, sensibiliser, donner les chiffres mais avec les partenaires”, a-t-il souligné, estimant que rien n’empêche, au bout de trois ans, de planifier encore pour cinq autres années.

“Il y a de cela quelques mois, on était au Ghana pour discuter sur les éléments de cette campagne. En début décembre, on sera en Mauritanie […] On saura de manière précise, où on veut aller en Afrique de l’Ouest. Les programmes déroulés ici ne seront pas les mêmes que les programmes qu’on va dérouler dans d’autres pays”, a-t-il révélé.

Il estime qu’au Sénégal, il est important de faire une étude pour avoir une situation de référence claire et des données précises.

“On a des chiffres au niveau mondial, on a des chiffres au niveau de l’Afrique mais on doit aussi avoir des chiffres clairs au niveau du Sénégal [où] environ 19 % des ménages ont une consommation alimentaire non suffisante, 5 % ont une consommation alimentaire pauvre à base principalement de céréales et d’un peu de légumes, de sucre et du lait’’, a-t-il renseigné.

Le responsable plaidoyer à World Vision Sénégal informe qu’à l’échelle nationale, 9% de la population souffre de la malnutrition aiguë et 18% de retard de croissance.

“Les enquêtes que nous allons faire vont nous permettre d’entrer en profondeur et de pouvoir en parler sans sourciller. Sinon on peut tomber sur des chiffres caducs”, a soutenu Balla Fall Niang.

Pour caractériser cette situation, il a évoqué le terme wolof “gobar diassi”. “Cela signifie que dans des localités, certains ne peuvent pas avoir le déjeuneur et le diner. Donc, ils déjeunent tard et ce déjeuner sert de diner”, a-t-il expliqué.

M. Niang a souligné que l’organisation, dans son approche, choisit généralement les régions les plus pauvres. ‘‘ […] A Matam, par exemple, la situation est alarmante. World Vision ne pouvant pas intervenir dans toutes les régions, elle a choisi d’intervenir dans six régions pour le moment”, a-t-il indiqué.

“Maintenant les moyens ne nous permettent plus de faire plus que ça. Certains bailleurs, partenaires de World Vision disent que le Sénégal n’est plus leur priorité, comparé au Burkina Faso, au Soudan du Sud par exemple, a-t-il révélé.

Il a annoncé que 37% des parents soutiennent que leurs enfants n’ont pas la nourriture adéquate pour vivre et grandir normalement et 21% de ces parents affirment que leurs enfants vont au lit sans avoir mangé à leur faim.

“Ce qui m’a beaucoup frappé c’est que si les enfants vont au lit affamés cela veut dire que le reste de la famille, n’en parlons pas et ça c’est alarmant”, affirme-t-il, soulignant que World Vision va utiliser ces enquêtes pour essayer d’avoir un programme de campagne sur les trois ans et même au-delà.

MFD/OID/ASB

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