Vingt cadres africaines formées en cybersécurité maritime à Dakar
Vingt cadres africaines formées en cybersécurité maritime à Dakar

SENEGAL-AFRIQUE-SECURITE-GENRE

Dakar, 14 nov (APS) – Vingt femmes cadres évoluant dans le secteur maritime originaires du Sénégal et de pays de la sous-région ont été formées en cybersécurité maritime grâce à l’appui pédagogique de l’École nationale de cybersécurité à vocation régionale (ENCR) et de l’Institut de sécurité maritime interrégional (ISMI) basé à Abidjan en Côte d’Ivoire, a constaté vendredi l’APS.

Ce stage dédié à la cybersécurité maritime, organisé dans le cadre de SafePort2, un programme visant à renforcer la sécurité portuaire en Afrique de l’Ouest et du Centre, a démarré lundi dernier à l’École nationale d’administration (ENA).

Ce stage est financé par l’Allemagne et piloté par l’Institut des Nations unies pour la formation et la recherche (UNITAR).

”La formation a permis aux participantes d’acquérir des compétences importantes, notamment en gestion de scène de crime cyber, en hygiène numérique, en analyse des risques liés aux infrastructures critiques et en protection des données des réseaux et des systèmes”, a dit le lieutenant de police Mamadou Mbengue, chef de la division planification et performance de l’ENCR, en marge de la cérémonie de clôture du stage.

Il a notamment insisté sur les enjeux stratégiques de cette formation dédiée à la lutte contre la cybercriminalité en milieu maritime destinée à des professionnelles de la sous-région.

‘’Aujourd’hui, les ports embarquent de nombreuses technologies industrielles. Une attaque informatique peut aller jusqu’à paralyser 90% du commerce international‘’, a-t-il dit, soulignant la dépendance critique des économies africaines aux infrastructures maritimes.

Selon lui, l’évolution rapide du secteur maritime, marquée par une interconnexion croissante entre technologies informatiques et systèmes opérationnels, exige un renforcement des capacités des acteurs portuaires face aux risques cyber.

Évoquant les enjeux géopolitiques, le lieutenant Mbengue pense que l’insécurité dans le Sahel ‘’peut désormais atteindre les espaces maritimes‘’, justifiant une préparation renforcée des acteurs de la cybersécurité sur les plans politique, technique et opérationnel.

Il a rappelé à ce propos les cyberattaques ayant visé des ports et des entreprises dans le monde, citant en exemple le cas de l’entreprise de fret Maersk, qui a vu, en 2017, ‘’4 000 de ses serveurs bloqués, affectant 20% du commerce mondial‘’.

Vingt cadres africaines formées en cybersécurité maritime à Dakar

Le chef de la division planification et performance de l’ENCR a ainsi recommandé de protéger les données et les réseaux, au-delà des bâtiments. ”C’est tout l’enjeu des risques immatériels”.

Il a en outre indiqué que les principales menaces identifiées sont liées aux attaques par rançongiciel, un type de logiciel malveillant qui chiffre les données ou bloque l’accès à un appareil, avec demande de rançon pour rétablir l’accès.

‘’Celui qui détient le contrôle des données détient le contrôle de l’économie. Le chiffrement des systèmes peut paralyser entièrement les opérations portuaires‘’, a-t-il souligné.

Face à ces cyber menaces affectant le secteur maritime et portuaire, le lieutenant Mbengue a insisté sur la nécessité d’une plus grande inclusion des femmes dans cette lutte, estimant que la lutte contre la cybercriminalité repose sur une collaboration étroite entre les États.

‘’La cybercriminalité n’a pas de frontières. Les mécanismes de coopération doivent s’étendre au judiciaire, à l’enquête et à la formation. Les pays doivent avoir les mêmes niveaux de formation pour être efficaces‘’, a-t-il déclaré.

Le représentant de l’Institut de sécurité maritime interrégional (ISMI), Bazie Tonny Gael, a exprimé sa satisfaction pour l’organisation de cette formation délocalisée à Dakar, rappelant qu’il s’agit de la cinquième session organisée au Sénégal.

Il a souligné ‘’l’option stratégique‘’ d’une formation féminine, affirmant que ‘’la diversité de genres renforce l’analyse des risques, l’innovation et l’efficacité opérationnelle ‘’.

Il a également soutenu que le contenu pédagogique fourni par l’ENCR ‘’confirme son statut de centre d’excellence régional‘’ en cybersécurité et cybercriminalité.

M. Bazie a en outre relevé que les cyberattaques maritimes, facilitées par l’interconnexion des TIC et des activités portuaires, représentent un risque majeur pour l’économie des États du golfe de Guinée.

AN/AB/ABB