SENEGAL-SANTE-SOCIETE
Dakar, 30 oct (APS) – La microbiologiste Lissa Kana préconise la création d’un fonds continental dédié à la recherche et à l’innovation, afin de renforcer la souveraineté sanitaire du continent et de réduire la dépendance vis-à-vis des financements extérieurs.
“Nous devons disposer d’un fonds pour la recherche et d’un cadre réglementaire permettant aux bailleurs internationaux de soutenir les initiatives africaines. Pour améliorer la santé, nous devons trouver nos propres moyens”, a déclaré Mme Kana.
Elle s’exprimait lors d’un débat intergénérationnel organisé par Speak Up Africa sur le thème : “Une souveraineté sanitaire durable : et si la science rapprochait les générations ?”
Cette activité se tient dans le cadre de la 8e édition du Forum Galien Afrique (28-31 octobre), qui se tient sur le thème “La souveraineté sanitaire, un impératif pour l’Afrique”.
Selon Mme Kana, 83 % des financements consacrés à la recherche et au développement en Afrique proviennent de l’extérieur du continent, une situation qui freine son autonomie scientifique.
“Chaque État membre de l’Union africaine doit consacrer au moins 1 % de son PIB à la recherche. À partir de nos taxes et de nos épargnes, nous devons financer la recherche à travers tout ce qui contribue à nuire à notre santé”, a-t-elle préconisé.
Elle a, par ailleurs, souligné le manque de mentorat dans les structures de recherche et plaidé pour un renforcement des capacités locales.
“Les pôles régionaux de recherche doivent collaborer avec les entrepreneurs innovants. La mobilité intra-africaine doit être développée et les formations rendues hybrides pour former des bâtisseurs”, a-t-elle ajouté.
Pour Serigne Bop, expert en santé publique, le continent doit “passer du stade de projet pilote à celui de l’innovation”.
“Nous ne disons pas que l’Afrique doit se refermer sur elle-même, mais il faut trouver des sources de financement internes. Si nous continuons à dépendre du financement extérieur, nos innovations ne passeront jamais à l’échelle”, a-t-il averti.
Il a invité les acteurs du secteur à travailler avec les États pour définir le cadre des partenariats public-privé (PPP), en vue d’en faciliter la mise en œuvre.
“La technologie nous offre aujourd’hui la possibilité de rattraper notre retard. Elle doit être perçue comme un outil d’investissement pour réduire le fossé”, a-t-il ajouté.
De son côté, Henry Ousmane Gaye, développeur d’une solution numérique sur les données de santé appliquées au ministère de la Santé et de l’Hygiène publique, a estimé que le succès passe par la mise en réseau et la continuité entre générations.
“Le travail de la nouvelle génération consiste à apprendre, écouter et utiliser l’intelligence artificielle pour franchir le pas de l’innovation”, a-t-il dit, regrettant que l’Afrique continue d'”importer la technologie médicale et les médicaments”.
M. Gaye a appelé à inventer une médecine proprement africaine et à faire appel aux philanthropes pour soutenir la recherche.
“Pour chaque dollar investi, les retombées peuvent contribuer à renforcer les besoins des structures sanitaires”, a-t-il conclu.
NSS/SKS/MK

