Une étude décortique les effets de la désinformation en Afrique de l’Ouest
Une étude décortique les effets de la désinformation en Afrique de l’Ouest

SENEGAL-AFRIQUE-SOCIETE

Dakar, 20 (APS) – Le centre pour la démocratie, l’éducation aux médias et le multilinguisme a rendu public, mardi, à Dakar, un rapport sur la perception de la désinformation dans les pays de l’Alliance des Etats du Sahel, faisant ressortir que ce phénomène a pour conséquence l’angoisse, le déplacement massif de populations, et la léthargie de l’économie locale.

La prolifération des fausses informations entraine également dans les pays étudiés une perte de confiance dans les institutions et les médias classiques, selon le rapport du CEDEM présenté dans la capitale sénégalaise.

Des journalistes, universitaires, ainsi que des acteurs de la société civile et un représentant du ministère sénégalais en charge de la Communication ont pris part à cette rencontre.

Selon Lassane Ouédraogo, un des rédacteurs de ce document intitulé “Agir contre la désinformation dans le Liptako-Gourma”, le phénomène nourrit également “les stigmatisations et les conflits intercommunautaires”.

Le Liptako-Gourma est une zone transfrontalière partagée entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger.

Lassane Ouédraogo a aussi rappelé que cette étude, qui s’appuie sur 45 entretiens répartis entre les trois pays, a montré que les domaines les plus touchés par la désinformation concerne la sécurité, les relations avec l’Occident et les questions sanitaires.

Le journaliste et analyste politique Mamadou Sy Albert, faisant officie de modérateur des débats, a insisté sur les dangers relatifs à la “déstabilisation” des médias classiques.

Il a estimé que devant la perte de confiance dans les médias dits traditionnels, “il n’y a pas assurance que l’information qui passe par les autres canaux de diffusion soit professionnelle et certifiée”.

Mamadou Sy Albert a également déploré le fait que des médias sénégalais ne s’intéressent pas très souvent à ce qui se passe dans les pays voisins, préférant se limiter à la capitale et aux questions politiques.

Quand les fakes news favorisent un contexte de terreur

Faisant allusion aux guerres d’influences qui s’exercent sur le continent par l’intermédiaire de puissances étrangères, il a préconisé une meilleure maitrise de l’information par les pays africains.

Gilles Yabi, fondateur et directeur exécutif du think thank WATHI, basé à Dakar, a insisté sur l’éducation et le développement de l’esprit critique, en vue d’arriver à évaluer la vraisemblance d’une information.

Selon lui, le phénomène de la désinformation est par moments entretenu par “la rencontre d’une certaine frustration de l’héritage colonial”.

Il a donné un exemple personnel relatif à certains de ses amis, qui malgré leur niveau d’étude élevé, lui disent qu’ils ne trouvent pas d’intérêt à le voir s’exprimer dans un média occidental catalogué impérialiste.

Il a aussi évoqué la menace “très sérieuse” représentée par les nouvelles technologies de l’information à travers notamment les contenus générés par l’intelligence artificielle.

La qualité de la personne que l’on fait parler est tout aussi déterminante dans la mesure où, fait-il observer, elle permet d’éviter “la propagation d’une fausse information et une mauvaise analyse”.

Le responsable en Afrique de l’Ouest de l’ONG article 19, Alfred Bulakali, a déploré le fait que le phénomène de la désinformation soit souvent une opportunité pour les Etats de s’inscrire dans une “dynamique répressive”, en coupant ou en restreignant l’accès à l’Internet et à la liberté d’expression.

Selon lui, “cette démarche est inefficace”, puisqu’en cherchant à punir les diffuseurs de fausses nouvelles, la sanction tombe sans distinction sur tout le monde, entrainant ainsi des dommages collatéraux sur des domaines comme la télémédecine, le e-commerce et l’éducation.

SMD/BK

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