Dakar, 17 oct (APS) – La chercheure en santé et anthropologue au Centre africain de recherche en population et santé (AHRPC en anglais), Docteure Ramatou Ouédraogo, a souligné mardi à Dakar, la nécessité de mettre en place des programmes communautaires pour réduire les causes de grossesses non planifiées.

« Il nous faut mettre en place des programmes communautaires conçus pour réduire les causes des grossesses non-planifiées, tout en inspirant l’empathie et faisant évoluer les attitudes à l’égard des grossesses prémaritales », a-t-elle notamment plaidé.

La chercheure en santé présentait une étude dénommée « Ethnographie de l’infanticide au Sénégal : expériences et mécanismes de pénalisation » réalisée dans les prisons de Dakar. Cette rencontre a vu la participation des ministères de la Santé, de la Justice, de la Femme.

Au niveau politique, elle a appelé à « une application effective des lois et l’harmonisation avec les textes internationaux comme le protocole de Maputo afin de rendre possible l’accès à l’avortement sécurisée en cas de violences sexuelles »

Cette étude faite par le bureau de Dakar du Centre africain de recherche en population et santé (AHRPC en anglais) découle « d’une première étude sur l’avortement et ses  résultats », a précisé Dr Ouédraogo.

Elle appelle à « des interventions au niveau communautaire et politique afin de modifier les attitudes vis-à-vis de l’éducation complète à la sexualité, des grossesses pré/extra-maritales et de la violence sexuelle, et d’améliorer les cadres juridiques et politiques concernant la gestion des violences sexuelles et l’accès à l’avortement sécurisé », a-t-elle expliqué.

Revenant sur la définition de l’infanticide,  Dr Ouédraogo a affirmé qu’elle « figure parmi les cinq premiers motifs d’incarcération des femmes dans les prisons sénégalaises, soit 22,13% ». Toutefois, a-t-elle soutenu, « la problématique continue de recevoir peu d’attention en termes de recherche scientifique, de cadre politique et programmatique de prévention ».

Cette étude a été  réalisée entre avril 2021 et janvier 2022 dans trois sites de recherche distincts à Dakar : prisons pour femmes, cadres institutionnels (palais de justice, commissariat de police, établissements de santé) et quartiers de Dakar.

« L’ethnographie de l’infanticide au Sénégal : expériences et mécanismes de pénalisation » est un partenariat entre Centre africain de recherche en population et santé et Population council et Ibis reproductive health (institut de recherche en santé de la reproduction basé aux Etats Unis).

 « Les gynécologues, les sages-femmes et les médecins légistes font partie des informateurs clés de cette étude  qui a interrogé 14 femmes dans les prisons et  5 dans la communauté’’, a de son côté indiqué Silor Ndong, socio anthropologue au bureau de Dakar du Centre africain de recherche en santé et population.

En plus des agents de santé, a ajouté Mme Ndong, des juges, des procureurs, des marraines de quartier (Bajenu Gox) ont informé sur l’infanticide dans les prisons de Dakar.

« Les déterminants sociaux des grossesses non désirées montrent que les femmes qui ont été enquêtées ont eu un faible recours aux méthodes contraceptives, une peur du stigma à l’utilisation associée à la contraception et des rapports difficiles avec les soignants », selon elle.

SKS/ASB/OID

 

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