SENEGAL-AFRIQUE-MEDIAS
Dakar, 29 oct (APS) – L’expert ivoirien en droit numérique Yannick Bessou préconise une reprise en main du “spectre des fréquences” par les États africains et les institutions régionales, afin de garantir la souveraineté informationnelle et la sécurité numérique du continent.
“Il est un impératif de procéder à une prise en main du spectre des fréquences par les États africains et les institutions régionales, afin de garantir la souveraineté informationnelle et la sécurité numérique du continent”, a-t-il dit.
Il intervenait lors d’un panel consacré à la régulation et à la modération des plateformes numériques, mardi, dans le cadre du Salon international des médias d’Afrique, qui se tient à Dakar jusqu’au 31 octobre.
Selon Yannick Bessou, le spectre des fréquences constitue la matière première de la sécurité nationale, au même titre que les frontières terrestres et maritimes.
“Aujourd’hui, on ne se bat plus avec les armes, mais avec les médias. Les puissances mondiales l’ont compris et ont construit leur influence à travers le numérique”, a-t-il expliqué.
Il a donné en exemple les politiques européennes telles que le Digital Service Act et le Digital Market Act, des directives visant à encadrer les contenus numériques et les plateformes.
L’expert a regretté “l’absence remarquée” de l’Union africaine et de la Communauté économique des Etas de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) parmi les partenaires du Salon international des médias d’Afrique (SIMA).
Il estime que les organisations régionales doivent élaborer une politique commune de régulation des contenus numériques et renforcer la capacité des États africains à contrôler leurs infrastructures médiatiques.
Yannick Bessou a également invité les gouvernements africains à investir davantage dans le financement des médias publics et privés, à l’image des modèles européens où l’État, dit-il, soutient jusqu’à 85 % du secteur audiovisuel.
“La souveraineté numérique passe par la maîtrise du spectre des fréquences, la transparence dans la propriété des médias et une véritable politique de financement de la communication publique”, a-t-il affirmé.
Le modérateur du panel, Habibou Dia, directeur de la communication au ministère sénégalais de la Communication, des Télécommunications et du Numérique, a salué le plaidoyer de Yannick Bessou.
Il a précisé que la Commission de la CEDEAO et la Rapporteuse spéciale de l’Union africaine sur la liberté d’information avaient été associées aux échanges concernant les préparatifs du SIMA.
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