Un chercheur marocain se propose de traduire et de rééditer ‘’Zuhūr al-basātīn’’, l’œuvre majeure de Cheikh Moussa Kamara
Un chercheur marocain se propose de traduire et de rééditer ‘’Zuhūr al-basātīn’’, l’œuvre majeure de Cheikh Moussa Kamara

SENEGAL-RECHERCHE-EDITION

Ganguel Soulé, 10 sept (APS) – L’universitaire marocain Said Bousmina a annoncé à l’APS, mercredi, avoir entrepris une traduction complète et une réédition du livre de Cheikh Moussa Kamara (1864-1945) intitulé ‘’Florilèges au jardin de l’histoire des Noirs’’ (Zuhūr al-basātīn fi Ta’rīkh ał-Sawādīn, en arabe).

M. Bousmina, chercheur affilié au Centre d’études sur les cultures manuscrites de l’Université de Hambourg (Allemagne), effectue actuellement un séjour à Ganguel Soulé, le village natal de cet auteur arabophone sénégalais, crédité d’une immense œuvre littéraire d’expression arabe.

C’est pour la traduction complète et la réédition du livre de Cheikh Moussa Kamara que l’universitaire marocain vivant en Allemagne séjourne dans ce village situé dans le nord du Sénégal.

Son voyage d’études d’une vingtaine de jours se déroule dans la salle de réunion du Centre de recherche pour la culture et le développement Cheikh-Moussa-Kamara, qui a été inauguré en 2015.

Cheikh Moussa Kamara, anthropologue, historien, sociologue, spécialiste du droit musulman, poète et intellectuel, a permis de bien connaître une importante partie de l’histoire du Sénégal et du royaume du Fouta-Toro.

En 1972, le professeur Amar Samb lui a consacré un chapitre de sa thèse de doctorat intitulée : ‘’Essai sur la contribution du Sénégal à la littérature d’expression arabe’’.

Le livre ‘’Florilèges au jardin de l’histoire des Noirs’’ (près de 500 pages), considéré comme l’ouvrage le plus important de l’historien, a fait l’objet d’une première traduction – du français vers l’arabe -, grâce à des chercheurs koweïtiens.

Mais cette traduction est incomplète, selon la famille de Cheikh Moussa Kamara.

Une ‘’véritable encyclopédie’’

Said Bousmina dit avoir découvert l’œuvre de l’anthropologue, historien et spécialiste du droit musulman en faisant ses recherches doctorales sur la tidjaniya au Sénégal, à travers les écrits de Cheikh Oumar Foutiyou Tall, d’El Hadji Malick Sy et d’autres guides musulmans.

Un chercheur marocain se propose de traduire et de rééditer ‘’Zuhūr al-basātīn’’, l’œuvre majeure de Cheikh Moussa Kamara

Il affirme avoir été sollicité par le Centre national de la recherche scientifique (CNRS), un établissement français, pour participer au projet de traduction et d’édition des manuscrits de Cheikh Moussa Kamara, en raison de son expertise sur les écrits arabo-africains.

‘’Avec une équipe du [CNRS], nous avions entamé une traduction du livre, mais ce travail n’a pas été achevé. Aujourd’hui, je suis à Ganguel Soulé pour reprendre ce chantier à l’aide de manuscrits originaux, afin de le conduire à son terme. À la fin, l’ouvrage sera édité en arabe’’, a déclaré M. Bousmina à l’APS, en présence de Mouhamadou Bachir Kamara, un descendant de Cheikh Moussa Kamara et actuel khalife de sa famille.

Il s’agira, selon le chercheur marocain, de confronter les deux copies de manuscrits disponibles, celle conservée dans la bibliothèque de Cheikh Moussa Kamara, et celle que détient l’Institut fondamental d’Afrique noire Cheikh-Anta-Diop de Dakar, avant toute publication définitive.

La future édition permettra à un large public d’accéder aux écrits de l’historien, assure Said Bousmina.

‘’Nous voulons donner l’opportunité à beaucoup de personnes de connaître l’histoire du Fouta, ses personnages, ses traditions et sa langue’’, a-t-il ajouté, qualifiant le savant sénégalais de ‘’véritable encyclopédie’’.

M. Bousmina annonce aussi un projet de traduction en anglais du même ouvrage.

AT/SMD/ESF