MONDE-ISLAM-DEFIS
Dakar, 6 mai (APS) – Un colloque international consacré aux enjeux intellectuels et aux défis contemporains du monde musulman s’est ouvert mardi à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, à l’initiative du département de langue arabe de cet établissement d’enseignement supérieur.
Le thème général de cette rencontre scientifique porte notamment sur “la pensée islamique entre authenticité et modernité”.
Quelque 27 communications portant sur différents aspects de la question seront délivrées par des chercheurs venus d’Arabie saoudite, du Maroc, de la Mauritanie, de la France et du Soudan, à côté de leurs collègues sénégalais.
Pendant deux jours, les participants vont plancher sur les divergences intra-islamiques comme l’antagonisme entre le soufisme et le salafisme, la dialectique entre religion et sciences modernes.
Le patrimoine musulman et la critique moderne, l’appel du Coran à la réflexion, héritage et modernité dans la pensée islamique contemporaine, figurent également parmi les questions au menu de ce colloque.
Le doyen de la faculté des Lettres et Sciences humaines, le professeur Mamadou Bouna Timéra, venu présider la cérémonie d’ouverture au nom du recteur de l’UCAD, s’est félicité de la tenue de ce colloque qui s’inscrit dans une perspective “d’élargissement des champs d’action de la faculté” qu’il dirige.
Il faisait, notamment, allusion à l’Institut des sciences religieuses nouvellement créé au sein de la faculté des Lettres et Sciences humaines de l’UCAD.
Cet institut offre un “espace épistémologique et un dialogue entre les religions”, a-t-il souligné.
En cela, il dit se réjouir de la tenue de ce colloque qui, dit-il, “a du sens et de la force”, car intervenant dans un “contexte de brouillage des repères et de perte des valeurs”.
Ce phénomène accentué par la montée du populisme et de l’extrémisme religieux est consécutif à une “lecture biaisée des textes”, a fait savoir le professeur Timéra.
–Entre moderniser l’islam et islamiser la modernité–
Le président du comité scientifique du colloque, professeur Amadou Tidiany Diallo, a rappelé que l’organisation de cette édition s’inscrit dans le prolongement d’un symposium organisé il y a deux ans à Dakar, par l’UCAD et l’université moderne de Chinguit (Nouakchott) sur l’héritage spirituel commun entre le Sénégal et la Mauritanie.
“La pertinence du choix du thème s’explique par le fait que de nos jours, l’islam fait beaucoup parler de lui en Afrique, le plus souvent en termes négatifs et, par moments, très loin de son passé paisible sur le continent”, a-t-il relevé.
Ce colloque offre, selon lui, un “excellent prétexte” pour interroger l’islam et la mémoire collective, ainsi que le vivre-ensemble et l’affrontement idéologique.
Il s’agira, selon le directeur de l’école doctorale Arts, Culture Civilisations (ARCIV) affiliée à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, de se pencher sur une dichotomie ancienne, relative à la question : faut-il “moderniser l’islam ou islamiser la modernité”.
Le professeur dit espérer qu’à l’issue de ce colloque de deux jours, “les communications permettront de baliser des pistes de recherches sur les questions doctrinales”.
Intervenant lors du premier panel, le docteur en civilisation arabo-islamique classique, Moustapha Ly, a dressé une perspective historique de cette dualité entre authenticité et modernité dans le monde musulman.
Dans sa communication, il a notamment rappelé l’interprétation du temps des premiers compagnons du prophète.
Le docteur Ly a aussi cité le mécanisme de la comparaison par analogie (qiyas) popularisé dans le droit musulman par Ash-Chafii, tête de file de l’école de pensée éponyme à partir du 9e siècle.
Il a également relevé l’utilisation d’outils philosophiques comme la logique chez Abou Hamid al Ghazali, philosophe et théologien musulman du 12e siècle.
L’universitaire a également évoqué le traitement de concepts nouveaux relatifs à la laïcité, à la question de la femme, à la colonisation et la recherche de profit du point de vue islamique avec des penseurs réformistes du XVIIe siècle.
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