UCAD : un colloque planche sur la vulgarisation des savoirs endogènes
UCAD : un colloque planche sur la vulgarisation des savoirs endogènes

SENEGAL-AFRIQUE-RECHERCHE

Dakar, 29 oct (APS) – Un colloque international consacré aux enjeux et aux défis de la vulgarisation des savoirs endogènes s’est ouvert, mercredi à Dakar, à l’initiative de l’Ecole des bibliothécaires, archivistes et documentalistes de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD), en partenariat avec des institutions universitaires en France.

Le thème central de cette rencontre scientifique porte notamment sur “Savoirs endogènes au prisme des sciences de l’information de la communication : entre territoires et terroirs”.

Quelque 36 communications réparties en neuf sessions, sont attendues lors de cette manifestation intellectuelle qui se poursuit jusqu’au 31 octobre, a révélé le directeur de l’EBAD, le professeur Djibril Diakhaté.

Il rappelle que le comité scientifique avait reçu 63 propositions venant de chercheurs de 11 pays d’Afrique, d’Europe et d’Amérique latine, confirmant “à la fois l’ancrage africain et l’ouverture internationale du colloque”.

“A l’issue du processus d’évaluation, 50 propositions ont été retenues”, a martelé M. Diakhaté, se félicitant de la diversité qui ouvre aussi les voies du dialogue entre le Sud et le Nord.

L’universitaire a déploré le fait que les savoirs locaux en Afrique et dans le Sud global, ont souvent été “relégués au second plan, parfois niés”, faisant allusion à un monde intellectuel encore “marqué par les hiérarchies issues de la colonisation”.

De ce point de vue, il a estimé que les sciences de l’information et de la communication pourraient aider à mieux comprendre “comment les savoirs circulent, se médiatisent, se classifient, se patrimonialisent et comment ils contribuent à la construction des identités collectives”.

UCAD : un colloque planche sur la vulgarisation des savoirs endogènes

”La décolonisation des savoirs est un acte de justice épistémique”

Le professeur Djibril Diakhaté a réaffirmé l’engagement de l’institut universitaire qu’il dirige à se positionner comme “un pôle d’excellence scientifique, un lieu de débat, d’innovation et de perspective sur les transformations de nos métiers et de nos sociétés”, ajoutant que “réhabiliter les savoirs endogènes”, consiste à poser ‘’un acte de justice épistémique”.

Venu représenter le recteur de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, le professeur Mamadou Bouna Timéra s’est félicité de l’organisation de ce colloque qui constitue, ‘’en soi un acte de reconnaissance collective envers les richesses invisibles de nos héritages culturels et territoriaux’’.

Il s’agit, selon lui, d’une invitation à ‘’décoloniser les savoirs’’.

‘’Il est donc temps de sortir [ces savoirs locaux] de l’ombre pour les confronter aux outils analytiques de la science moderne’’, a souligné le Pr Timéra, par ailleurs Doyen de la Faculté des lettres et sciences humaines de l’UCAD.

Il a aussi insisté sur le fait que les savoirs dits endogènes ‘’souffrent d’un déficit de légitimité scientifique et de visibilité’’ dans l’espace public dominé par ‘’les systèmes de pensée et de communication occidentaux’’.

Le professeur Mamadou Bouna Timéra a dit redouter que les savoirs endogènes soient menacés de disparition face à la ‘’standardisation des modèles exogènes’’.

Il en est de même pour le manque de mécanismes d’archivage et de diffusion structurée, a-t-il relevé, appelant à réfléchir sur la manière de valoriser ce type de savoir, ‘’de le documenter, de le diffuser et de l’hybrider avec les technologies modernes’’.

Le doyen de la Faculté des lettres et sciences humaines a indiqué que l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar ‘’porte dans son ADN la mission de réhabiliter, d’analyser et de valoriser les connaissances issues des réalités africaines.

Appelant à envisager ‘’une plateforme panafricaine de capitalisation et de diffusion des savoirs endogènes’’, il a toutefois précisé que l’enjeu n’est pas de rejeter la modernité, ‘’mais de la connecter aux savoirs qui ont permis à nos communautés de survivre et de prospérer des siècles durant’’.

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HK/AMN/SMD/ASB/MTN