Thiès, 23  nov (APS) – Plusieurs structures de l’Etat ont validé mercredi à Thiès un guide de la santé mentale à l’école, fruit de plusieurs mois d’un travail inclusif, initié par l’ONG Enda Jeunesse action, a appris l’APS.

Toutes les directions pédagogiques du ministère de l’Education étaient représentées, au même titre que le ministère de la Justice à travers l’AEMO, à la rencontre de validation de ce module qui devra être introduit dans le système éducatif.

L’atelier organisé par Enda jeunesse action en collaboration, avec le Centre national d’orientation  (CNOSP) s’est tenu dans un hôtel de la capitale du rail.

Le guide de la santé mentale à l’école cherche à booster les résultats scolaires, en prenant en compte l’aspect bien-être de l’enfant.

Selon Aliou Diop, directeur du centre académique de l’orientation (CAOSP) de Thiès qui représentait l’inspecteur d’académie de Thiès et le CNOSP, certains éléments du guide comme l’apprentissage émotionnel, permettent à l’apprenant d’être “équilibré“ et d’être “en pleine possession de ses compétences et ressources“. Pour ce faire, il doit avoir un “état mental, biologique, social normal“.

“Nous devons l’introduire dans notre système (éducatif). On ne peut pas imaginer un système efficient si l’apprenant qui est au centre (…) n’est pas épanoui“, a-t-il relevé.

“Nous de Enda dès la sortie de cette rencontre, nous allons commencer à l’appliquer dans les écoles des 12 départements du Sénégal où nous intervenons“, a dit à l’APS, Mbagnick Birame Ndiaye, coordonnateur de projet à Enda Jeunesse action.

Quant à sa généralisation, dans le système, elle devrait prendre beaucoup plus de temps, a-t-il dit. Des enseignants devront auparavant être formés à ces outils.

Enda a travaillé pendant deux décennies sur l’accès à l’école, en mettant un accent particulier sur le maintien des élèves dans le système éducatif, grâce à des appuis aux parents pour l’achat de fournitures scolaires ou en frais d’inscription, a dit Mbagnick Birame Ndiaye.

Selon lui, l’ONG qui met en œuvre 12 départements du pays un programme dénommé “A l’école en toute sérénité“, a remarqué que malgré tous efforts fournis, les résultats ne sont pas toujours au rendez-vous.

Une réflexion engagée avec les partenaires a alors mis en évidence un “certain mal-être des enfants à l’école“. Un aspect qui a été “négligé, mais qui en réalité a impacté la progression dans les apprentissages“.

Avec des partenaires techniques et financiers et un consultant, Enda a conclu à la nécessité de prendre en compte la santé mentale à l’école.

C’est de là qu’est née l’idée d’élaborer des outils qui permettront aux acteurs de l’éducation, y compris les enfants, d’améliorer leur connaissance sur la question, ainsi que leurs performances à l’école.

Pour Ibrahima Giroux, docteur en psychologie à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, qui est le consultant dans le cadre de cette étude d’un peu moins d’un an, il s’agit de “doter le pays de compétences techniques pour pouvoir prendre en charge les besoins des familles, des enfants et du peuple en matière de bien-être“.

Ce programme devant permettre à notre pays de “se projeter et d’avoir sa place dans le concert des nations“, a-t-il ajouté, non sans souligner que “le bien-être est important pour la créativité technique, artistique et scientifique“.

Dans monde où les pays rivalisent aux plans scientifique et technique, le Sénégal a une “partition à jouer, avec ses 7 millions d’apprenants, a-t-il dit. Cela signifie sept millions de destins à faire, de génies, d’ingénieurs, de personnes épanouies qui vont s’occuper du (pays)“.

Soulignant l’importance de réussir le pari de l’épanouissement intellectuel et scientifique des apprenants du système éducatif sénégalais, il a noté qu’au-delà de l’ “intention“ que le pays a “toujours eu“ de garantir le bonheur de ses enfants, il dispose pour la première fois d’un outil à cet effet.

L’universitaire estime que c’est une bonne santé mentale qui permettra de “gagner les derniers kilomètres de la malnutrition qui, après être passé de 27 à 17¨%, peinent depuis longtemps à descendre en-deçà.

Le guide préconise l’usage de la langue maternelle dans le préscolaire, l’apprentissage dans une langue autre que celle parlée et comprise par  l’enfant étant, selon le psychologue, une “violence institutionnelle“ exercée sur lui.

Ibrahima Giroux a noté que vu la puissance du cerveau humain qui peut établir “3 600 millions de connexions par heure“, “l’échec (scolaire) est si improbable qu’il est un miracle“, car aucun programme scolaire ne doit pouvoir bloquer un enfant.

Toutefois, “la parole inhibitrice, les violences psychologiques peuvent rendre le cerveau vulnérable, comme un petit caillou peut faire gripper une machine“, tout comme des “signaux négatifs“ issus de l’’entourage peuvent faire échouer un enfant, a-t-il dit.

D’où l’importance de prendre en compte les interactions familiales et l’accueil à l’école dans les performances scolaires. Dans ce cadre, il est prévu de former les gardiens, les enseignants, même les vendeuses au sein des écoles, pour créer un sentiment de sécurité chez l’enfant.

Le docteur Giroux conduit déjà une expérience similaire dans le domaine de la santé, dénommée “Poste de soins“ dans une pédiatrie, avec l’implication de toute la chaîne du personnel d’accueil, du vigile au médecin, en passant par la réception et la salle d’attente, où un clown est préposé pour une animation ludique.

L’idée est d’agir sur le bien-être de l’enfant pour espérer plus de chances de guérison.

ADI/MTN

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