Thiès, 22 avr (APS) – L’imam de la mosquée de Moussanté Tafsir Babacar Ndiour de Thiès a insisté samedi dans son sermon de l’Aïd el fitr, sur l’importance de l’entraide, pour une société paisible.

L’imam Ndiour qui dirigeait la prière de Korité, marquant la fin de ramadan, a insisté sur l’importance de l’entraide dans l’islam, qui exhorte les plus riches à aider les pauvres, sans ostentation, et dans le respect de leur dignité.

Il a appelé à ne pas se servir des pauvres comme des ‘’panneaux publicitaires’’, à travers des dons devant les caméras, pour se faire un nom ou avoir du ‘’buzz’’, sur leur dos. Aux personnes démunies, il a conseillé de ne pas se déshonorer devant les plus riches.

‘’Entraidez-vous dans le bien et la piété et ne vous entraidez pas dans le péché et la haine’’’, dit-il citant un verset coranique. ‘’Echangez des cadeaux et vous vous aimerez’’, dit un hadith du prophète Mohamed (PSL).

L’imam a invité les musulmans à mettre leurs biens dans les waqf, des biens immobiliers ou autres dédiés exclusivement aux pauvres, même après leur mort.

Au-delà des besoins fondamentaux que sont la nourriture, les vêtements, tout le reste est superflu, a-t-il dit, faisant remarquer beaucoup ont construit des immeubles qu’ils ont laissés sur terre et qui sont utilisés à d’autres fins. ‘’Nous sommes venus sur terre avec rien et nous y retournerons avec rien, donc que possédons-nous ?’’, s’est-il interrogé.

La thésaurisation de biens au moment où des gens ne parviennent pas à satisfaire les besoins élémentaires est décriée par l’islam, a fait valoir le religieux pour qui, l’entraide est un moyen de ‘’généraliser le bien-être social’’. Il a insisté sur le fait que la diversité en toutes sortes ne doit pas être une source de rupture, mais plus un facteur de complémentarité au sein d’une société.

Fustigeant toutefois l’esprit d’assistanat qui animent certains membres de la société, qui ‘’pensent qu’ils doivent toujours être  aidés’’, il a encouragé les musulmans à se dire qu’ils doivent se hisser vers le haut pour être parmi ceux qui soutiennent les autres.  ‘’C’est de cette manière que la société ira vers le progrès’’, a-t-il dit.

Le religieux a  convoqué la solidarité, socle de la société sénégalaise traditionnelle, qui partait du principe selon lequel l’homme est faible quand il est seul, et que c’est en communauté qu’il devient fort. A Thiès, des pratiques telles que le ‘’bol du visiteur’’, le ‘’bol du vieux’’ étaient inscrites dans cette optique de solidarité.

La famille gardait souvent un plat réservé au visiteur imprévu et les différents ménages du quartier, en signe de respect, envoyaient des plats aux personnes âgées, qui les redistribuaient à des nécessiteux ou à des voyageurs, raconte-t-il. Il y avait même une chambre réservée à l’étranger en détresse, une pratique abandonnée en raison des transformations qu’a subies la société.

L’imam a mis en garde contre la corruption, l’escroquerie, les détournements de deniers publics, le mensonge devenu un fléau, à travers la flatterie encouragée dans les médias.  Les jeux de hasard sous leurs diverses formes, qui sont interdits par l’islam ont été aussi décriés.

Tafsir Babacar Ndiour a, par ailleurs, invité les autorités à ‘’sécuriser’’ les espaces verts dans prévus dans le nouveau lotissement 450 hectares aménagés pour abriter 26.000 parcelles près de Thiès, afin qu’ils ne connaissent pas le même sort que dans d’autres quartiers.

Le religieux n’a pas manqué de se prononcer sur la situation politique du pays, qu’il reproche aux seuls acteurs politiques. ‘’Veulent-ils essayer l’absence de paix ?’’, s’est-il demandé, avant d’avertir qu’une telle situation n’arrange personne.

L’imam qui avait parmi son auditoire des personnalités politiques, dont le président du conseil économique, social et environnemental (CESE), Idrissa Seck, le ministre des Sports Yankhoba Diattara, le DG de l’AIBD Abdoulaye Dièye,  venus prier dans sa mosquée, a évoqué les images de personnes fuyant avec famille et bagages,  des morts, les femmes violées, les gens dépouillés de leurs biens. Dans les pays en conflit, même ceux qui ont déclenché les hostilités, ne peuvent même plus se déplacer, a-t-il dit.

Il a rappelé aux journalistes leur rôle d’information, de formation et d’éducation, à l’image des premiers générations de journalistes ‘’très responsables’’ qu’a connues le pays, les invitant à ne pas céder aux tentations du scoop à tout prix.

‘’Quand tout le monde est journalistes, les dérives s’installent et sont sources de tension et de conflit’’, a-t-il toutefois noté, appelant les autorités à mettre un terme à cette situation.  L’imam Ndiour a enfin  prié pour la paix dans le pays.

Idrissa Seck a, au terme de la prière, dit adhérer au sermon de l’imam, invoquant l’adage wolof selon lequel, ‘’quand on perd la paix, on dépensera tous ses biens pour la retrouver sans être sûr de la retrouver’’.  Selon lui, ses retrouvailles avec le chef de l’Etat Macky Sall s’inscrivaient dans cette optique.

ADI/OID

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