Thiaroye 44 : chronologie d’un massacre prémédité
Thiaroye 44 : chronologie d’un massacre prémédité

SENEGAL-AFRIQUE-HISTOIRE-ENCADRE2

Dakar, 30 nov (APS) – Le 1er décembre 1944, des ‘’tirailleurs sénégalais’’ démobilisés et renvoyés en Afrique après la Seconde Guerre mondiale sont tués par l’armée française.

Ils réclamaient le paiement de leurs indemnités et le versement du pécule qui leur était promis depuis des mois par les autorités politiques et militaires de la France.

En novembre 1944, selon des données officielles, 1 280 soldats issus des territoires de l’Afrique-Occidentale française — intégrés dans les ‘’tirailleurs sénégalais’’ — sont regroupés dans le camp de Thiaroye, à une quinzaine de kilomètres de Dakar.

Ces tirailleurs viennent des colonies de la Côte d’Ivoire, du Dahomey (actuel Bénin), du Gabon, de la Haute-Volta (actuel Burkina Faso), de l’Oubangui-Chari (le Tchad et la Centrafrique actuels), du Sénégal, du Soudan français (actuel Mali), du Niger et du Togo.

Pour accélérer leur retour en Afrique après la libération de la France, les autorités promettent de leur payer leur solde à leur arrivée à Dakar.

Arrivés au Sénégal le 21 novembre 1944, ils sont installés en tant qu’anciens combattants dans un camp militaire, à Thiaroye.

Les soldats poursuivent la procédure pour obtenir le paiement de leurs indemnités et le versement du pécule, qui couvrent quatre ans (1940-44), le temps qu’a duré leur séjour en prison.

Sur leur insistance, le commandant leur donne rendez-vous sur la place d’armes. Le 1er décembre 1944, à l’aube, ils sont réveillés au clairon. Le haut commandement leur demande de se rassembler sur l’esplanade du camp. Là, ils s’aperçoivent que le camp est complètement encerclé par divers régiments.

Le haut commandement de l’armée française fait alors ouvrir le feu sur des centaines de soldats démobilisés.

Encore aujourd’hui, il y a des divergences sur le nombre de morts dans ce massacre. Si deux rapports officiels parlent respectivement de 35 et 70 morts, certains historiens considèrent que le bilan pourrait atteindre plusieurs centaines d’hommes tombés sous les balles de leurs collègues.

L’historien sénégalais Mbaye Guèye dénombre 191 tués. Aucune de ces hypothèses ne peut encore être étayée sérieusement, parce que toutes les archives militaires françaises n’ont pas été ouvertes.

ADC/BK/ESF