SENEGAL-ENVIRONNEMENT-REPORTAGE
Du correspondant de l’APS, Abdoulaye Diallo
Tambacounda, 17 juil (APS) – Les habitants de Tambacounda, installés le long du Mamacounda, vivent des moments difficiles après que ce cours d’eau temporaire est sorti de son lit pour envahir des maisons dans la journée du lundi 14 juillet, à la suite d’une forte pluie, a constaté l’APS.
En cette journée de mercredi, il est 17h passées. Au quartier Pont, les activités ont repris timidement, trois jours après le débordement de ce cours d’eau qui traverse cette ville du Sénégal oriental.
Sur cette partie du quartier sur les berges du Mamacounda, Mariama et Bineta, deux ménagères vivant dans une maison sinistrée, s’apprêtent à préparer le dîner en dépit de l’état alarmant de leur habitation.
Dans cette maison en banco, les stigmates des inondations causées par le débordement du cours d’eau du Mamacounda sont visibles.
‘’Nous avons été surpris par les eaux. En l’espace de quelques minutes, toute la maison a été envahie. On était impuissant, on ne pouvait rien faire face à cette situation, on a perdu tous nos bagages”, raconte Bineta, une des quatre femmes qui vivent dans cette concession familiale.
“Nous sommes une grande famille avec beaucoup d’enfants. Aujourd’hui, nous avons besoin surtout de ciment et de béton pour réhabiliter notre maison, faute de quoi elle ne pourra pas tenir jusqu’à la fin de l’hivernage ‘’, alerte quant à elle Mariama.
Au quartier Abattoirs, plusieurs maisons situées également sur le long du Mamacounda, ont été touchées par le débordement de ses eaux.
Chez les Keita, une grande famille du quartier, les occupants ont été surpris par la furie des eaux.
Le sous-dimensionnement du pont Saraba à l’origine de la crue du Mamacounda
‘’L’eau a brusquement envahi notre maison, nous avons enregistré beaucoup de dégâts. Heureusement pour nous, il n’y a ni blessés ni pertes en vies humaines, mais nous avons enregistré beaucoup de pertes matérielles. Le jour des faits, personne n’a passé la nuit dans cette maison. Nous avons tous cherché refuge chez nos voisins’’, affirme Abibou Keita, un membre de la famille.
‘’Au quartier Abattoirs, notre problème est lié au sous-dimensionnement du pont Saraba [qui se trouve sur la route nationale n⁰ 7 et au carrefour des quartiers Pont, abattoirs, Dépôt et Médina Coura]. Nous demandons vraiment aux autorités de prendre toutes les mesures nécessaires pour régler ce problème’’, lance-t-il.
Au quartier Dépôt, Coura Diop, une mère de famille, vit depuis 2001 sur les berges du Mamacounda. A l’instar des autres habitants des maisons riveraines, elle a été durement touchée par les inondations.
Trois jours après le passage de la crue, Coura Diop, le visage attristé par cet événement imprévu, vit surtout avec la peur de voir les murs de sa maison s’effondrer.
“Heureusement, la configuration des quartiers de Tambacounda facilite le ruissellement naturel des eaux”
‘’Toute la maison est sous les eaux, après le passage de la crue. Nous avons besoin de ciment et de béton, car je crains que notre maison ne puisse tenir à l’arrivée d’une autre crue’’, confie-t-elle.
A l’image de Coura Diop, Khadiatou Cissé a décidé de quitter son domicile après le passage de la crue. Elle dit avoir sollicité le maire et les autorités administratives pour disposer de quelques salles de classe.
‘’L’eau nous arrivait à la poitrine, nous avons perdu tous nos bagages. Depuis lundi, on se débrouille, mais j’avoue que c’est très difficile. On a sollicité l’école située à côté. Pour le moment, on attend l’autorisation des autorités’’, affirme-t-elle.
‘’Nous demandons aux autorités et aux bonnes volontés de nous venir en aide. J’ai une famille de 12 membres, on a perdu beaucoup de bagages y compris les documents de mes enfants”, se plaint-elle.
Ousmane Lo est le commandant du groupement d’incendie et de secours de la Zone n⁰ 6, qui couvre les régions de Kédougou et Tambacounda.
D’après lui, la ville de Tambacounda a enregistré des précipitations de plus de 100 mm, engendrant des inondations dans plusieurs quartiers situés sur le lit du Mamacounda, à une hauteur de 1m voir 1m50.
‘’Heureusement, la configuration des quartiers de la ville de Tambacounda permet le ruissellement naturel de l’eau vers l’aval. Il n’y a pas de poches qui retiennent les eaux, ce qui fait que deux ou trois heures après la pluie, il n’y avait aucune goutte d’eau au niveau des quartiers. D’ailleurs, en tant que sapeurs-pompiers, nous n’avons effectué aucune opération d’épuisement”, explique-t-il.
La voie des eaux obstruée par des déchets
‘’Ce qui a engendré cette crue, c’est d’abord le sous-dimensionnement du pont de Saraba. Ce qui fait qu’à chaque fois qu’il y a de fortes pluies et que le débit qui vient ne passe pas, il y aura forcément un temps de latence. C’est ce temps latence qui fait que les eaux vont déborder vers le lit majeur de Mamacounda’’, a-t-il analysé.
Abdoulaye Déthié Faye est le délégué régional du pôle Est de la SONAGED, lequel regroupe les régions de Tambacounda et de Kédougou. Selon lui, le débordement des eaux du Mamacounda est dû également à des l’obstruction des voies de ruissellement par des déchets verts.
‘’Quand les éleveurs transhumants viennent à Tambacounda, ils coupent des arbres pour nourrir leur bétail. Mais dès qu’ils finissent, les branchages sont laissés sur le lit du Mamacounda, ce qui peut causer les obstructions des voies de ruissellement, parce que nous avons retrouvé beaucoup de branches au niveau des principales voies des eaux’’, fait-il observer.
‘’La population riveraine aussi fait la même chose. Dès qu’elle a des déchets verts, le premier réflexe, c’est le Mamacounda, ce qui peut obstruer les voies de ruissellement des eaux’’, déplore-t-il.
ABD/HB/ASB/ASG