SENEGAL-SANTE-EVALUATION
Thiès, 28 mars (APS) – Le Sénégal est appelé à relever, dans les années à venir, plusieurs “défis” dans le domaine de la santé, dont celui d’une répartition territoriale “plus équitable” de ses ressources humaines, soutient le directeur de la planification, de la recherche et des statistiques au ministère de la Santé et de l’Action sociale, le docteur Babacar Guèye.
En dépit des améliorations notées ces dernières années dans la qualité de ses personnels de santé, les ressources humaines restent concentrées dans quatre régions du pays, a-t-il relevé.
Il présidait, jeudi à Thiès, la cérémonie de clôture d’une évaluation à mi-parcours du Programme national de développement sanitaire et social (PNDSS), une initiative décennale du gouvernement du Sénégal couvrant la période 2019-2028.
Des représentants de l’OMS avaient pris part à cet exercice qui s’est déroulé du lundi au jeudi.
“Nous avons une amélioration des ressources humaines dans le pays, tant au niveau des spécialistes que des médecins généralistes et des paramédicaux, en l’occurrence les sage-femmes et les infirmiers”, a souligné docteur Babacar Guèye.
Il a noté, par contre, une concentration de ces ressources humaines dans quelques régions du pays.
“C’est vrai qu’il y a des efforts qui ont été faits, mais à l’analyse, nous voyons que ces ressources humaines sont concentrées dans quatre régions : Thiès, Dakar, Diourbel et Ziguinchor”, a-t-il dit.
Sur cette base, “il est important de pouvoir, dans les années à venir, veiller à une répartition plus équitable de ces ressources humaines”.
En plus des ressources humaines, a ajouté Babacar Guèye, le Sénégal a fait “beaucoup d’efforts dans le domaine des infrastructures et des équipements, tant au niveau de la base que des infrastructures de référence”.
Il a évoqué la construction, ces cinq dernières années, d’au moins “cinq nouveaux hôpitaux”, des investissements coïncidant avec la première phase de mise en œuvre du PNDSS, le Plan national de développement sanitaire et social du Sénégal.
Des réalisations qu’il juge “très importantes”, auxquelles se sont ajoutées de nouveaux services de santé de base, notamment des centres de santé, des postes de santé.
Le Sénégal a aussi progressé en matière d’équipements médicaux. Par exemple, pour la prise en charge des maladies chroniques non transmissibles comme l’insuffisance rénale, le Sénégal ne disposait que de deux centres de dialyse à Dakar et à Saint-Louis.
“Aujourd’hui, a signalé Babacar Guèye, on peut se satisfaire de l’existence dans toutes les (14) régions du pays d’un centre de dialyse”. Ce qui implique une “amélioration de l’offre”.
Le pays a aussi amélioré ses équipements sanitaires, permettant ainsi, par exemple, de dépasser les difficultés notées en matière de radiothérapie, en 2017-2018, quand l’unique appareil dont disposait le système de santé, était tombé en panne.
Le défi de la souveraineté pharmaceutique
“Après cet épisode, le Sénégal dispose maintenant d’au moins trois accélérateurs linéaires dans le pays, dont un qui est à l’intérieur du pays, plus précisément dans la région de Diourbel”, renseigne le directeur de la planification, de la recherche et des statistiques au ministère de la Santé et de l’Action sociale.
“Nous avons aussi décentralisé la chimiothérapie pour les cancers”, s’est félicité l’ancien directeur de la lutte contre la maladie.
Concernant l’accès aux produits pharmaceutiques, relève-t-il, le Sénégal a aussi fait “beaucoup d’efforts en matière de disponibilité des médicaments, avec un taux qui avoisine les 90%”.
Il note toutefois que “80% des médicaments consommés au Sénégal proviennent de l’extérieur”.
Ce qui lui fait dire que la relance de l’industrie pharmaceutique locale est “un gros défi” que le pays devra relever, afin d’atteindre une souveraineté pharmaceutique, conformément aux orientations des plus hautes autorités.
Le docteur Guèye a évoqué quelques réformes mises en œuvre pendant la première phase du PNDSS, dont celle relative à la gestion des médicaments et à la création de l’Agence de réglementation pharmaceutique (ARP), qui a atteint un “niveau de maturité 3, certifié par l’OMS”, l’Organisation mondiale de la Santé.
Cette certification “permettra d’accélérer le processus pour aller vers la souveraineté pharmaceutique”.
La Pharmacie nationale d’approvisionnement (SEN-PNA) a connu, dans le même temps, une “mutation très importante”, passant d’établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) à société nationale.
Concernant l’organisation du système national de santé, il a cité la création de directions régionales de la santé et de directions régionales de l’action sociale.
Des efforts en matière de mobilisation de ressources domestiques
Une autre réforme de taille a été la création au ministère de la Santé et de l’Action sociale, d’une cellule qui s’occupe de santé primaire, suite à l’orientation de l’OMS, demandant aux pays de renforcer les soins de santé primaires pour atteindre la couverture sanitaire universelle.
Le Sénégal a de même fait “beaucoup d’efforts” en matière de mobilisation de ressources domestiques, une exigence encore plus nécessaire eu égard au contexte de “volatilité des ressources externes”, selon docteur Guèye.
S’agissant de la Déclaration d’Abuja qui recommande aux États signataires d’allouer à la santé 15% de leur budget national, il a renseigné que le Sénégal a atteint un taux d’allocation de 9,4%.
“C’est un défi important de progresser vers l’atteinte de ces 15% et de mobiliser le secteur privé et les collectivités territoriales dans le financement de la santé”, a-t-il commenté.
En matière de protection sociale, il a indiqué que le Sénégal a atteint désormais un taux de couverture sanitaire universelle de l’ordre de 53,6%.
Il souligne qu’avec la mise en place de l’Agence de la couverture sanitaire universelle (SEN-CSU), l’Etat est en train de faire des efforts, ajoutant qu’au niveau local, des mutuelles sont en train d’être organisées en unions départementales d’assurance maladie.
Dans la prise en compte de la vulnérabilité relative à la gestion du handicap, le Sénégal a pris plusieurs initiatives, dont la carte d’égalité des chances, a encore fait valoir M. Guèye.
Il renseigne que depuis le début, “près de 80.000 cartes ont été distribuées” et devraient permettre aux personnes handicapées de bénéficier d’avantages, en termes de santé, de transport, de formation, etc.
Le défi est que les bénéficiaires accèdent effectivement à l’ensemble de ces avantages, à travers la carte d’égalité des chances, a-t-il martelé.
Dans les années à venir, il va falloir prendre les décrets d’application de la loi d’orientation sociale, pour permettre aux personnes handicapées de jouir pleinement de cette carte d’égalité des chances, selon le docteur Babacar Guèye.
La liste des performances et défis n’est pas exhaustive, a-t-il précisé, notant qu’une évaluation devrait permettre d’identifier tous les défis et de les aligner à la lettre de politique sectorielle.
ADI/BK/FKS/SMD