Dakar, 31 mai (APS) – Le professeur Coudy Kane, spécialiste de la littérature africaine, appelle à bâtir “une mémoire littéraire africaine”, un objectif dont la réalisation implique de “sortir de la bibliothèque coloniale” en ce 21è siècle.“Au 21ème siècle, sortir de la bibliothèque coloniale reste une condition sine qua non pour bâtir une mémoire littéraire africaine”, a-t-elle déclaré.Elle prononçait la leçon inaugurale prononcée de la troisième édition du Festival international de la littérature de Dakar (FILID), mercredi, à l’hôtel de ville de Dakar.Axé sur le thème ”Le livre, mémoire des civilisations”, ce festival de quatre jours (29 mai, 1er juin), a enregistré la participation de plusieurs acteurs du monde de la littérature venus d’Afrique et d’ailleurs.“S’inspirer de nos archives historiques et culturelles est un pas nécessaire pour sortir des représentations que le passé colonial a laissées comme empreinte, des impressions falsifiées qui ne servaient que la cause occidentale”, a-t-elle dit.Selon le professeur Kane, les conditions de réappropriation de la littérature africaine passent par plusieurs facteurs, qui concernent l’éducation, la langue, la recherche scientifique, etc.“[…] il est important ici, de souligner le travail de Boubacar Boris Diop, écrivain sénégalais, qui a publié des récits en langue wolof, pour remettre au centre l’imaginaire du langage comme source de création”, a-t-elle ajouté.A en croire le professeur Kane, cette incursion linguistique reste une signature “importante” du patrimoine sénégalais, laquelle permet de graver durablement le sens de l’écrit dans un ensemble qui forme la collection littéraire.Parlant de la recherche scientifique, elle a rappelé qu’explorer les témoignages littéraires des africains demeure une phase significative de la reconquête de l’histoire du continent.Coudy Kane souligne que la longue histoire du livre, “médium patrimonial et littéraire”, demeure une “expression immortelle” des civilisations se transmettant de siècle en siècle.“Le thème sur le livre, mémoire des civilisations, nous invite à réfléchir au rôle essentiel de ce dernier, dans la préservation et la transmission de nos mémoires collectives”, a de son côté souligné le directeur du FILID, Abdoulaye Fodé Ndione.Il indique que le livre reste un trésor inestimable renfermant la sagesse des générations passées, les fruits de l’imagination et de la créativité humaine.“[…] il est gardien de nos histoires, de nos identités et de nos valeurs. C’est à travers le livre que nous voyageons dans le temps et dans l’espace, que nous découvrons d’autres horizons, d’autres cultures, etc.”, a-t-il précisé.Le représentant de l’Association des écrivains du Sénégal, Seydou Sow, a pour sa part souligné l’importance de voir le livre retrouver sa place en Afrique, pour participer au développement des mentalités et à l’épanouissement des peuples.“Il est temps pour nous autres peuples africains, de redonner au livre toute la place qu’elle mérite au sein de nos habitudes, populations, foyers”, a-t-il ajouté.AMN/FKS/ASG
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