Thiès, 25 avr (APS) – Le ministre de l’Hydraulique Serigne Mbaye Thiam a insisté mardi sur le caractère irréversible de la réforme de l’hydraulique rurale, qui, dans bon nombre de localités de la région de Thiès, bute sur une forte réticence des populations rurales qui s’opposent à la délégation de l’exploitation et de la gestion à des privés. ‘’Nous avons conclu que la réforme était irréversible et devait se poursuivre, mais la communication (…) devait être intensifiée et renforcée, pour que tous les acteurs puissent avoir la bonne information et être des soutiens à la réforme’’, a notamment dit M. Thiam, après avoir présidé un comité régional de développement (CRD) spécial sur l’hydraulique rurale, à la chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Thiès. ‘’De façon générale, a-t-il noté, la réforme a été saluée comme une solution qui peut permettre d’améliorer l’alimentation en eau potable des populations’’, malgré quelques ‘’récriminations’’ d’associations d’usagers de forages ruraux (ASUFOR). Il a prévenu qu’il n’était plus possible de ‘’revenir en arrière par rapport à cette réforme, parce qu’on l’a engagée et des gens ont gagné le marché’’. Il estime que revenir sur cette réforme, avec le contentieux que cela entrainerait, coûterait plus cher que le montant à injecter pour la mener à son terme. Cette rencontre visait à évaluer l’état de mise en œuvre de la réforme de l’hydraulique rurale qui enregistre un faible taux d’adhésion dans la région de Thiès. Les participants – maires, députés, représentants de conducteurs de forage, d’associations d’usagers de forage (ASUFOR), des consommateurs – ont aussi diagnostiqué les problèmes et esquissé des pistes de solution. Lancée en 2014, la réforme de l’hydraulique rurale a confié la gestion, la maintenance et l’exploitation des forages ruraux à des privés, contrôlés par l’Office des forages ruraux (OFOR), entité de l’Etat, qui s’occupe surtout des infrastructures. Auparavant, ce sont des associations d’usagers de forage (ASUFOR), dont les membres étaient élus de manière démocratique, qui s’occupaient de la gestion des forages ruraux. Dans la région de Thiès, où Aquatech a été choisi comme délégataire de service public de gestion de l’eau, cette réforme n’a pas été acceptée dans la plupart des localités. Sur 137 forages, 59 ont été effectivement délégués à Aquatech, mais 15 d’entre eux ont été encore repris en main par les populations, selon le directeur général d’Aquatech, Ansou Niabaly. Les protestataires déplorent souvent une augmentation du prix de l’eau constatée avec l’arrivée du privé, ainsi qu’une détérioration de la qualité de service, comparé à la situation précédente. Le ministre de l’Hydraulique a invité Aquatech à une ‘’opération coup de poing, pour que les populations sentent une amélioration’’ du service. Il a invité la Senelec à l’accompagner dans cette dynamique. Senelec réclame aux nouveaux gestionnaires le règlement des factures d’électricité impayées laissées par les anciennes ASUFOR, ce que les délégataires ne peuvent supporter. Les coupures d’électricité qui s’ensuivent compliquent la situation et se répercutent sur l’image de la réforme, a-t-il dit, annonçant qu’il posera le problème au niveau du gouvernement. Si l’intégration des forages dans la réforme n’est pas bien faite, la réforme risque de tomber à l’eau dans la région, a averti le ministre qui a invité le délégataire à y aller ‘’progressivement’’ et à ne pas prendre d’un coup plus qu’il ne pourra gérer. Il a invité les populations qui sont réticentes à adhérer et à donner du temps à la réforme qui, comme tout changement, est difficile à ses débuts. Il a évoqué la situation dans d’autres régions du pays où les contestations enregistrées au démarrage, se sont estompées avec la stabilisation de la qualité de service. Serigne Mbaye Thiam a aussi dit compter sur les autorités administratives, qui pourraient être appelées si nécessaire à recourir à la ‘’force publique’’, invitant aussi les maires à sensibiliser les populations dans ce sens. Les factures impayées dues au délégataire de service sont évaluées à 650 millions de FCFA, a-t-il dit Lors de cette rencontre, il a loué les efforts du gouvernement en termes de maillage du territoire en infrastructures hydraulique. Le Sénégal a atteint 96% de taux d’accès à l’eau, contre 30% dans la sous-région, a-t-il relevé, ajoutant que le pays doit maintenant travailler à la ‘’sécurité de l’accès à l’eau’’, qui passe par une interconnexion des réseaux de certains forages pour qu’en cas de panne, l’un puisse relayer l’autre. Le gouvernement a dégagé une enveloppe de 22 milliards de FCFA pour financer un programme de branchements sociaux, a-t-il dit, relevant que c’était l’une des principales doléances lors de ce CRD. La solarisation des forages ruraux, en cours, est ‘’très avancée’’ dans la région de Kaffrine, a-t-il dit. Selon lui, il est prévu une rencontre de partage de l’évaluation des résultats de la réforme. ADI/ASG
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