SENEGAL-RELIGION-REPORTAGE
Dakar, 5 mars (APS) – Durant le mois de ramadan, les femmes, jeunes et moins jeunes, adoptent un port vestimentaire décent et sobre, suivant les recommandations religieuses en matière d’habillement, a constaté l’APS dans plusieurs lieux de la capitale sénégalaise et de sa banlieue.
Un tour dans Dakar et sa banlieue permet de constater que la gent féminine, a, en majorité, troqué perruques, jeans, robes et autres tenues moulantes et décolletées, contre abayas, djellabas et port du voile et du foulard.
Dans une ligne de transport public reliant la cité APIX, dans la banlieue, à la cité universitaire Aline Sitoe Diatta, impossible d’apercevoir ne serait-ce qu’une mèche de cheveux ‘’naturels’’ ou artificiels déborder de la tête des femmes et filles qui y ont pris place.
Elles les ont cachés, soit sous un foulard ou carrément laissés à la maison, dans un tiroir, pour trente jours.
En ce mois de jeûne, les musulmanes préfèrent adopter un style moins tape-à-l’œil afin de vivre, dans la ferveur, ce moment de dévotion.
Dans le coin gauche de la dernière rangée du bus, une jeune femme drapée d’une djellaba de couleur vert Véronèse, voile blanc à rayures beiges sur la tête est assise tranquille. A la question de savoir s’il s’agit de son port vestimentaire habituel, elle répond que ‘’ce style est plus en phase avec l’esprit de ce mois sacré’’ de ramadan.
Un sentiment corroboré par une piétonne trouvée non loin d’une station d’essence à Keur Massar pour qui, en ‘’bonne musulmane, il est important de ne laisser apparaitre aucune partie du corps susceptible de distraire le sexe opposé’’. ‘’Cela constitue un péché énorme passible de châtiment ‘’, ajoute-t-elle, disant avoir entendu cela des prêcheurs.
Les adolescentes aussi s’en mêlent
Gérante d’un salon de coiffure, Mami Sène, également tient à se plier à cette tendance vestimentaire qui oblige les femmes à se couvrir entièrement le corps, tout le temps et pas seulement durant le ramadan. Elle considère que porter une longue tunique est un impératif, encore plus en cette période.
‘’Cela facilite l’accomplissement des prières quotidiennes et nous motive continuellement. Je compte m’habiller de la sorte, ne serait-ce que la durée du mois béni’’, lance-t-elle.
Dans la ruelle contigüe au CEM de l’unité 6 des Parcelles assainies de Jaxaay, un groupe de jeunes écoliers révisent, après les cours de la matinée.
Parmi elles, Saly, une adolescente vêtue d’un kimono en satin blanc, la tête coiffée d’un voile en fleurette. ‘’Ceci est mon style de tous les jours. Je me voile et m’habille décemment avec ou sans ramadan’’, assure-t-elle en rappelant que les bonnes valeurs, religieuses notamment, doivent être incarnées en tout temps et en tout lieu.
Le bonheur des uns fait le malheur des autres
Quant à Rama Ndiaye, employée d’une boutique de vêtements prêt-à-porter, ‘’le caractère circonstanciel de ce type d’habillement n’est pas un motif pour dépeindre négativement celles qui ont opté pour. Pour l’heure, vouons au Ramadan la sacralité qui lui revient, le reste découlera des choix de chacun’’, soutient-elle.
Cependant, cette préférence des femmes pour un habilement conforme aux prescriptions islamiques fait l’affaire des vendeurs, qui constatent une nette augmentation de leur chiffre d’affaires en ce début du mois de ramadan.
‘’Le mois de ramadan a à peine débuté mais les ventes s’accélèrent. Nous avons des articles pour toutes les tranches d’âge et beaucoup de femmes veulent se procurer des tenues couvrant leur corps’’, constate Omar Ndiaye, commerçant au marché de Keur Massar, dont la boutique, spécialisée dans la vente de hijabs, djellabas et autres abayas, refuse du monde actuellement. Dans sa boutique, c’est le brouhaha. Les femmes entrent et sortent pour se procurer soit un hijab ou un djellaba.
A l’opposé, les commerçants du prêt-à-porter pour femmes, se tournent presque les pouces, en l’absence d’acheteuses qui préfèrent les longues tuniques, pour être dans l’air du temps. Comme quoi, le bonheur des uns fait le malheur des autres.
KM/ABB/SKS/AKS/OID