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Dakar, 30 sept (APS) – La prise en charge sanitaire des personnes âgées, impliquant parfois des services de réadaptation, des soins palliatifs ou à domicile, pâtit au Sénégal de certaines insuffisances se traduisant parfois par des soins loin d’être optimaux, analyse le gériatre-gérontologue Massamba Ba.
Les difficultés de la prise en charge sanitaire des personnes âgées au Sénégal restent liées notamment “à l’insuffisance des structures sanitaires, avec une filière gériatrique qui ne permet pas une prise en charge optimale”, a déclaré le spécialiste dans un entretien avec l’APS.
Il ajoute que les services médicaux de réadaptation et ceux de soins palliatifs sont aussi “quasi-inexistants, alors que les services de soins à domicile sont encore balbutiants. Ce qui fait que les personnes âgées sont encore prises en charge dans des structures non gériatriques inadaptées ne prenant pas en compte toute leur spécificité”.
Le docteur Ba répondait à une question sur les limites de la prise en charge en gériatrie au Sénégal, en lien avec la Journée internationale des personnes âgées, commémorée le 1er octobre de chaque année.
Selon lui, la spécificité de la prise en charge sanitaire des personnes âgées, en termes de perte d’autonomie ou en besoin de soins palliatifs, ne correspond aux services d’aucune structure d’accueil du pays, “laissant les familles dans le désarroi”.
Il s’y ajoute que l’insuffisance du système de protection sociale rend “difficile” l’accès aux soins, étant entendu que les personnes âgées, dans leur grande majorité – l’on parle de 70% –, sont sans retraite, alors que l’appui apporté par le Plan Sésame, destiné à la couverture sanitaire des personnes du troisième âge, “reste insuffisant”.
Le chef de la clinique du service gériatrie du centre national hospitalier national universitaire de Fann (CHNU) rappelle qu’au Sénégal, “seuls 30% des personnes âgées disposent d’une retraite et sont affiliés au Fonds national de retraite (FNR) ou à l’Institut de prévoyance retraite du Sénégal (IPRES)”.
“Les 70% restants bénéficient normalement des faveurs du plan Sésame maintenant inclus dans la couverture médicale universelle. Mais ce plan connait beaucoup d’insuffisances liées essentiellement à la faiblesse de son financement”, relève le spécialiste.
Or, fait valoir le gériatre-gérontologue, la spécificité de la prise en charge des personnes âgées tient à son approche “globale” incluant le médical, le psychologique et le social.
Il pointe, en citant l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), une faible intégration de la gériatrie dans les systèmes sanitaires en Afrique, ce qui se traduit par des services de santé insuffisants et inadaptés, le personnel qualifié étant souvent déficitaire.
“Le Sénégal n’échappe pas à cette règle”, insiste-t-il, en reconnaissant toutefois que “d’importants efforts ont été faits dans le domaine sanitaire”.
A titre illustratif, il a évoqué les centres gériatriques de l’IPRES à Bel-Air et Pikine, celui de Ouakam, le service hospitalo-universitaire de gériatrie de Fann, placée sous la direction du professeur Mamadou Coumé, qu’il présente comme une référence en termes de prise en charge, en plus du centre gériatrique de Thiès, mis en service en 2023.
“Vous noterez que l’essentiel de ces structures sont concentrées à Dakar et aussi, elles restent insuffisantes avec une filière incomplète”, notamment concernant les soins de réadaptation, les soins palliatifs et à domicile, une situation “ne permettant pas une prise en charge globale et optimale de nos aînés”, a conclu Massamba Ba.
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