Pr Abib Sène : ”L’anglais doit devenir notre première langue officielle”
Pr Abib Sène : ”L’anglais doit devenir notre première langue officielle”

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Dakar, 23 avr (APS) – L’anglais doit devenir “la première langue officielle” du Sénégal, au regard des enjeux liés à sa maitrise, a préconisé le chef du département d’anglais de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Abib Sène.

Plus qu’une introduction de l’anglais dès l’élémentaire et le préscolaire, il recommande que cette langue devienne la première langue officielle du pays.

”Il faut même en faire la première langue officielle ! Parce que même les Français se débarrassent de leur français”, a souligné l’enseignant en études africaines anglophones, en traduction et en compréhension.

“Je n’ai rien contre le français qui est une très belle langue, et je ne le dis pas parce que je suis professeur dans un département d’anglais. Mais l’anglais doit supplanter le français”, a-t-il martelé dans un entretien avec l’APS, dans le cadre de la Journée de la langue anglaise célébrée ce mercredi 23 avril.

Selon lui, c’est une question de “volonté politique”.

“Le Rwanda qui l’a fait est là où il est aujourd’hui. Le Gabon l’a essayé”, a-t-il ajouté.

Pour Abib Sène, “l’anglais doit concurrencer dangereusement le français si nous voulons aller de l’avant”.

Cela est d’autant plus important que dans le domaine universitaire, les pays francophones peinent à se faire une bonne place dans les classements mondiaux.

“J’ai soutenu ma thèse en France. Le jour de ma soutenance, la présidente du jury, qui est française et enseignante à la Sorbonne, a dit à certains membres du jury : “Vous qui travaillez avec le français, je vous laisse la parole…”, a-t-il confié.

Une universitaire française qui a fait de l’anglais sa première langue, a-t-il dit.

”Nos universitaires sont bloqués par l’anglais”

Abib Sène ne s’explique pas le fait que pendant que les universitaires français se rapprochent de l’anglais et travaillent avec l’anglais, les universitaires francophones, francophiles, africains continuent de s’agripper, dit-il, “à cette langue française qui, fondamentalement, ne nous rend pas grand service”.

Pour lui, le français constitue “même un blocage pour les universitaires sénégalais”.

“Ils sont tous là, ils ne peuvent pas aller très loin. Et il y a énormément d’enseignants qui viennent ici nous dire qu’ils ont des opportunités pour aller ailleurs mais qu’ils sont bloqués par l’anglais. Ils ne savent même pas traduire leurs diplômes et articles et ils cherchent une formation accélérée”, a-t-il témoigné.

Toujours dans son argumentaire en faveur de l’érection de l’anglais comme première langue officielle, Abib Sène donne l’exemple de l’Allemagne qui a deux langues officielles : l’allemand et l’anglais.

”La Chine aussi a le mandarin et l’anglais. Pour la Corée du sud, on a l’impression même que l’anglais a supplanté leur langue locale”, a-t-il dit.

Il se demande donc ce qu’attend le Sénégal pour franchir le pas, même s’il ne perd pas de vue que l’adoption d’une nouvelle langue implique l’adoption de sa culture.

Léopold Sédar Senghor disait : ‘’La langue, c’est la culture’’, rappelle-t-il. De même, Chinua Achebe aussi disait : “Si la culture est une chambre, sa porte c’est la langue”.

Par conséquent, il rappelle que tous les pays qui se sont développés ont d’abord réglé un problème linguistique.

”Soit on parle nos langues locales, soit on prend la langue qui nous ouvre les portes”, a-t-il insisté.

 ”Tout développement commence par une prise de conscience menant à une révolution”

 Après avoir loué cette décision des nouvelles autorités, le chef du département d’anglais de l’UCAD appelle à “oser une révolution” en instituant l’anglais comme langue officielle.

”Tout développement commence par une prise de conscience qui mène vers une révolution”, a-t-il dit.

L’introduction de l’anglais, selon lui, va introduire une nouvelle culture.

Mais, professeur Sène dit préférer “être impacté par une langue qui [lui ouvre] des opportunités que par une langue qui, culturellement, [lui] ferme les opportunités’’.

”Nous sommes dans un monde global, il faut ce que Senghor appelait +enracinement et ouverture+. Et cette ouverture, c’est l’anglais. Il faut opérer ces changements très courageux, mais nécessaires pour notre développement”, a-t-il insisté.

HK/ADL/OID/MT/BK

 

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