Plaidoyer pour l’érection de Koutal en commune
Plaidoyer pour l’érection de Koutal en commune

SENEGAL-COLLECTIVITES-DEVELOPPEMENT

Koutal, 28 avr (APS)- Pour faire face aux enjeux de développement, les populations de Koutal, dans un souci de pouvoir relever les défis auxquels elles font face, plaident pour l’érection de ce village de la région de Kaolack (centre), en commune de plein exercice.

‘’Comment pouvez-vous comprendre que nous disposions d’une zone qui polarise douze ASC [Associations sportives et culturelles] et que souffrons d’un manque criant d’infrastructures sportives ou d’épanouissement pour la jeunesse ? Normalement, notre village devrait pouvoir disposer, au moins, d’une maison de la jeunesse’’, estime Alioune Badara Ngom dans un entretien à l’APS.

Membre de la zone 10/A de l’Organisme départemental de coordination des activités de vacances (ODCAV) de Kaolack, il ajoute que les sportifs de ce village ne disposent que d’un seul terrain de football, qui ne répond à aucune norme réglementaire.

Il sollicite ainsi la délocalisation de ce terrain et la construction d’un stade qui répond aux normes olympiques, ne serait-ce que pour la promotion des activités sportives afin de pouvoir détecter les talents de la zone.

”Qui dit développement, pense inéluctablement à la jeunesse. C’est pourquoi, les politiques publiques et territoriales doivent prendre en compte les besoins de cette jeunesse à travers des infrastructures sportives’’, plaide-t-il.

Pour convaincre les pouvoirs publics, le Collectif pour la défense des intérêts de Koutal et environs (CODIKE) a élaboré un ‘’document stratégique pour l’érection de Koutal en commune rurale’’ transmis au ministère de l’Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l’Aménagement des territoires.

Ce dossier s’inscrit dans une ‘’vision stratégique ambitieuse’’ visant à promouvoir une gouvernance locale renforcée, un développement harmonieux et une amélioration significative de la qualité de vie à Koutal, qui aspire à être élevé au rang de commune rurale.

Une position géostratégique enviable

”L’érection de Koutal en commune rurale apparaît comme une étape essentielle pour répondre aux défis d’une gestion étendue, et exploiter pleinement le potentiel démographique, économique et géostratégique de la région’’, estiment les membres dudit collectif.

Koutal est un des 75 villages de la commune de Ndiaffate limitrophe à celle de Latmingué avec ses 86 villages. Comptant environ 12 000 habitants répartis dans 26 villages, Koutal présente un potentiel démographique, économique et géostratégique indéniable, précise-t-on dans le document stratégique précité.

 

”En se fondant sur l’Acte III de la décentralisation instauré en 2013 et sur les critères du Code des collectivités territoriales, ce dossier démontre que l’érection de Koutal en commune permettra d’améliorer la gouvernance locale, de mieux allouer les ressources et de stimuler un développement harmonieux du territoire’’, a fait savoir Abdourahmane Sy, un des responsables du CODIKE.

Les localités voisines telles que Kahone et Sibassor, qui ont acquis le statut de commune, bénéficient aujourd’hui d’une gouvernance renforcée et d’un accès élargi aux ressources, illustrant ainsi le bien-fondé de cette nécessité de transformation pour Koutal.

Bien que Koutal ne dispose actuellement d’aucune route bitumée ou au moins en latérite, son implantation sur la RN4 garantit une connectivité majeure avec les centres urbains régionaux, ont expliqué Abdourahmane Sy et ses camarades du CODIKE. Il signale que le village bénéficie d’un taux d’électrification de 80 % et d’un accès à l’eau potable pour 95% des habitants.

Des atouts économiques notables

Il bénéficie également d’un dispositif éducatif composé de quatre écoles primaires et d’établissements préscolaires, d’un collège d’enseignement moyen, d’un lycée et d’un poste de santé. Pour leur approvisionnement en denrées alimentaires, les femmes du village sont obligées de se rendre au quotidien à Kaolack, puisque leur localité ne dispose pas de marché.

Sa position sur un axe routier stratégique et limitrophe avec plusieurs communes dont Kaolack, Sibassor, Kahone, Khelcom, Latmingué, Passy dans la région de Fatick, consolide son rôle de point de convergence régional.

Autant d’atouts pour l’agriculture, l’élevage et le développement durable, avec une main-d’œuvre locale qualifiée qui constitue une ressource importante pour la mise en œuvre des projets de développement.

”Le village présente également des atouts touristiques notables, avec des sites historiques et des paysages naturels qui peuvent être valorisés pour dynamiser l’économie locale’’, fait valoir le CODIKE, dans son document stratégique remis au chef de l’Etat lors de la cérémonie officielle de la journée nationale de l’élevage qui s’est tenue à Kaolack, au mois de février 2025.

L’érection de Koutal en commune permettrait une meilleure mobilisation des ressources locales grâce à une fiscalité adaptée, à l’amélioration des infrastructures routières et commerciales, un financement ciblé qui favoriserait la réhabilitation et l’extension des réseaux de transport, stimulant ainsi l’activité économique, pensent les Koutalois.

 

‘’Grâce à des subventions communales et à un soutien renforcé, le secteur primaire bénéficierait d’un développement structuré. Ce qui contribuera significativement à la stimulation de l’investissement privé, avec une meilleure organisation administrative qui attirerait les investisseurs et ainsi renforcerait la dynamique économique locale’’, espère M. Sy du CODIKE.

Dans un souci d’amélioration de l’accès aux soins de santé et à l’éducation, il estime qu’une gouvernance de proximité permettrait la construction de nouveaux établissements de santé et l’amélioration des infrastructures scolaires.

Pour une meilleure gestion des déchets et de l’assainissement, la mise en place d’un programme de collecte et de recyclage améliorerait, selon lui, la qualité de vie et l’environnement, dans une démarche adossée sur une ‘’participation citoyenne accrue’’ dans la gouvernance, avec des mécanismes de concertation qui favoriseraient l’implication des habitants dans la prise de décisions locales.

L’implication de l’armée saluée

Le concept armée-nation est une parfaite illustration avec l’implantation de l’Ecole nationale des sous-officiers d’active (ENSOA), à Koutal, un village situé dans la partie centrale du Sénégal.

Cette prestigieuse école de l’armée sénégalaise, qui a vu le jour le 1er septembre 1971, par le décret 71-928 du 23 août 1971, qui avait été initialement implantée au camp Sémou Djimith Diouf de Kaolack, a été transférée le 19 septembre 2016 à Koutal.

‘’Son implantation à Koutal a apporté une plus-value dans la vie des populations locales. Le vol de bétail, qui a longtemps hanté le sommeil des éleveurs, a drastiquement baissé dans la zone. L’accessibilité est telle que les Koutalois préfèrent y aller pour se faire soigner en cas de maladie, dans un contexte où notre poste de santé souffre de tous les maux’’, selon Alioune Badara Ngom, enseignant de formation.

‘’Ce poste de santé de Koutal, dont les infrastructures sont très défectueuses, polarise pourtant 26 villages. Notre seul forage, très vétuste, fournit de l’eau à 27 villages. Ce sont des arguments bien valables pour plaider en faveur de l’érection de Koutal en commune pour pouvoir prendre sa destinée en main’’, a déclaré, pour sa part, Abdourahmane Sy.

Selon M. Ngom, avec la croissance démographique exponentielle, la capacité d’accueil de cette structure sanitaire est faible pour une bonne prise en charge des préoccupations sanitaires des populations qui sont obligées d’aller se faire consulter au niveau du service médical de l’ENSOA.

‘’Pour qui connait bien Koutal, sait que cette localité a maintenant besoin d’un centre de santé avec un plateau médical digne de ce nom, tenant compte de la taille du village, qui a tout pour pouvoir être érigé en commune de plein exercice’’, a-t-il martelé.

Pour Abdourahmane Sy, Koutal dispose de beaucoup de potentialités, mais il est laissé en rade à cause de son statut actuel, ‘’alors que beaucoup d’autres localités du pays, moins importantes que Koutal, bénéficient de programmes de développement’’.

Selon Mamadou Lamine Sarr, l’adjoint à l’infirmier chef de poste (ICP) de Koutal, le personnel en service dans cette structure sanitaire est ‘’très motivée’’ mais leur lieu de travail manque de presque tout, particulièrement d’un plateau technique capable de répondre aux besoins des patients ainsi qu’une ambulance pour le transfèrement des malades.

Celle du village est tombée en panne, rendant difficile les évacuations des patients vers d’autres structures de santé. Ce sont les malades qui se débrouillent pour pouvoir disposer d’un véhicule, avec tous les risques que cela comporte, a souligné l’agent de santé.

‘’Pour qu’un poste de santé puisse bien jouer son rôle dans la prise en charge médicale des populations, il faut qu’il y ait un bon plateau technique. Mais, ici, nous manquons de beaucoup de choses comme un matériel d’échographie, par exemple. Ce qui oblige les populations, surtout les femmes en état de grossesse, à se rendre à Kaolack, avec toutes les complications qui peuvent survenir’’, a-t-il déploré.

Pendant l’hivernage également, le poste de santé qui, d’ailleurs, ne dispose pas d’un logement pour l’ICP, devient ‘’quasi inaccessible’’, puisqu’il est régulièrement inondé.

‘’Les patients et les accompagnants sont obligés de patauger dans les eaux. C’est pourquoi j’estime que ce poste devrait être délocalisé et transformé en centre de santé’’, a plaidé M. Sarr, selon qui les conditions ne sont pas réunies dans ce poste pour une bonne prise en charge des problèmes de santé des populations.

ADE/ASB/OID/SBS/ABB

 

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