Pâques : à Dakar, la hausse des prix affecte la préparation du ‘’ngalakh’’
Pâques : à Dakar, la hausse des prix affecte la préparation du ‘’ngalakh’’

SENEGAL-SOCIETE

Dakar, 17 avril (APS) – A quatre jours de la célébration de Pâques, marquant la fin du jeûne chrétien, les prix des produits entrant dans la préparation du traditionnel ‘’ngalakh’’, ce dessert typique du Sénégal à base de couscous de mil, de pulpe de baobab (bouye) et de pâte d’arachide, préparé le vendredi saint, connaissent une hausse.

Dans les marchés sénégalais, pourtant bien approvisionnés, et d’habitude théâtre d’un rush à la veille de fêtes, les marchands peinent à voir un grand nombre de clients.

Ces derniers, pour la plupart, évoquent la ‘’conjoncture économique’’ inappropriée à une frénésie financière, les contraignant à se contenter juste du nécessaire pour sacrifier à la tradition du ‘’ngalakh’’.

Au marché Tilène, situé à la Medina, un commerçant du nom de Khadim Sall dit observer une certaine torpeur dans le rythme des ventes ; une ‘’situation quasi inhabituelle’’, dit-il à moins de soixante-douze heures du vendredi saint, commémorant dans la tradition chrétienne, la crucifixion du Christ.

‘’A ce moment de l’année dernière, le marché refusait du monde. Personne n’avait où mettre les pieds. C’est à cela qu’on reconnait une fête comme celle de Pâques. Mais aujourd’hui, vous constatez vous-même ce vide qui encombre les lieux’’, se désole-t-il.

En ce premier jour du triduum pascal, la période allant du jeudi saint à la veille du dimanche de Pâques, les prix de la patte d’arachide, du couscous de mil, de la pulpe de baobab, le sucre et d’autres ingrédients comme les raisins, le coco râpé, les essences et la muscade ont vu leur prix grimper au grand dam des acheteurs.

Si le seau de 20 kilogrammes de pâte d’arachide coûte entre 18 500 et 22 000 francs CFA, le sac de 50 kilogrammes sucre en poudre atteint un peu plus de 26 000 francs CFA. La même tendance haussière est observée chez les vendeurs de pulpe de baobab de mil.

Face à cette situation inflationniste, certains acheteurs préfèrent se rabattre sur la semoule de mil déjà préparée pour s’épargner certains frais et le tracas de la préparation.

Badara, un propriétaire de moulin d’arachide au marché Tilène lie cette hausse des prix à la marge bénéficiaire élevée appliquée par des commerçants sur des produits déjà transformés comme le mil, l’arachide, par exemple.

‘’Si je prends l’exemple des graines d’arachide, nous achetons le sac à un prix plus élevé maintenant. Ensuite nous payons des dames pour les griller et les moudre pour en faire une pâte. Et la machine à moudre fonctionne grâce à l’électricité’’, explique-t-il, ajoutant que si ses dépenses sont en hausse, les prix de vente suivent.

L’inflation des prix des produits n’épargne aucun secteur de la chaine de valeur, pas même celui des meuniers. ‘’Puisque le nombre de mes clients est en baisse, je suis obligé d’augmenter le prix de mes services’’, justifie Issa, meunier au marché Fass. Actuellement, le client est obligé de payer la bassine de mil moulu à 800 francs CFA, dit-il.

Raïssa, une fidèle chrétienne rencontrée devant un moulin avec sa bassine remplie de mil, indique que cette année, sa famille prévoit de diminuer la quantité de ‘’ngalakh’’ qu’elle préparait d’habitude, car elle est incapable de s’acquitter tous les frais afférents à la préparation de ce repas prisé durant les fêtes de Pâques.

De son côté, Elyane, une quinquagénaire vêtue d’une robe en coton, ‘’hors de question de diminuer la quantité. Ce serait une honte vis-vis des voisins musulmans qui, à chaque fête de korité, nous offrent du ngalakh’’, soutient-elle.

‘’Le ngalakh, loin d’une obligation religieuse est juste un symbole qu’on doit perpétuer. Quelles que soient les difficultés financières, il y aura toujours la main du Christ pour nous permettre d’en préparer et d’en donner à nos voisins et amis’’, dit-elle sur un ton qui renseigne sur sa foi.

KM/ABB/AKS

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