Nyassia : une victime de mine antipersionnel sollicite l’appui des pouvoirs publics pour le retour des déplacés
Nyassia : une victime de mine antipersionnel sollicite l’appui des pouvoirs publics pour le retour des déplacés

SENEGAL-SOCIETE-PARCOURS

Nyassia (Ziguinchor), 22 déc (APS) – Aminata Sagna, victime d’une mine antipersonnel et déplacée de Mahmouda à Darsalam, dans la commune de Nyassia, a témoigné dimanche des difficultés rencontrées par les populations affectées par le conflit en Casamance (sud), plaidant pour un accompagnement de l’Etat.

“En 1998, lors des affrontements à Mahmouda, nous avons fui. Cette même année, j’ai été victime d’une mine. Je vis toujours avec ce handicap”, a-t-elle raconté, soulignant le lourd héritage du conflit sur sa vie et celle des habitants déplacés.

Mme Sagna a participé à une rencontre officielle présidée par le chef de l’État à Nyassia, en présence de membres du gouvernement et d’autorités administratives et territoriales.

Lors de cette rencontre, la mairesse de Nyassia, Justine Manga, a plaidé pour la relance du déminage humanitaire et le désenclavement des zones difficiles d’accès, préalables indispensables au retour durable des populations et à la relance de l’économie locale.

Elle a exprimé le souhait des déplacés de regagner leurs villages d’origine, tout en signalant le manque de moyens pour reconstruire leurs habitations.

“Nous voulons retourner [dans nos villages], mais nous n’avons pas les moyens pour construire. Nous sollicitons de l’aide”, a-t-elle lancé, se disant toutefois satisfaite de la visite du chef de l’État auprès de qui il a sollicité une audience pour exposer davantage les besoins des déplacés.

Le Sénégal a déminé plus de 2.221.073 mètres carrés de terres en Casamance depuis le lancement des opérations de déminage humanitaire en 2008, a indiqué l’ambassadeur Papa Maguèye Diop, directeur du Centre national d’action antimines du Sénégal (CNAMS).

À ce jour, a-t-il rappelé, “601 localités ont été visitées dans le cadre des enquêtes préliminaires menées par le CNAMS, permettant le déminage effectif de 144 zones, réparties dans 11 communes et 55 villages”.

Au total, 527 engins explosifs ont été découverts et détruits.

Parallèlement aux opérations de dépollution, le Sénégal met en œuvre d’autres axes de la Convention d’Ottawa, notamment l’éducation aux risques liés aux engins explosifs.

Dans ce cadre, 296 localités ont été couvertes, 52.085 personnes sensibilisées et 234 acteurs formés à la prévention des risques.

Concernant les victimes, le directeur du CNAMS a fait état de 870 victimes de mines toutes catégories confondues., dont 186 victimes civiles directement prises en charge par le Centre national, les victimes militaires relevant de la responsabilité des Forces armées.

Le plaidoyer, selon Papa Maguèye Diop, constitue également un axe important de l’action du Sénégal, qui mène régulièrement des initiatives au niveau international et commémore chaque année, le 4 avril, la Journée internationale de lutte contre les mines.

Sur le plan géographique, Papa Maguèye Diop a précisé que la région de Kolda, initialement concernée, a été déclassée après des enquêtes approfondies.

Actuellement, les zones affectées se limitent aux régions de Ziguinchor, dont les trois départements sont concernés, et de Sédhiou, où un seul département reste touché.

Les opérations de déminage sont mises en œuvre selon une approche ”faire-faire”, en partenariat avec des organisations spécialisées reconnues pour leur expertise internationale.

Le directeur du CNAMS a toutefois annoncé qu’une évolution “importante est en cours”, marquée par une montée en puissance progressive des capacités nationales dans la conduite des opérations de déminage humanitaire au Sénégal.

MNF/AN/OID/HK/BK