MSGBC : un expert voit le Sénégal en moteur de la coopération énergétique transfrontalière
MSGBC : un expert voit le Sénégal en moteur de la coopération énergétique transfrontalière

SENEGAL-AFRIQUE-HYDROCARBURES

Dakar, 12 déc (APS)- Le Sénégal, “appelé à jouer un rôle moteur au sein du bassin MSGBC”, peut asseoir son leadership en misant sur un renforcement de la Société pétrolière du Sénégal (PETROSEN), tout en nouant “un partenariat stratégique” avec les compagnies nationales des quatre pays membres de cette organisation, soutient l’inspecteur du Trésor Assane Ndir, titulaire d’un MBA en économie et management du pétrole et du gaz.

“Le Sénégal, désormais pionnier de l’exploration et de l’exploitation pétro-gazière dans la région, est appelé à jouer un rôle moteur au sein du bassin MSGBC”, organisation dont sont également membres la Mauritanie, la Gambie, la Guinée-Bissau et la République de Guinée, avance-t-il dans une contribution parvenue à l’APS.

“Pour asseoir ce leadership, le renforcement de PETROSEN est essentiel: une compagnie nationale solide, dotée d’une expertise technique de haut niveau et de capacités financières robustes, lui permettra non seulement de s’imposer comme un acteur incontournable, mais aussi de conduire l’agenda énergétique régional avec maîtrise et ambition”, écrit M. Ndir.

Il ajoute que dans cette perspective, “un partenariat stratégique entre les compagnies nationales des États du bassin MSGBC apparaît non seulement pertinent, mais indispensable”, faisant valoir qu’une telle alliance permettrait de mutualiser les expertises, de renforcer la gouvernance régionale et d’affirmer “une véritable souveraineté collective sur les ressources du sous-sol”.

“À terme, cette coopération garantirait que l’exploitation des hydrocarbures du bassin se fasse dans l’intérêt exclusif des populations, en maximisant les retombées économiques et en sécurisant le contrôle régional sur la chaîne de valeur énergétique”, insiste cet expert.

Il fait remarquer que le bassin MSGBC est devenu “un acteur émergent de premier plan sur la scène énergétique mondiale, avec un potentiel non seulement en termes de ressources (pétrole et gaz), mais aussi pour catalyser la croissance économique, l’intégration régionale et la souveraineté énergétique de l’Afrique de l’Ouest”.

Selon Assane Ndir, le bassin MSGBC est désormais “décrit comme un des ”systèmes pétroliers les plus potentiels” le long de la côte atlantique d’Afrique de l’Ouest, selon certaines analyses d’experts”.

Et même après des décennies d’exploration, beaucoup de blocs restent inexploités ou sous-explorés, ce qui laisse la porte ouverte à de nouvelles découvertes, d’où l’importance des récentes campagnes sismiques et des appels d’offres, note-t-il.

Favoriser la coopération transfrontalière par la conférence MSGBC

Les réserves de pétrole et de gaz découvertes au Sénégal et en Mauritanie ces dernières années se traduisent par des “projets structurants” qui placent les deux pays “au cœur de la dynamique énergétique ouest-africaine, avec un rôle croissant sur les marchés du gaz, du pétrole et de l’électricité”, observe-t-il.

Elles ont aussi révélé que “le bassin MSGBC, un nouveau pôle énergétique mondial, dispose d’un potentiel gazier exceptionnel, possède des réserves pétrolières significatives et reste loin d’avoir livré tout son potentiel”, poursuit-il.

La République de Guinée en ce qui la concerne, est un pays “de plus en plus perçu comme une +nouvelle frontière pétro gazière+”, renseigne-t-il, évoquant des appels d’offres récents qui couvrent plusieurs blocs on-shore et off-shore, avec des études sismiques et des données montrant des analogies géologiques fortes avec des bassins pétroliers à succès ailleurs dans le monde.

“Pour la Guinée-Bissau, des licences offshore (blocs comme Sinapa / Esperança) sont en cours d’exploration, avec des espoirs de découverte de pétrole, parfois proches géographiquement des zones déjà productives (comme Sangomar au Sénégal). La densité des données sismiques dans certaines zones (2D/3D), combinée aux récents succès, renforce l’idée que de nombreuses réserves restent à découvrir”, écrit-il.

Il estime que dans ce contexte, la tenue, à Dakar, de l’édition 2025 de la conférence MSGBC Oil, Gas & Power présente plusieurs enjeux pour le pays et pour la région couvrant le bassin, dont le renforcement de la coopération régionale et l’intégration énergétique.

M. Ndir fait observer qu'”un des rôles majeurs de MSGBC 2025 est de favoriser la coopération transfrontalière dans le secteur énergétique, entre gouvernements, compagnies pétro-gazières, investisseurs, bailleurs”, la région MSGBC étant présentée “non seulement comme un bassin géologique mais, comme une ”communauté de destins”, une ambition d’intégration, de synergie, pour faire des ressources naturelles un levier de développement partagé”.

Il en résulte que le bassin MSGBC “recèle d’importants gisements offshore et de nombreuses opportunités dans l’exploration, la production, le raffinage, l’électricité, les infrastructures”.

Si l’intérêt d’investisseurs internationaux (majors, fonds, banques, partenaires stratégiques) est jugé déterminant, pour attirer les capitaux, ces projets doivent afficher des réserves solides, un cadre réglementaire stable et une vision claire pour l’usage du gaz (domestique, industrie, export), soutient-il.

Tirer profit des ressources par la valeur ajoutée 

Il considère toutefois que “le choix d’orienter prioritairement le gaz vers le marché domestique semble réduire l’appétit des majors, traditionnellement attirés par les projets à forte vocation export”.

“Dès lors, une question centrale se pose: quelles alternatives s’offrent aux deux États pour mobiliser les financements nécessaires et sécuriser le développement de ces projets stratégiques ?”

“Face à la prudence des majors, répond-il, la solution pour le Sénégal ne réside pas dans l’attente, mais dans la diversification des partenaires et des mécanismes de financement”.

Pour transformer la plateforme représentée par le MSGBC 2025 en “une vitrine exceptionnelle pour le Sénégal”, préconise-t-il, le Sénégal peut agir sur plusieurs axes clés, en mettant notamment en avant “une vision énergétique claire et stable” et en valorisant “l’avancement concret des projets: GTA, Sangomar, Yakaar-Teranga”.

Il peut aussi “renforcer le rôle de PETROSEN comme bras opérationnel et partenaire fiable”, “présenter un pipeline de projets attractif et bancable”, mais aussi “tirer partie de l’énergie comme moteur de l’industrialisation (le véritable intérêt des investisseurs n’est pas seulement dans l’extraction, mais dans la production d’énergie compétitive, les zones industrielles alimentées au gaz, l’hydrogène, la logistique, les services pétroliers)”.

“En accueillant MSGBC 2025 à Dakar, le Sénégal se positionne comme un hub énergétique régional; une plateforme pour les échanges, les partenariats, l’industrialisation, l’investissement. Cela peut renforcer l’attractivité du pays, son rôle diplomatique et économique dans la région et son influence dans les décisions énergétiques et minières ouest-africaines”, conclut Assane Ndir.

A l’en croire, le MSGBC 2025 “pourrait accélérer le développement des infrastructures énergétiques en Afrique de l’Ouest, ce qui pourrait améliorer l’accès à l’électricité, soutenir l’industrie, stimuler la croissance économique”.

Une telle perspective “offre une opportunité pour les pays du bassin de tirer pleinement profit de leurs ressources, non seulement en exportant, mais en créant de la valeur ajoutée: raffinage, transformation locale, emplois, transferts de compétences”.

Le renforcement de la coopération régionale pourrait favoriser la stabilité, la solidarité, une meilleure gouvernance et donner à l’Afrique de l’Ouest un poids accru sur le marché énergétique mondial, selon Assane Ndir.

“Pour le Sénégal en particulier, insiste l’inspecteur du Trésor titulaire d’un MBA en économie et management du pétrole et du gaz, accueillir MSGBC 2025 peut stimuler l’économie locale, attirer des investissements étrangers et contribuer à faire du pays un centre énergétique régional”.

BK/SBS/MTN