SENEGAL-EDUCATION
Dakar, 08 juil (APS)- Le ministre de l’Education nationale, Moustapha Mamba Guirassy, a mis en exergue, mardi, les avantages de l’introduction des langues nationales dans le système éducatif.
”L’introduction des langues et leur généralisation va naturellement permettre de renforcer la performance scolaire des élèves. Le Sénégal en la matière est pionnier, un modèle. Aujourd’hui l’Afrique et beaucoup d’autres pays s’inspirent du modèle sénégalais et nous avons un plaisir de le partager avec d’autres pays”, a t-il soutenu.
Il s’exprimait en marge d’un colloque international sur le thème: ”Multilinguisme et diversité à l’école: regards croisés entre recherche, pratique et institutions”.
La rencontre de trois jours est organisé par l’institut de la francophonie pour l’éducation et la formation (IFEF), organe spécialisé de l’organisation internationale de la francophonie (OIF), en partenariat avec le bureau de l’éducation de l’UNESCO (UNESCO‑BIE), l’Université de Genève (UINGE) et l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD), avec l’appui du ministère de l’Éducation nationale.
Le ministre a fait noter que lorsqu’on apprend dans sa langue maternelle, il est démontré que l’enfant est plus performant.
”Et donc pour cette raison, aujourd’hui, nous avons le devoir, l’obligation de généraliser l’introduction des langues nationales, donc des langues locales, dans les curriculums”, a t-il plaidé.
M. Guirassy estime cependant qu’il reste beaucoup à faire notamment travailler sur ”ces passerelles pour éviter d’isoler la question avec d’autres sujets qui sont extrêmement importants”.
Il s’agit, selon lui, d’un enjeu de performance scolaire mais aussi, d’un enjeu de développement endogène.
Il faut amener l’enfant à ”comprendre sa culture, à comprendre son terroir, via sa langue”, a dit le ministre, relevant que ”c’est sa langue qui lui permet justement de mieux comprendre son environnement”.
L’autre question, dit-il, c’est l’environnement nouveau avec le numérique, le digital, l’IA, dans lequel évoluent les enfants, qu’ils soient en milieu rural comme dans les capitales.
”Lorsque cet effort d’introduction des langues n’est pas accompagné par ces passerelles qui permettent à l’enfant de faire des recherches sur google ou par l’IA à partir de sa langue et de pouvoir avoir les bonnes réponses, il y a d’autres murs qui se créent. Donc il nous faut simultanément travailler sur cette digitalisation”, a soutenu le ministre.
Il y a aussi, selon lui, l’enjeu lié au ”complexe de l’élite”. ”Il nous faut changer de discours, de comportement, au niveau de l’État, du gouvernement, des chefs de famille, à tous les niveaux”, a estimé Moustapha Guirassy.
Le multilinguisme, au-delà de la question de la performance scolaire, est un enjeu d’endogénéisation du développement et de ce point de vue, même les constructions scolaires doivent être associées à la problématique de la langue, a t-il affirmé.
Selon lui, les recommandations du colloque permettront de renforcer et d’orienter davantage les politiques publiques en la matière.
AFD/SKS/OID/SBS