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Dakar, 16 nov (APS) – L’entrepreneur agroindustriel, Modou Fall a entamé ce que l’on peut appeler la révolution industrielle de la filière fonio au Sénégal avec l’introduction d’une moissonneuse-batteuse dans cette spéculation autrefois considérée comme une alimentation de subsistance dans certaines localités du pays.
‘’On amène l’innovation dans la modernisation des équipements. En disposant de grandes superficies comme 130 hectares, on a pu introduire pour la première fois dans le monde, au Sénégal, une moissonneuse-batteuse dans la spéculation, dans la culture du fonio’’, a déclaré M. Fall.
Dans un entretien avec l’Agence de presse sénégalaise, l’entrepreneur rapporte que cette phase test a été réalisée en 2024 grâce à une collaboration avec les communautés paysannes des villages de Kérouane et Séfa à Sédhiou, première région de production du fonio.
Le consultant en stratégie a été choisi par le projet du fait des facilités d’accès au foncier, élément principal pour sa mise en œuvre.
Modou Fall, titulaire du Diplôme d’études supérieures en commerce, administration et finances (DESCAF), a accompagné le gouvernement du Sénégal dans l’élaboration de sa politique et de sa stratégie d’industrialisation 2021-2035.
‘’En tant que privé, en tant que start-up, on a démontré que c’est possible d’introduire les machines les plus sophistiquées dans les cultures qu’on pense d’héritage, des cultures qui sont réservées à une communauté, des cultures de niche’’, a souligné le natif de Mbacké dans la région de Diourbel.
Modou dispose de près d’une quinzaine d’années d’expérience intersectorielle dans la conduite de plusieurs missions à succès liées à l’industrialisation, à la conception de politiques publiques et de programmes pluriannuels et au développement de marchés pour des produits et services innovants adaptés au marché ouest africain.
Pour mettre en place cette innovation adaptée au fonio, il a fallu mettre à contribution plusieurs acteurs qui ont apporté leurs expertises pour cette trouvaille.
‘’C’est un mécanicien qui n’a même jamais été à l’école qui a pu trouver la solution avec la moissonneuse-batteuse. C’est lui qui est le parrain de cette innovation qui peut avoir un effet multiplicateur dans la sous-région’’, a-t-il indiqué.
Ce titulaire du Diplôme supérieur comptable (DSC) à l’Ecole supérieure polytechnique (ESP) de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar a également fait recours à des universitaires pour la conception de cette machine qui a la capacité de récolter jusqu’à 300 à 400 hectares par jour.

”Ancrer le fonio dans l’alimentation de base des Sénégalais”
L’introduction de cette machine vient soulager les producteurs parce que le fonio, une fois arrivé à maturation, doit être récolté et cela demande beaucoup d’efforts.
Il dit être convaincu que le Sénégal peut parvenir à satisfaire la demande nationale si d’autres Sénégalais investissent dans cette filière et avec 10 moissonneuses-batteuses essentiellement dédiées au fonio.
Le but visé par Modou Fall, c’est de parvenir à ancrer le fonio dans l’alimentation de base des Sénégalais comme ce fut le cas avec l’introduction du riz dans la tradition culinaire du pays.
Son ambitieux projet a eu l’adhésion des communautés qui s’inscrivent pour pouvoir travailler avec la start-up dans le cadre de son expansion.
‘’Et même le financement de cette machine a été fait par des Sénégalais qui ont acheté des tickets de participation. C’est le ‘crowdfunding’, le financement participatif. C’est ce qui a permis d’acheter cet équipement pour pouvoir l’introduire dans cette spéculation’’, a-t-il relevé.
Son souhait, c’est d’accompagner les acteurs du secteur dans la montée en puissance en termes d’équipement et de formation.
Dans le cadre de cette activité, le responsable d’African grains industries (AGI) est en collaboration avec le ministère de l’Agriculture, notamment l’Institut sénégalais de recherches agricoles (ISRA) sur le volet dédié à la recherche, de même que la Société de développement agricole et industriel du Sénégal (SODAGRI) pour la partie aménagement.
Cette technologie nouvelle dans le secteur va permettre de passer d’une production familiale à une production industrielle, ce qui va créer des emplois dans les localités.
‘’A l’échelle micro, avec ce projet, dans sa première phase, on peut créer 50 emplois directs auprès des communautés, c’est au minimum 800 emplois. Cette année avec nos 130 hectares, on a déjà pu travailler avec un groupement de femmes – de 300 membres qui sont tous bénéficiaires de cette coopération- sur 30 hectares’’, a dit notamment M. Fall.
Il estime que ce n’est pas à l’Etat seul de faire des réformes, soulignant que les privés peuvent aussi, à un niveau micro, apporter des innovations, surtout dans le domaine foncier.
Modou Fall peut compter sur ses connaissances académiques et son expérience professionnelle pour mener à bien cet ambitieux projet qu’il a conçu.
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