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Kaolack, 17 oct (APS) – A Kaolack, la conduite de mototaxis communément appelés ”Jakarta” s’impose comme le principal moyen de subsistance pour de nombreux jeunes.
Ce secteur, en pleine expansion, absorbe une part importante de la main-d’œuvre locale et contribue à réduire le chômage dans une région où le taux d’emploi ne dépasse pas 22,5 %, selon la dernière situation économique et sociale régionale publiée par l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD).
A l’instar des ”Zémidjans” dans certaines grandes villes de la sous-région ouest-africaine, la capitale du Saloum vibre au rythme des pétarades de ces deux-roues omniprésents.
Dans les rues animées comme dans les quartiers périphériques, il est presque impossible de parcourir quelques mètres sans apercevoir un groupe de motos stationnées en attente de clients.
”Ce métier me permet d’entretenir ma famille et de subvenir à mes besoins”, confie Oumar Dia, conducteur de ”Jakarta” depuis cinq ans. Pour ce trentenaire, cette activité est devenue une véritable planche de salut dans un contexte de rareté d’emplois.

Des bruyantes artères du centre-ville aux ruelles sablonneuses des zones reculées, les ”Jakarta” sillonnent la ville à toute heure, offrant une mobilité rapide et flexible. Ces motos colorées, souvent personnalisées par leurs propriétaires, comblent les insuffisances d’un système de transport public parfois défaillant.
”Les motos +Jakarta+ sont plus rapides et accessibles. Elles desservent des quartiers où aucun autre moyen de transport ne va”, témoigne Ndèye Anta Sow, vendeuse en pharmacie, rencontrée au quartier Léona.
Sur la route nationale n°4, menant vers la gare interurbaine de ’’Nioro’’, le ballet incessant des motos, voitures et charrettes illustre la vitalité d’un secteur devenu incontournable.
Un gagne-pain pour des milliers de jeunes
Au ”garage Nioro”, Abdou Salam, président de l’association des conducteurs de mototaxis, souligne l’importance économique et sociale de cette activité. Arborant une chasuble fluorescente, il explique que ”la rareté des emplois à Kaolack pousse de nombreux jeunes à se tourner vers ce métier”.

”Il n’y a pas d’industries capables d’absorber tous ces bras valides. Le +Jakarta+ représente donc une alternative viable. Les gains quotidiens varient entre 5 000 et 15 000 francs CFA selon les journées”, ajoute-t-il.
Le responsable défend la noblesse de leur profession et distingue les conducteurs responsables des quelques éléments indisciplinés souvent à l’origine d’incidents.
Concernant la recrudescence des accidents impliquant les motos, il appelle les autorités locales à renforcer la formation des conducteurs et à améliorer l’état des routes.
Une identité urbaine et un potentiel économique
Au-delà de son rôle de transport, le ”Jakarta” s’est imposé comme un symbole identitaire de Kaolack. La région, pionnière dans l’adoption de ce mode de transport, a vu son modèle s’étendre progressivement à d’autres localités du pays.
Pour de nombreux acteurs du secteur, la formalisation de cette activité, encore largement informelle, permettrait de sécuriser les revenus des jeunes, tout en offrant à l’État une nouvelle source de recettes fiscales.
Dans l’attente de telles mesures, les mototaxis continuent de sillonner la ville, incarnant à la fois la débrouillardise et la vitalité d’une jeunesse en quête d’avenir.
PMD/ADE/MK
