Dakar, 12 fév (APS) – L’école Mariama Bâ de Gorée, administrée sous le régime de l’internat, s’inscrit de plus en plus dans la dynamique imprimée par l’Etat dont la politique consiste désormais à orienter de plus en plus d’élèves vers les filières sciences, techniques et mathématiques (Stem). Preuve de cette option résolue pour les filières scientifiques, les élèves de deux de ses trois classes de terminale sont en séries S1 et S2, les élèves de l’autre terminale étant de la série L. A l’échelle nationale, les statistiques de l’Office du Baccalauréat font état, pour l’année 2024, de 26.510 inscrits dans les filières sciences et techniques, de 2.650 en séries tertiaires et 130.339 dans les séries littéraires. Ecole d’excellence située à l’île de Gorée (au large de Dakar), Mariama Ba accueille les meilleures élèves filles issues du concours d’entrée en sixième après une sélection rigoureuse. Dans le cadre de l’admission les 150 meilleures élèves à l’entrée en sixième, sont sélectionnées pour intégrer le lycée d’excellence. Depuis que l’école est érigée en une vitrine d’excellence pour jeunes filles, elle est dirigée par une proviseure, et non plus par une directrice. Il y a une dizaine d’années, le lycée Mariama Ba passait pour un établissement produisant plus de bachelières littéraires avec ‘’d’excellents profils en lettres, mais les tendances se sont complètement inversées aujourd’hui’’, confie la proviseure, Ramatoulaye Sarr Diagne, dans un entretien avec l’APS Aujourd’hui, conformément à la politique d’incitation du ministère de l’Education nationale, ‘’l’enrôlement des filles dans les séries scientifiques est une réalité à Mariama Ba’’, assure-t-elle. L’objectif visé dans la Nouvelle initiative pour la transformation et l’humanisation de l’éducation (NITHE) consiste à encourager les élèves à s’intéresser aux sciences, aux mathématiques et à déconstruire les représentations défavorables à la promotion des filières scientifiques. D’ailleurs, une journée nationale dédiée exclusivement à l’éducation des filles est célébrée le 9 janvier. ‘’Non seulement elles y sont (séries scientifiques), mais elles font d’excellents résultats’’, se réjouit la proviseure. Au lycée Mariama Bâ, »si on prend une cohorte de 35 filles, seules 7 à 8 font les séries littéraires. Tout le reste fréquente les séries scientifiques. On est nettement au-delà des pourcentages qui sont recommandés par le ministère de l’Éducation nationale’’, clame-t-elle. A l’origine, l’établissement abritait des maisons d’éducation dites de l’ordre du lion. Ces écoles étaient fréquentées par des filles de parents militaires décorées de l’Ordre national du lion. L’accès s’est démocratisé par la suite, permettant ainsi de recevoir d’abord les meilleures filles à l’entrée en sixième au Sénégal et depuis 2014, les meilleures filles sélectionnées à l’issue d’un concours. Des conditions optimales pour ‘’exceller dans les matières scientifiques’’ Selon la proviseure, la position géographique du lycée et les politiques qui y sont menées permettent aux pensionnaires »d’exceller dans les matières scientifiques ». Au total, 225 filles, de la 6ème à la Terminale, vivent en internat et bénéficient d’une bourse. L’objectif, c’est ‘’justement de les mettre dans un endroit reculé, loin des écueils de la ville’’, explique la proviseure. ‘’C’est une manière de veiller sur elles, de leur donner tout ce dont elles ont besoin pour continuer à explorer leur potentiel et en faire une élite féminine capable de diriger ce pays et d’être quand même dans toutes les sphères de l’État’’, souligne Ramatoulaye Sarr Diagne. Généralement, confie-t-elle, ‘’ce qui freine l’épanouissement des filles dans les séries scientifiques, c’est surtout les travaux domestiques, les contraintes auxquelles les filles sont confrontées dans les familles, alors qu’ici elles sont dispensées de toutes ces tracasseries domestiques’’. Dans le régime de l’internat, elles ont la possibilité de s’entraider à travers des groupes de travail et de pouvoir faire d’excellents résultats et d’accéder à ces séries scientifiques’’, ajoute la proviseure Une des stratégies de l’école, c’est de faire des ‘’week-end pédagogiques’’, des remédiations pour les élèves qui ont des difficultés dans certaines matières, notamment les mathématiques et les sciences physiques. »Les élèves sont découragés souvent par les séries scientifiques, du fait qu’ils ont l’impression que leurs efforts ne payent pas en termes de résultats lors des évaluations », explique la proviseure. Ainsi, le lycée dispose de ‘’cohortes assez homogènes qui permettent aux élèves de rester dans les séries scientifiques’’. Un taux de réussite de 100% aux examens depuis quelques années Le lycée Mariama Bâ s’inscrit depuis quelques années dans une tradition de performances aux différents examens avec un taux de 100% d’admission au Bfem et au Bac. Il obtient également des distinctions à chaque édition du Concours général, qui récompense les meilleurs élèves de Première et Terminale, dans plusieurs disciplines. En 2022, après deux années consécutives de résultats ‘’très honorables’’ à ce prestigieux concours, le président de la République avait décidé d’octroyer à l’école le statut d’établissement d’excellence que tiennent à préserver ses responsables. L’autre défi de Mariama Bâ consiste à arriver à ‘’faire 100% de mentions (Très bien, Bien et A bien). ‘’C’est un défi qu’il faudra relever pour améliorer les performances au baccalauréat avec le pourcentage de mentions, mais également au concours général’’, soutient la proviseure, Ramatoulaye Sarr Diagne. Aligner l’établissement aux normes d’excellence Dans cette dynamique de performances, l’établissement compte sur ses anciennes pensionnaires qui se soucient de ‘’leurs petites sœurs’’. Chaque année, les anciennes organisent le forum des métiers au sein de l’école, en invitant des professionnels de tous les secteurs scientifiques pour échanger avec les filles sur les carrières. Si beaucoup d’efforts ont été faits depuis que Mariama Ba a le statut de ‘’lycée d’excellence’’, la proviseure estime que l’Etat doit mettre l’école aux normes d’un établissement d’excellence du point de vue des infrastructures et des équipements. ‘’L’Etat a eu à faire des efforts par rapport au budget mais avec un effectif pareil, la flambée des prix, ce n’est pas facile à gérer’’, se lamente la proviseure. Les dortoirs qui étaient dans un état de dégradation assez avancé ont été réhabilités dernièrement, mais ses bâtiments, qui appartenaient à une ancienne caserne militaire, datent de très longtemps. ‘’Il faudrait également, à ce niveau, faire des efforts de réhabilitation’’, plaide la proviseure. Exclusivement réservé aux filles, l’établissement les accueille à l’âge de 11 ans, 12 ans. Ce qui n’est pas ‘’toujours de tout repos pour ses responsables, obligées d’être des éducatrices mais également des parents’’, selon Ramatoulaye Diagne Sarr. Les petites filles ne sont pas censées avoir les mêmes besoins qu’une adolescente de 18 ans qui commence à grandir, d’où la complexité de l’internat. Autant les grandes filles ont besoin de s’affirmer, d’avoir plus de responsabilités, autant les petites ont besoin d’être encadrées. ‘’Malheureusement », à Mariama Ba, le même règlement intérieur les régit toutes’’. AFD/ADL/OID/SKS/ASG/HB
SENEGAL-AFRIQUE-POLITIQUE / Yassine Fall participe à la 46ᵉ session ordinaire du Conseil exécutif de l’UA à Addis Abeba
SENEGAL-ENVIRONNEMENT-COMMEMORATION-REPORTAGE / Bamboung, une idée des trésors du delta du Saloum – Par Mohamed Tidiane Ndiaye (APS)
SENEGAL-AFRIQUE-POLITIQUE / Yassine Fall participe à la 46ᵉ session ordinaire du Conseil exécutif de l’UA à Addis Abeba
SENEGAL-FINANCES-AUDIT / Comptes publics : la Cour des comptes relève ‘’des anomalies’’ sur les recettes de l’État et des transferts de crédits irréguliers
SENEGAL-MUSIQUE-NECROLOGIE-PORTRAIT / Jimmy Mbaye, le destin exceptionnel du virtuose qui a fait rayonner la musique sénégalaise