Dakar, 30 mai (APS) – Le choriste et guitariste Mansour Seck, décédé mercredi à Dakar, à l’âge de 69 ans, était ‘”une bibliothèque artistique’’  qui s’était abreuvé du patrimoine culturel du Fouta, a témoigné à l’APS, Hilaire Chaby Hary, le claviste de l’orchestre du Dandé Léñol’’. 

”Ce que l’on peut retenir de l’homme Mansour [Seck], c’est qu’il était une bibliothèque artistique. Il est d’origine griotte. Quand vous vous inspirez du patrimoine culturel du Fouta, vous faites appel à ces gens-là, parce qu’ils sont témoins de l’histoire, de la vraie histoire du Fouta’’, a-t-il dit dans un entretien téléphonique avec l’APS.

Mansour Seck sera enterré au cimetière musulman de Yoff, après la levée du corps à partir de 15 heures, selon directeur artistique, compositeur et arrangeur du groupe Dandé Léñol’’.

Impressionné par Mansour Seck, Hilaire Chaby Hary estime s’être beaucoup inspiré de lui pour ses compositions et arrangements musicaux au sein du groupe.

”Il m’a donné le goût d’aimer la musique du Fouta. C’est un homme qui nous a tout donné. Il s’est battu contre la faucheuse depuis un mois avec une semaine en réanimation. Son décès est une grande perte pour la musique”, a témoigné le claviste originaire de Kolda (sud).

Décrit comme un ‘’ménestrel errant’’, Mansour Seck est un vrai griot qui va à la rencontre de son peuple pour lui raconter les histoires qu’il a besoin d’entendre et d’écouter.

‘’En plus de son travail de guitare signature et de sa voix graveleuse et profondément enracinée, ses chansons honorent le passé, louent ses frères et sœurs pour leur travail acharné, exhortent ses frères non seulement à se souvenir de leur passé, mais à choisir judicieusement leur avenir’’, lit-on dans une note biographique faite sur lui.

Cofondateur de l’orchestre ‘’Dandé Léñol’’

Il est le cofondateur de l’orchestre ‘’Dandé Léñol’’ en 1984 avec son lead vocal Baba Maal et son défunt manager Mbassou Niang.

Mais bien avant cette aventure musicale de 38 ans, il avait fait ses premiers pas dans la musique à la troupe folklorique ‘’Lasli Fouta’’ avant de migrer vers la troupe ‘’Yelitaaré Fouta’’ afin de mieux asseoir sa passion pour la musique.

‘’Mansour Seck reprend les bases de son héritage du Fouta et les agrandit, mais ne les perd jamais. Sa musique se déplace lentement, prenant de la vitesse là où il le faut, mais toujours près du sol, s’enracine et prête à explorer, mais jamais prête à changer de cap’’, lit-on de sa biographie publiée sur son site.

L’envol est alors pris avec Baba Maal après une première tournée en Europe et dans les pays anglo-saxons malgré une cécité héréditaire.

Cette balade musicale ‘’réussie’’ a permis la création du ‘’Dandé Léñol’’ (la voix du peuple en pulaar) puis la sortie en France de leur tout premier album préenregistré ‘’Jam leelii’’ dont le succès a attiré la maison de disque anglaise ‘’Island records’’.

En dehors de l’orchestre, Mansour cheminait par moment en solo avec un quartet distillant des notes de jazz et de la musique traditionnelle en acoustique. Il sort en solo l’album ”Nder Fouta Tooro en featuring avec Ousmane Hamady Diop vol 1 et 2, entre autres.

Une histoire d’amitié vieille de plus de 50 ans

Depuis, ces deux amis d’enfance ont cheminé ensemble, de concert en concert sillonnant le monde et enregistrant des succès.

‘’Notre compagnonnage [Baba Maal et Mansour Seck] a été quelque chose de fidèle’’, avait dit le choriste et guitariste dans un entretien donné en 2014 affirmant que sa relation avec son ‘’ami et frère’’ date depuis leurs arrière-grands-parents entre la famille de Mansour les griots et celle de Baba Maal des Thioubalo (pêcheurs).

‘’Je lui ai appris à jouer de la guitare et je chantais comme il le faisait’’, faisait-il savoir en estimant qu’ils avaient fini par devenir ”complémentaires’’.

‘’Il n’y a jamais eu de problèmes entre nous : lorsqu’il parle, je comprends toujours où il veut en venir (…) Dans la musique des fois, chacun veut chercher son succès à part, chercher sa renommée de son côté … mais, nous, Hal Pulaar, quand on tient l’amitié, on la tient jusqu’à la mort’’, avait alors martelé Mansour Seck dans cet échange paru dans la presse sénégalaise.

Une relation ‘’sincère’’ que confirme Hilaire Chaby Hary dans son témoigne estimant que les deux amis ont vécu l’aventure, les galères et les succès ensemble.

‘’C’est une vraie amitié, sincère et complémentaire’’, témoigne le claviste de l’orchestre du ‘’Dandé Léñol’’.

FKS/ASB/AKS

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