SENEGAL-COLLECTIVITES
Kaolack, 20 oct (APS) – L’opération de désencombrement menée à Kaolack (jeudi) depuis jeudi dernier suscite diverses réactions chez les habitants de cette ville, certains d’entre eux saluant la mesure, tandis que d’autres, sans s’y opposer, estiment que les autorités devraient venir en aide aux personnes déguerpies.
Au quartier Léona, les abords de la route nationale numéro 1 ont complètement changé de visage. Le débordement des cantines et des installations anarchiques sur la voie publique est de l’ordre du passé. Le boulevard est bien dégagé. La circulation routière est fluide.
Samba Diokhané, un commerçant, salue l’opération de désencombrement. ‘’La rue nous appartient à tous. Il est, donc, inconcevable qu’une personne, pour gagner sa vie, s’y installe sans aucune base légale’’, réagit-t-il.
Saër Ndiaye, un riverain de la route nationale, encourage les autorités à continuer sur cette lancée. Une ville ne peut pas se développer dans le désordre, jure-t-il. L’homme à la tête chenue pense que Kaolack, une ‘’ville-carrefour’’, doit jouir d’un cadre de vie reluisant. Cet enseignant à la retraite est d’avis qu’il ne suffit pas de faire déguerpir les occupants de la voie publique. Il faut, dit-il, se préparer à leur retour sur les espaces dégagés, qu’ils ont été obligés de quitter.
À la ‘’station’’ Baba-Guèye, l’un des carrefours de la ville, située près de la route nationale, Modou Seck, un conducteur de moto ‘’Jakarta’’, guette l’arrivée des passagers.
Sa moto est immobilisée dans un petit espace jonché de gravats depuis le passage des techniciens chargés de mener l’opération de désengorgement. C’était un vaste espace de stationnement, qui a été démoli. Modou Seck, l’un de ses occupants, dit pourtant se réjouir du désencombrement de la ville. ‘’Notre station de motos-taxis a été démantelée […] Mais je comprends, je trouve ça normal. Nous l’avions construite presque sur le trottoir de la route nationale’’, avoue-t-il.
Modou Seck dit avoir constaté le retour de certains commerçants aux endroits qu’ils occupaient illégalement. À ses côtés, un vendeur de fripes, Amadou, bénit l’opération de désencombrement, tout en estimant que les autorités feraient mieux de trouver des sites de ‘’recasement’’ aux ex-occupants de la voie publique. ‘’Je pense que cette mesure n’a pas été prise comme elle devrait l’être. Avant de chasser les gens, il fallait leur trouver un site de recasement’’, soutient le fripier, craignant que les déguerpis reviennent encombrer de nouveau les espaces vides.
Dame Diouf, un tailleur, souhaite que les autorités, la mairie de Kaolack surtout, à ne pas laisser les ex-occupants de la voie publique à eux-mêmes.
Interrogé sur les inquiétudes de ces derniers, le secrétaire général de la mairie, Mbaye Ngom, invite les personnes impactées par l’opération de désencombrement à se rapprocher de la cellule chargée des réclamations. Elle a été créée par le conseil municipal pour proposer éventuellement des sites de ‘’recasement’’ aux personnes dont les étals, boutiques et d’autres espaces de commerce ont été endommagés, selon M. Ngom.
De Kabatoki à l’aérodrome de Kanda, situé à l’est de la ville, les rues ont été débarrassées de tout ce qui les encombrait.
Selon le préfet de Kaolack, Latyr Ndiaye, l’opération sera menée dans d’autres quartiers de la ville. Plusieurs boulevards, dont celui de la Liberté, et les alentours du marché central font partie des prochaines destinations des techniciens chargés du désencombrement de la ville, dit-il.
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