SENEGAL-PRESSE-REVUE
Dakar, 20 mars (APS) – Les quotidiens parvenus jeudi à l’APS, d’un même élan, s’émeuvent des propos tenus par le porte-parole du gouvernement, concernant la mort de Mamadou Moustapha Ba, ministre des Finances et du Budget dans le dernier gouvernement de l’ancien président Macky Sall.
Mamadou Moustapha Ba “a été le premier à être reçu par le président de la République et son Premier ministre, pour leur dire que les chiffres [des comptes publics] n’étaient pas exacts”, que “ce ne sont pas de bons chiffres”, a-t-il dit dans des propos relayés par la plupart des journaux.
Le porte-parole de l’actuel gouvernement a ajouté, au sujet du défunt ministre des Finances et du Budget, décédé le 8 octobre 2024 à Paris : “Il faut qu’on mène des investigations. Qu’est-ce qui est à l’origine de sa mort ? Il a été tué dans des conditions troubles.”
Comme on pouvait s’y attendre, ces propos de Amadou Moustapha Sarré ont suscité un grand émoi, rapportent les quotidiens, dont L’info, qui parle d’un “pavé dans la mare”.
“Sarré secoue la République” en affirmant “péremptoirement que Mamadou Moustapha Ba a été tué dans des conditions troubles”, estime WalfQuotidien, le journal Le Quotidien s’indignant d’une “sortie ignoble”.
Une sortie qui “glace le sang”
“Porte-parole ou impénitent hâbleur ?”, se demande Le Quotidien. “Même s’il a tenté de repréciser sa pensée, écrit-il, Amadou Moustapha Sarré se retrouve dans la controverse après ses révélations sur la mort de Mamadou Moustapha Ba, qui a été ‘tué dans des conditions troubles'”.
L’As pense qu’Amadou Moustapha Sarré “déraille grave”. Il estime que les propos du porte-parole du gouvernement “suscitent polémique et semblent conforter la thèse d’une ‘mort suspecte’ annoncée par le procureur”.
Il reste que la sortie de M. Sarré “glace le sang”, souligne Source A, qui relaie ensuite, en même temps que de nombreux autres journaux, les appels pour que la justice entende le porte-parole du gouvernement.
“Les avocats de la veuve de Mamadou Moustapha Ba exigent son audition”, rapporte Libération. Des amis du défunt ministre des Finances et du Budget “ont demandé la traduction du ministre, porte-parole du gouvernement, devant la justice”. Ils ont aussi “demandé au chef de l’État de démettre Amadou Moustapha Sarré de ses fonctions”, ajoute Libération.
Plus généralement, le quotidien EnQuête s’interroge sur les motivations de cette “sortie” qui a “provoqué une onde de choc dans le paysage politique”. “Entre les accusations de ‘maquillage des chiffres’ contre l’ancien régime et les insinuations sur la mort de l’ex-ministre des Finances, [les] propos [d’Amadou Moustapha Sarré] suscitent interrogations et polémiques.”
Pastef “s’isole” sur la loi d’amnistie
“Simple erreur de communication ou stratégie politique délibérée ?”, se demande EnQuête, tout en se gardant de répondre à la question. L’Observateur, en revanche, tente une réponse qui vaut pour ce qu’elle vaut. “La parole du gouvernement vacille” avec Amadou Moustapha Sarré, note-t-il.
Le même journal, visiblement peu surpris, y va de son commentaire : “Encore Sarré ! Le porte-parole du gouvernement s’est [encore] illustré par une sortie fracassante.”
Sud Quotidien s’intéresse à un autre sujet brûlant, la loi d’amnistie du 6 mars 2024, qui est relative aux manifestations politiques ayant secoué le Sénégal entre février 2021 et février 2024.
Concernant l’abrogation partielle de certains articles de ladite loi, le journal fait observer que les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (PASTEF), le parti au pouvoir, ”s’isole” du reste des partis et d’un certain courant de l’opinion sur cette question.
“Alors que le passage de la proposition de loi interprétative de la loi d’amnistie en commission technique de l’Assemblée nationale est prévu demain, vendredi 21 mars, le gouvernement se trouve de plus en plus isolé”, constate Sud Quotidien. Il note que ”de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer cette approche choisie par le régime” actuel, qui préfère “une relecture partielle à une suppression pure et simple de la loi”.
Le Soleil annonce que le président de la République ”lance le chantier des audits” des infrastructures publiques et des travaux inachevés. Il s’agit du PUDC, du PUMA, de l’AGETIP, de l’ADM, etc.
BK/ESF/HK