Les forces de défense et de sécurité sénégalaises sont ‘’organisées’’ et ‘’conscientes’’ de la menace sécuritaire, selon Gilles Yabi
Les forces de défense et de sécurité sénégalaises sont ‘’organisées’’ et ‘’conscientes’’ de la menace sécuritaire, selon Gilles Yabi

SENEGAL-AFRIQUE-SOCIETE-RETRO

Dakar, 28 déc (APS) – Le Sénégal est ‘’tout à fait conscient’’ de la menace résultant de la détérioration de la situation sécuritaire au Mali, au regard des efforts fournis par ses dirigeants en vue d’une plus grande présence des forces de défense et de sécurité sénégalaises à la frontière avec ce voisin, observe le directeur exécutif du groupe de recherche Wathi, Gilles Yabi.

‘’Si vous êtes dans un pays voisin à un autre où existent des groupes armés irréguliers, qu’ils soient djihadistes, terroristes ou pas, vous avez de toute façon de bonnes raisons de vous préoccuper de votre propre sécurité. Donc, oui, il y a une menace sur le Sénégal’’, a-t-il déclaré, invité par l’APS à faire une rétrospective de l’actualité géopolitique régionale de l’année 2025.

Considérant que l’évaluation du risque sécuritaire pour le Sénégal doit inciter à prendre en compte la ‘’proximité physique’’ avec le terrain sur lequel opèrent les groupes armés, M. Yabi affirme qu’il est ‘’très clair que la principale menace [contre le Sénégal] vient du Mali et, évidemment, du fait que les groupes armés ne sont plus, comme au début de cette crise il y a dix ans, au nord ou au centre du Mali seulement, mais au sud et même à l’ouest du Mali’’.

Depuis quelques mois, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, présenté comme la branche officielle  d’Al-Qaida au Mali, a investi Kayes, la région malienne la plus proche du Sénégal, en interceptant et incendiant des voitures transportant du carburant. Des actions qui ont provoqué des difficultés d’approvisionnement et des pénuries au Mali.

‘’La frontière sénégalaise n’est plus très éloignée [du Mali]. Il y a, donc, un risque, évidemment. Cela dit, je pense que l’État sénégalais est un État organisé. Les forces de défense et de sécurité sénégalaises le sont [aussi]’’, analyse Gilles Yabi, analyste politique et docteur en économie du développement.

Les pouvoirs publics sénégalais sont ‘’tout à fait conscients’’, depuis quelques années,  du fait que la situation sécuritaire dans un pays voisin comme le Mali est ‘’une menace pour sa propre sécurité’’, observe le directeur exécutif du laboratoire d’idées Wathi.

Il a remarqué ‘’beaucoup de redéploiements, beaucoup d’efforts’’ fournis par les autorités sénégalaises pour ‘’pour mieux contrôler la frontière’’ avec le Mali.

Ces mesures de sécurité servent aussi à sécuriser ‘’les richesses naturelles, l’or en particulier, dans cette partie du Sénégal’’, a ajouté Gilles Yabi, selon qui la situation sécuritaire dans le Sahel est, de manière générale, une menace pour l’ensemble des pays d’Afrique de l’Ouest.

‘’Il faut un partage de renseignements avec les pays du Sahel’’ 

M. Yabi a fait observer que les premiers groupes armés, séparatistes au début, il y a une dizaine d’années, sont partis du nord du Mali pour descendre vers le centre et les zones situées près des frontières de ce pays avec le Burkina Faso et le Niger par exemple, en substituant un agenda présenté comme djihadiste à leurs premières revendications principalement territorialistes.

D’après lui, cette évolution s’est traduite par le fait que ‘’les pays côtiers (Bénin, Togo) sont, depuis quelques années, directement atteints par des attaques’’, même si le Ghana n’en a pas encore connu.

‘’Un pays comme la Côte d’Ivoire a déjà connu des attaques, donc on voit bien comment, en dix ans, petit à petit, on a de plus en plus de zones de notre région qui sont concernées directement par l’activité des groupes armés’’, a-t-il souligné.

Gilles Yabi estime que cette propagation du djihadisme appelle à une coopération régionale, une question devenue ‘’centrale’’ pour faire face aux défis sécuritaires transnationaux.

Cela passe par ‘’un partage de renseignements entre les pays de manière à pouvoir agir collectivement ou de manière coordonnée’’, a-t-il précisé, rappelant que certaines initiatives de réponses communes comme le G5 Sahel n’ont pas obtenu les résultats espérés.

Selon lui, les coups d’État survenus dans certains pays sont une donne nouvelle en termes de configuration politique.

‘’Ça veut dire aussi un changement de l’orientation et des partenaires extérieurs qui, quand même, jouent un rôle important dans la région’’, a relevé M. Yabi.

HK/BK/ESF