Le virologue Jean-Jacques Muyembe appelle les États africains à se préparer à la réapparition de maladies endémiques
Le virologue Jean-Jacques Muyembe appelle les États africains à se préparer à la réapparition de maladies endémiques

MAROC-AFRIQUE-SANTE

De l’envoyée spéciale de l’APS, Sokhna Khadydiatou Sakho

Dakhla, 29 nov (APS) – Le professeur Jean-Jacques Muyembe, virologue et un des chercheurs à l’origine de la découverte du virus Ebola en 1976, exhorte les États africains à se préparer à une explosion de maladies endémiques, car d’‘’anciennes maladies refont surface sous forme épidémique’’.

‘’Les anciennes maladies refont surface sous forme épidémique. C’est le cas de la diphtérie, qui s’est déclarée en Afrique du Nord, en Afrique de l’Ouest, en Afrique australe et dans la Corne de l’Afrique’’, a dit M. Muyembe.

II intervenait à un panel sur la cartographie des maladies infectieuses émergentes et endémiques en Afrique. Ce panel fait partie des activités du premier sommet africain sur les systèmes de santé en Afrique, une rencontre de trois jours, qui a démarré vendredi à Dakhla, dans le sud du Maroc.

Les pays africains doivent se préparer à la réapparition de maladies endémiques, a insisté le virologue congolais (République démocratique du Congo) âgé de 83 ans.

‘’La diphtérie, par exemple, avait presque disparu mais elle réapparaît maintenant, au moment où plusieurs pays africains ne savent même pas faire les diagnostics bactériologiques’’ permettant de dépister cette maladie, a-t-il relevé.

‘’Ils doivent, donc, se préparer, d’autant plus qu’il y a eu une épidémie de diphtérie au Mali’’, a poursuivi Jean-Jacques Muyembe, insistant sur la réapparition de certaines maladies : ‘’Nous assistons de plus en plus à un retour fracassant d’anciennes maladies endémiques.’’

Selon lui, entre 177 et 219 ‘’évènements à risque modéré ou élevé ont été recensés’’ en Afrique par les épidémiologistes.

‘’Nous devons mener la lutte ensemble’’

La cartographie des maladies infectieuses est dominée maintenant par la présence et l’expansion de maladies émergentes ou ré-émergentes, dont la fièvre hémorragique Ebola et la mpox, une maladie infectieuse et contagieuse d’origine virale, a signalé M. Muyembe.

La mpox est une zoonose ‘’focalisée’’ autrefois en Afrique centrale et en Afrique de l’Ouest, a-t-il rappelé, ajoutant que, depuis la cessation de la vaccination antivariolique en 1980, les épidémies de mpox sont devenues récurrentes.

‘’La maladie a tendance à s’étendre à des régions non endémiques’’, a relevé le virologue.

Maladie endémique autrefois présente en République Démocratique du Congo et dans certains pays d’Afrique de l’Ouest, la mpox ‘’s’est répandue de nos jours, comme une traînée de poudre, dans presque tous les pays africains’’, a-t-il observé, ajoutant : ‘’Des maladies exotiques localisées en Afrique deviennent maintenant des maladies d’importance mondiale.’’

La Mauritanie et le Sénégal sont confrontés à une épidémie de fièvre de la vallée du Rift depuis plusieurs semaines, a rappelé Jean-Jacques Muyembe.

‘’On ne peut pas dire que telle maladie est la plus préoccupante’’, a-t-il dit en se réjouissant de la tenue à Dakhla du premier sommet africain sur les systèmes de santé.

‘’C’est très important de réunir, dans le contexte actuel, les chercheurs de plusieurs pays africains. Nous devons mener la lutte ensemble, d’autant plus qu’une maladie n’a pas besoin d’un passeport pour traverser une frontière’’, a affirmé M. Muyembe.

SKS/AB/ESF