Le Sénégal se donne des opportunités avec les projets de loi adoptés pour son adhésion à des institutions financières, selon les députés

SENEGAL-FINANCES-ORGANISATIONS

Dakar, 14 mars (APS) – Les quatre projets de loi autorisant le président de la République à signer des accords internationaux dans le domaine bancaire vont permettre aux pouvoirs publics sénégalais de répondre aux besoins de financement de l’État, ont assuré les députés, lors de l’examen de ces textes, ce vendredi.

Réunis en séance plénière, ils ont adopté deux projets de loi donnant l’autorisation au président de la République de ratifier la convention régissant la commission bancaire de l’UEMOA et de signer les statuts permettant au Sénégal d’adhérer à la Banque de commerce et de développement de l’Afrique de l’Est et australe.

Deux autres projets de loi adoptés par l’Assemblée nationale lors de la même séance plénière permettent au Sénégal d’intégrer deux institutions bancaires, la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures (AIIB) et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD).

“La ratification de ces projets de loi va aider à lutter contre le blanchiment de capitaux et à éviter le carnage financier fait par le régime sortant”, pense Oumar Diop.

Son collègue Abdoulaye Thomas Faye estime que l’adoption des quatre projets de loi est “une suite logique” du vote, en janvier dernier, de textes législatifs relatifs à la réglementation bancaire et à la microfinance.

“C’est une suite logique, d’autant plus que la commission bancaire de l’UEMOA, autorité de contrôle et de supervision, a un rôle important à jouer dans la préservation de la solidité et de la stabilité du système financier et bancaire des pays membres”, a argué M. Faye.

Ismaïla Diallo estime qu’il y a des avantages à faire partie des banques et institutions financières en question.

“C’est ici, à l’Assemblée nationale, qu’on a validé un budget déficitaire pour l’année 2025. Il y a des besoins de financement, donc. C’est normal de voir comment combler ce gap”, a-t-il fait valoir.

Ousmane Diouf s’est réjoui de “l’approche innovante de la diplomatie économique sénégalaise”, avant d’encourager le gouvernement à rester sur “la voie empruntée”, consistant à diversifier les partenaires en matière financière et bancaire.

“Nous sommes dans un contexte mondial difficile, sur les plans économique et financier. Il faut, donc, trouver […] des options concessionnelles”, a ajouté M. Diouf.

— “Une réponse pragmatique à la pression financière” — 

Son collègue Abdou Ahad Ndiaye pense que c’est “une opportunité historique” pour le Sénégal d’intégrer la Banque de commerce et de développement de l’Afrique de l’Est et australe, la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement.

Ce sont des opportunités à saisir, d’autant plus que le gouvernement doit trouver les moyens de financer son plan de développement “Sénégal 2050” et sa stratégie nationale de développement 2025-2029, selon M. Ndiaye.

L’adoption des quatre projets de loi n’est pas une simple formalité, mais “une réponse pragmatique à la pression financière qui pèse sur notre économie en lambeaux”, a-t-il soutenu.

Cette ouverture vers d’autres partenaires financiers va permettre au Sénégal d’accéder à de nouvelles ressources et technologies, à “des marchés indispensables à [son] développement économique” également, selon Abdou Ahad Ndiaye.

Cheikh Ahmed Tidiane Youm juge “logique” l’adoption des quatre projets de loi par l’Assemblée nationale.

Mieux, le Sénégal doit avoir une banque nationale, a-t-il affirmé, rappelant que le gouvernement en a déjà fait la promesse.

— “Souveraineté bancaire” — 

Tafsir Thioye considère l’adoption des quatre projets de loi comme un “ancrage du Sénégal dans le FMI”, le Fonds monétaire international.

Mais le plus important, à son avis, c’est de “faire du secteur privé le moteur de notre développement”.

Samba Dang a demandé à la ministre de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères, Yassine Fall, si l’adhésion du Sénégal à ces institutions financières va engendrer des dépenses imprévues lors de l’adoption du budget de l’État pour cette année.

À son avis, le Sénégal ferait mieux de renforcer sa présence au sein de la BIDC, la Banque d’investissement et de développement de la CEDEAO.

Les députés Awa Seck et Daba Wagnane disent craindre que le Sénégal en arrive à perdre sa “souveraineté bancaire” à cause d’une forte diversification des partenaires financiers et la dépendance envers certains d’entre eux.

Aïssata Tall Sall, tout en acceptant de voter les projets de loi, a fait part de ses réserves, quant à l’adhésion du Sénégal à la BERD.

— Un potentiel contributeur aux financements dont le pays a besoin — 

Yassine Fall rappelle, dans un rapport élaboré par l’Assemblée nationale en prélude à l’adoption des quatre projets de loi, que le processus d’adhésion du Sénégal à la BERD a été entamé en octobre 2023.

“Dans cette optique, le gouvernement a souscrit à 203 actions du capital social” de ladite banque, a-t-elle dit.

Cette adhésion est conditionnée à quelques procédures, dont le dépôt de l’instrument de souscription des actions libérées et l’avis juridique attestant de la conformité du même instrument avec les lois nationales.

Le Sénégal a entamé en 2019 le processus d’adhésion à l’AIIB, a rappelé Mme Fall, estimant que cette institution financière est un potentiel contributeur aux financements dont le pays a besoin pour investir dans les infrastructures, l’énergie, les transports, etc.

La contribution du Sénégal au capital de la Banque de développement des États de l’Afrique de l’Est et australe s’élève à 434.550.884 francs CFA, indique le rapport parlementaire en citant Yassine Fall.

“Le Sénégal a souscrit à 62 actions de catégorie A, dont 20 % à libérer sur une période de cinq ans et 72 actions représentant un montant de 5 milliards de dollars américains”, est-il écrit dans le même rapport.

Yassine Fall assure que “l’entrée du Sénégal dans le capital de ces banques va permettre de renforcer [les] fonds et [les] dotations” du pays.

FD/ESF/BK

Stay Updated!

Subscribe to get the latest blog posts, news, and updates delivered straight to your inbox.

By pressing the Sign up button, you confirm that you have read and are agreeing to our Privacy Policy and Terms of Use