Le rôle ‘’capital’’ joué par Paulin Soumaro Vieyra dans la production cinématographique mis en exergue
Le rôle ‘’capital’’ joué par Paulin Soumaro Vieyra dans la production cinématographique mis en exergue

SENEGAL-ARCHIVES-CINEMA

Dakar, 28 oct (APS) – Le Sénégal, à travers la direction de la cinématographique (DCI), a célébré lors de la journée mondiale du patrimoine audiovisuel, le centenaire du cinéaste et théoricien du 7e art, Paulin Soumanou Vieyra (1925-2025), mettant en exergue le rôle ‘’capital’’ qu’il a joué dans la production cinématographique à travers le service des ”Actualités sénégalaises’’.  

‘’La journée mondiale du patrimoine audiovisuel coïncide avec le centenaire de la naissance de Paulin Soumano Vieyra, nous avons jugé nécessaire de faire un panorama d’archives sur cette personnalité qui a joué un rôle capital dans la production cinématographique, surtout dans les actualités sénégalaises’’, a dit, lundi, Maïmouna Diouf, responsable des archives audiovisuelles de la DCI

Le réalisateur et producteur béninois d’origine et sénégalais d’adoption, Paulin Soumanou Vieyra est décédé, il y a 38 ans, précisément le 4 novembre 1987, à l’âge de 62 ans. 

De 1960 à 1975, Paulin Soumanou Vieyra a été le directeur du service des actualités sénégalaises qui accompagnait partout dans le monde le premier président de la République du Sénégal Léopold Sédar Senghor, a-t-elle rappelé. 

Selon elle, ‘’il a contribué massivement à la production des actualités sénégalaises’’.

Les actualités sénégalaises, un service cinématographique mis en place par l’Etat, était chargé de produire des films documentaires et des reportages sur la vie nationale. Ces productions étaient projetées dans les salles de cinéma avant les films à l’affiche.

A travers ce service, l’Etat a documenté les grands moments de la vie politique, sociale et culturelle du pays, ‘’tout en posant les bases d’un regard africain sur l’image’’.  

Le rôle ‘’capital’’ joué par Paulin Soumaro Vieyra dans la production cinématographique mis en exergue

Une exposition de photos d’archives montre Paulin S. Vieyra à l’œuvre faisant ‘’un travail mémoriel important”.

Il était dans différents endroits du monde comme lors du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) créé en 1969, et des rencontres cinématographiques à travers l’Europe, l’Amérique, etc.

On le voit aussi en image avec le cinéaste sénégalais, Ousmane Sembène en conférence de presse le 6 mai 1968 lors de la sortie du film ‘’Le Mandat’’ qu’il a produit, et avec le comédien Douta Seck lors du tournage de son film ‘’En résidence surveillée’’ son seul long métrage réalisé en 1981.

Sur une image, Paulin Soumanou Vieyra discute avec le président du Burkina Faso, Thomas Sankara et sur d’autres clichés, il parle avec le fondateur de la revue ‘’Présence Africaine’’, Alioune Diop et avec le réalisateur et directeur de la photo Robert Caristan, un des membres du groupe avec qui il a tourné ‘’Afrique sur seine’’ en 1955.

Pour le formateur et consultant en cinéma, Modibo Diawara, Paulin Soumanou Vieyra est ‘’fondateur d’une traduction cinématographique émergente du continent africain’’.

‘’Dans les années 1930, les jeunes qui s’intéressaient au cinéma butaient sur cette possibilité d’aller au pays pour faire leur film avec le décret Laval. Ils se sont dit qu’il nous fallait des compétences et Paulin a eu cette chance d’aller à l’IDHEC (Institut des hautes études cinématographiques) devenu aujourd’hui la FEMIS (France)’’, explique-t-il.

Le décret Laval est une loi adoptée le 8 mars 1934 visant à contrôler le contenu des films tournés dans les colonies africaines françaises. Elle a été utilisée pour empêcher les cinéastes africains et étrangers de filmer en Afrique.

Il a insisté sur le fait que ce groupe constitué de Paulin, Jacques Mélo Kane, Robert Caristan et Mamadou Sarr ait réussi à faire ce film ‘’Afrique sur Seine’’ en contournant cette interdiction, et à aller au-delà d’un individu isolé qui voulait faire un film.  

Le rôle ‘’capital’’ joué par Paulin Soumaro Vieyra dans la production cinématographique mis en exergue

‘’Cela a concerné un groupe [africains filmmakers] qui avait des idéaux et qui partageait une volonté ferme de revaloriser leurs cultures et leurs identités propres. (…) Faire un film certes, mais faire un film pour atteindre un public africain a été la deuxième dynamique’’, a souligné M. Diawara.

Il a ajouté qu’au-delà du collectif, le groupe a mis en place un ensemble d’outils de résistance avec les différents manifestes à Alger (Algérie), Ouagadougou (Burkina Faso), Harare (Kenya), la création de festivals comme les Journées cinématographiques de Carthage en Tunisie, et le Fespaco et la création de la Fédération panafricaine des cinéastes (Fepaci), etc.

Paulin Soumanou Vieyra a été ”un formateur et un passeur de savoir”, a pour sa part dit le journaliste et critique de cinéma Baba Diop qui relève le rôle ‘’d’éveilleur de conscience’’ joué par le réalisateur du film ‘’Lamb’’ (1963).

Le cinéaste Moussa Sène Absa qui dit n’avoir pas connu Paulin Soumanou Vieyra, mais plutôt sa femme (l’Antillaise Myriam Warner-Vieyra 1939-2017) professeur d’anglais au lycée, salue ‘’le travail collégial’’ qui a prévalu à cette époque et fait la force du cinéma africain et de l’empreinte portée au cinéma mondial.

Un colloque sur le centenaire de Paulin Soumanou Vieyra est prévu les 3 et 4 novembre prochains à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis.

FKS/ASB/HB/MTN