SENEGAL-DEVELOPPEMENT-STRATEGIE
Dakar, 15 déc (APS) – Le Programme d’appui au développement économique et social du Sénégal (PADESS) privilégie une ‘’approche holistique’’ pour améliorer l’impact de ses interventions sur les populations vulnérables, a indiqué sa coordonnatrice, Aïssatou Ayo Ba Diop, dans un entretien accordé à l’APS.
Financé par la coopération italienne à hauteur de 12 milliards de francs CFA, le PADESS vise l’autonomisation des femmes et des groupes vulnérables dans une perspective de développement durable.
’’Une approche holistique est indispensable pour impacter nos cibles. Nous considérons qu’il n’existe pas de personnes vulnérables en soi, c’est leur contexte social, économique ou territorial qui les rend vulnérables’’, a expliqué Mme Diop.
À l’en croire, c’est dans cette logique que le programme a segmenté ses bénéficiaires afin de proposer des offres adaptées à chaque catégorie.
‘’Nous ne pouvions pas offrir la même chose à tout le monde. La segmentation nous a permis d’adapter nos interventions pour créer des opportunités d’emploi et de revenus’’, a-t-elle ajouté.
Pour les groupes les plus vulnérables, le PADESS a mis en place un guichet social dédié aux ménages inscrits au Registre national unique (RNU).
‘’Il fallait trouver des mécanismes pour accompagner cette frange habituellement exclue des systèmes économiques, conformément à notre dynamique de ne laisser personne en rade’’, a indiqué la coordonnatrice du PADES.
Quatre guichets et des mécanismes variés
Sur cette base, les bénéficiaires ont reçu des bourses économiques, allant de 50 000 à 200 000 francs CFA et ont été structurés en réseaux territoriaux.
‘’Il n’était pas question de dissocier l’économique du social. Notre objectif est d’intégrer ces acteurs dans la chaîne de valeur pour renforcer l’économie locale’’, a souligné Aïssatou Ayo Ba Diop.
Mme Diop s’est félicitée de l’émergence de réseaux de bénéficiaires dans toutes les communes prioritaires du PADESS. ‘’Ces femmes, auparavant absentes des instances de gouvernance locale, ont développé un leadership remarquable. Elles contribuent désormais activement au tissu économique et social de leur localité’’, a-t-elle déclaré.
Ces réseaux bénéficient d’un accompagnement en renforcement des capacités, gestion économique, éducation financière et structuration organisationnelle afin de les préparer à ’’passer à l’échelle’’.
L’accès à la couverture maladie universelle et l’engagement à pratiquer l’épargne figurent parmi les conditions préalables.
La coordonnatrice a signalé que les mécanismes d’accompagnement diffèrent selon les catégories ciblées.
‘’Dans les régions de Dakar, Kaolack et Sédhiou, nous avons identifié des filières porteuses où les femmes interviennent le plus. Le travail s’est fait avec les services techniques déconcentrés, du diagnostic de l’idée de projet jusqu’à sa validation’’, a-t-elle expliqué.
Dons d’actifs, services financiers décentralisés et intégration des ‘’daaras’’’
Les montants des financements varient entre 200 000 et 25 millions de francs CFA selon la capacité des bénéficiaires.
Mme Diop a souligné que les discours affirmant que les pauvres ne peuvent pas épargner doivent être nuancés. ’’Un financement d’un milliard de francs CFA destiné à 8 000 membres du Réseau des bénéficiaires de bourses économiques (REBEC) a généré plus de 100 millions d’épargne propre. La preuve que c’est possible’’, a-t-elle affirmé.
Elle rappelle que le PADESS dispose de quatre guichets spécifiques afin de mieux répondre aux besoins de chaque catégorie. ‘’Mais la plus grande plus-value reste la dynamique immatérielle’’, à savoir ‘’la responsabilisation des communautés et le changement de paradigme dans les approches’’, a-t-elle souligné.
Les communautés sont impliquées dès l’identification des projets. ‘’Cette appropriation locale nous rassure quant à la durabilité de nos interventions’’, a-t-elle déclaré.
Mme Diop a indiqué qu’une stratégie de partenariat avec les services financiers décentralisés (SFD) était prévue afin d’assurer un financement adapté aux groupes cibles, avec un taux d’intérêt plafonné à 5 %.
‘’Nous avons également intégré les dons d’actifs, sous forme de subventions d’équipements, pour contourner les contraintes liées à la lourdeur du crédit auxquelles font face les femmes, les jeunes, les porteurs d’initiatives et les familles productives’’, a-t-elle précisé.
Elle a ajouté que le PADESS travaille à intégrer des Délégués à l’accompagnement et au renforcement de l’autonomie (DARA) dans son dispositif, afin de les autonomiser dans la gestion des enfants et de contribuer à la construction d’un incubateur de métiers agricoles.
Selon Mme Diop, le principal défi reste ‘’le passage à l’échelle’’ dans d’autres communes prioritaires. Elle a insisté sur la nécessité d’identifier de nouveaux axes d’intervention et de mettre en place des dispositifs locaux capables d’apporter des réponses adaptées aux besoins spécifiques des communautés.
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