SENEGAL-ENERGIE
Dakar, 16 déc (APS) – La coordonnatrice nationale de la Plateforme des acteurs de la société civile pour une transition énergétique juste (PACTEJ), Fatima Diallo, a relevé, mardi, à Dakar, les ‘’limites structurelles’’ du modèle de production d’électricité du Partenariat pour une transition énergétique juste (JETP), une initiative gouvernementale sénégalaise visant à faciliter l’accès universel à l’énergie.
Le JETP a été élaboré pour ‘’alimenter le réseau national de la SENELEC’’, a signalé Mme Diallo en rappelant que de nombreux villages ne sont pas connectés au réseau de distribution de la Société nationale d’électricité du Sénégal.
‘’Le modèle de production d’électricité du JETP est un modèle conçu pour approvisionner en énergie les grandes centrales, les grandes unités énergétiques du réseau national de distribution de la Société nationale d’électricité. Il ne couvre pas tout le territoire’’, a-t-elle observé.
Or, ‘’beaucoup de villages ne sont pas encore connectés à ce réseau de distribution d’énergie électrique’’, a relevé Fatima Diallo dans un entretien avec l’APS, considérant que ce constat est un obstacle à l’atteinte de l’objectif du Partenariat pour une transition énergétique juste.
Le recours à des ‘’modèles décentralisés’’
‘’Cette approche de production et de distribution basée sur la SENELEC ne favorise pas l’accès des villages à l’électricité’’, a insisté la coordonnatrice nationale de la PACTEJ, une instance réunissant des organisations de la société civile prenant part à la réalisation du JETP.
Pour mieux faire comprendre l’obstacle relevé, Mme Diallo a donné l’exemple de la centrale solaire de Bokhol (20 mégawatts), construite dans ce village du département de Dagana (nord).
‘’Cette centrale solaire considérée comme la plus grande d’Afrique de l’Ouest fait partie des initiatives du Sénégal visant à diversifier le mix énergétique et à fournir de l’électricité à un grand nombre de foyers’’, a-t-elle rappelé.
Mais ‘’la réalité, c’est que la plupart des localités situées autour de Bokhol n’ont pas jusqu’à présent accès à l’électricité. Pourtant, on a récupéré leurs terres pour construire cette centrale’’, a signalé la coordonnatrice nationale de la PACTEJ.
La Plateforme des acteurs de la société civile pour une transition énergétique juste propose, selon Fatima Diallo, le recours à des ‘’modèles décentralisés’’, en remplacement de l’approche adoptée pour la réalisation du JETP.
Le JETP, un investissement d’environ 1 640 milliards de francs CFA
Les modèles que recommande la PACTEJ intègrent des solutions de production d’électricité hors-réseau, dont les mini-centrales solaires locales. Cela peut consister, par exemple, à réunir des villages ou des communes autour d’un modèle de production énergétique, afin d’atteindre l’objectif d’accès universel à l’électricité, d’ici à 2030, a expliqué Mme Diallo.
‘’C’est ce que l’Afrique du Sud, premier pays africain à s’engager dans le JETP, a fait pour élargir l’accès universel à l’électricité’’, a-t-elle dit.
Le Partenariat pour une transition énergétique juste est une initiative que met en œuvre l’État du Sénégal à la suite d’un accord signé en 2023 par le président sénégalais de l’époque, Macky Sall, avec des dirigeants de la France, du Canada, de l’Union européenne et du G7, l’organisation des sept pays les plus industrialisés du monde.
Son objectif est de faciliter l’accès de tous les Sénégalais à l’électricité et d’accélérer la transition énergétique, avec un mix énergétique comprenant 40 % d’énergies renouvelables, d’ici à 2030. Pour sa mise en œuvre, le Canada, la France et le G7 ont promis d’investir environ 1 640 milliards de francs CFA au Sénégal.
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