SENEGAL-CULTURE-RETRO
Dakar, 28 déc (APS) – Le Forum national du livre et de la lecture, tenu en octobre à Dakar, et le premier Festival ouest-africain des arts et de la culture (Ecofest), organisé au Sénégal du 30 novembre au 6 décembre, par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union économique et monétaire ouest africain (Uemoa), font partie des évènements culturels majeurs de cette année.
Initialement prévu le 10 juillet, le Forum national du livre et de la lecture a été reporté. Il s’est tenu les 16 et 17 octobre, à Dakar, sous l’égide du ministre de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme, avec la contribution des départements chargés de l’Éducation nationale, de la Formation professionnelle et technique, de l’Enseignement supérieur, des Collectivités territoriales, etc.
L’organisation de cet évènement, une initiative du président de la République, visait à soutenir ‘’les efforts fournis en matière de promotion du livre et de la lecture, les publications nationales et africaines notamment’’.
Elle résultait du constat des pouvoirs publics relatif à l’urgence de restructurer et de renforcer le Fonds d’aide à l’édition créé en 2004 et opérationnel depuis 2009, avec un budget annuel de 600 millions de francs CFA.
‘’La culture est notre meilleur levier’’
Le Forum national du livre et de la lecture s’ajoutait aussi à l’ambition de développer une politique innovante de modernisation des bibliothèques et des salles de lecture des établissements scolaires et universitaires, à la lumière des opportunités et innovations du numérique, qui favorisent l’essor du livre numérique.
Le Forum national du livre et de la lecture est ‘’un moment fondateur d’un dialogue sincère et d’un pacte renouvelé entre l’État et les acteurs du livre’’, a dit le chef de l’État, soulignant que ‘’la souveraineté culturelle et intellectuelle passe aussi par la reconquête de notre parole propre’’.
Il a salué, par la même occasion, ‘’le travail admirable’’ des femmes et des hommes du sous-secteur du livre et de la lecture, dont l’engagement traduit ‘’un patriotisme éclairé et une citoyenneté assumée’’.

L’année 2025 coïncide aussi avec la première édition du Festival ouest-africain des arts et de la culture, une initiative de la CEDEAO et de l’Union économique et monétaire ouest-africaine.
‘’Mutations et crises politiques en Afrique de l’Ouest : que peut faire la culture ?” était le thème de l’Ecofest, un évènement considéré comme une traduction de la volonté des chefs d’État de la région de faire de la culture ‘’un véritable levier d’intégration’’, selon le ministre sénégalais de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme, Amadou Ba.
‘’Pour nous, au-delà des activités artistiques et culturelles, il s’agit de célébrer l’intégration, la cohésion sociale et la paix’’, a expliqué Fatou Sow Sarr, la commissaire chargée du développement humain et des affaires sociales à la CEDEAO.
À l’ouverture de cette manifestation qui a réuni quelque 5 000 invités de 12 pays de la région, le Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, a déclaré : ‘’L’actualité géopolitique nous rappelle, avec force, qu’aucun acquis politique ou économique n’est éternel, s’il n’est cimenté par la culture. Face aux crises sécuritaires, économiques et environnementales qui sèment la méfiance et menacent nos communautés, la culture est notre plus puissant rempart et notre meilleur levier.’’
Cinquantième anniversaire des carrières de Souleymane Faye et Cheikh Lo
L’année 2025 a été marquée aussi, dans le secteur de la culture, par la célébration du centenaire de la naissance de Paulin Soumanou Vieyra (1925-1987), cinéaste et théoricien du septième art.
La célébration du centenaire de la naissance de ce réalisateur et critique de cinéma sénégalais d’origine béninoise a mis en exergue le rôle ‘’capital’’ qu’il a joué dans la production cinématographique, par le biais du service des ‘’Actualités sénégalaises’’.
Le réalisateur de ‘’Lamb’’ (1963) fut le premier Africain diplômé de l’IDHEC, l’Institut des hautes études cinématographiques, une école française de cinéma, basée à Paris, devenue l’École nationale supérieure des métiers de l’image et du son.
Paulin Soumanou Vieyra a réalisé au total 32 films, dont un seul long métrage, ‘’En résidence surveillée’’, qui a été projeté le 14 décembre dernier aux Journées cinématographiques de Carthage, en Tunisie.
L’université Gaston-Berger de Saint-Louis (nord) lui a rendu hommage au cours d’un colloque international organisé les 3 et 4 novembre, lors du 38e anniversaire de sa disparition, le 4 novembre 1987, à l’âge de 62 ans.

Le Sénégal a également abrité un colloque international dédié au centenaire de la naissance du penseur et militant anticolonialiste martiniquais Frantz Fanon (1925-1961), du 17 au 20 décembre. Cent vingt délégations venues de 23 pays y ont participé, selon les organisateurs.
Le Théâtre national Daniel-Sorano, créé en 1965, a également fêté son 60e anniversaire, le 17 juillet, avec des spectacles revisitant le passé de ce temple culturel.
Les chanteurs sénégalais Cheikh Lo et Souleymane Faye ont célébré le 50e anniversaire de leur carrière en 2025, l’orchestre Super Diamono, d’Omar Pène, également.
La revue Éthiopiques et la Fondation Léopold-Sédar-Senghor ont fêté, le 18 décembre, le cinquantenaire de leur création, en présence d’un parterre d’universitaires et de nombreux acteurs de la culture.
‘’Arva’’, un titre marquant de l’année
Concernant la création, le tube ‘’Arva’’, de Jahman X-Press, sorti en août en featuring avec Souleymane Faye, Kiné Lam et Soda Mama Fall, a rythmé les quatre derniers mois de l’année. Plus de 34 millions de vues ont été dénombrées sur la plateforme de partage de vidéos YouTube, en trois mois.
En 2025, le Sénégal a été endeuillé par le décès de l’actrice Marième Niang, dite Myriam Niang, décédée le 11 janvier, à l’âge de 70 ans, à New York où elle résidait depuis quelques années.
Un des visages les plus emblématiques du septième art africain, Myriam Niang a marqué profondément les esprits par sa prestance, son audace, sa silhouette longiligne et son regard perçant, qui imposait silence et contemplation dans le film ‘’Touki Bouki’’ (1973), chef-d’œuvre surréaliste de Djibril Diop Mambéty (1945-1998).
La chanteuse Adja Dial Mbaye, une figure de la musique traditionnelle sénégalaise des années 1980 et 1990, est décédée aussi le 14 octobre. La défunte s’était imposée sur la scène artistique, à une époque où la musique traditionnelle était en vogue.
Quelques jours après, le 20 octobre, le président de l’Association nationale des communicateurs traditionnels du Sénégal, Abdoul Aziz Mbaye, disparaissait à Dakar, à l’âge de 73 ans. La disparition de Mame Less Thioune, tambour-major et ancien pensionnaire du Théâtre national Daniel-Sorano, le 29 novembre dernier, celle du chanteur de Thiès, Dialy Ibrahima Seck plus connu sous le nom de Dialy bou Nioul le 24 décembre et celle de la chanteuse Khar Mbaye Madiaga, le 27 décembre, apportent une note encore plus triste à l’année 2025.
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