SENEGAL-FRANCE-MEMOIRE
Dakar, 17 déc (APS) – Le colloque international sur le centenaire de la naissance du penseur panafricaniste Frantz Fanon (1925-1961) qui s’ouvre à partir de 16 heures, au Musée des civilisations noires de Dakar, ambitionne de s’inspirer des écrits du révolutionnaire martiniquais pour repositionner l’Afrique et sa diaspora au centre.
‘’On s’est dit qu’on va bien évidemment revisiter les écrits de Fanon, son parcours, non pas seulement pour commémorer, voire célébrer, mais pour voir en quoi cette œuvre-là porte un regard qui pourrait nous permettre aujourd’hui de repositionner l’Afrique et sa diaspora au centre’’, explique le directeur général du MCN, Mouhamed Abdoullah Ly.
L’idée de ce colloque consiste à ‘’partir de Fanon pour véritablement re-sémantiser, donner un nouvel élan à toute la production scientifique de Fanon, de Cheikh Anta Diop et de tous ces grands penseurs qui ont fait les congrès des artistes intellectuels noirs pour aujourd’hui regarder le monde à partir de l’Afrique.
‘’Nous souhaitons penser par nous-mêmes, pour nous-mêmes, nous inscrire dans le temps du monde et recentrer, comme je l’ai dit, l’Afrique à partir d’une perspective géopolitique, culturelle et scientifique plutôt audacieuse’’, a insisté le directeur général du Musée des civilisations noires dans un entretien avec l’APS.
Selon Mouhamed Abdoullah Ly, cette rencontre de trois jours (17-20 décembre) porte sur le thème ‘’L’espérance africaine’’ et vise plusieurs objectifs.
Il s’agit de voir comment s’inspirer de Fanon pour élaborer des stratégies géopolitiques, culturelles et scientifiques axées sur ‘’ce remembrement-là attendu entre l’Afrique et sa diaspora’’.
A travers diverses thématiques, les différents participants, venant des quatre coins du monde, ‘’vont repenser’’ la question de l’héritage des luttes d’émancipation, revisiter en quelque sorte les écrits de Fanon et avoir un regard croisé à partir de différentes perspectives.
Cent-vingt intervenants parmi lesquels 65 viennent de l’étranger (Afrique, Amérique latine, Nouvelle-Calédonie, Amériques du nord) vont participer à ce colloque initié par la fondation Fanon et le Musée des civilisations noires.
En plus d’universitaires, des artistes et intellectuels de manière générale sont attendus à cette rencontre, ‘’puisqu’on s’était dit justement qu’on ne souhaitait pas un colloque où on serait dans l’entre-soi universitaire, académique, mais un colloque ouvert aux artistes et aux intellectuels, aux militants, qui sont notoirement identifiés comme de véritablement autorités sur ces questions-là’’.
‘’On a souhaité véritablement avoir cette hétérogénéité pour un croisement fréquent des regards. On va également nous interroger sur un certain nombre de notions qui sont extrêmement importantes, à savoir la souveraineté, le panafricanisme, avoir également une réflexion sur les notions de race, de classe, de l’actualité, la question de la Palestine sera abordée’’, a détaillé le directeur général du Musée des civilisations noires.
‘’Le but est de penser à partir de là, qu’il y aura un regard tout à fait fécond. Aussi bien en termes de relecture qu’en termes de projection sur l’avenir’’, ajoute-t-il.
Pour Mouhamed Abdoullah Ly, il est par ailleurs attendu du colloque qu’il contribue à vulgariser davantage la pensée et les écrits de Fanon auprès de la jeunesse.
Une tournée a été effectuée, selon lui, toute l’année dans différents lycées du Sénégal, notamment à Thiaroye, Yeumbeul, aux Parcelles Assainies, au lycée Limamoulaye, à Blaise Diagne, Delafosse et même dans les régions.
‘’Nous sommes allés dans les lycées pour faire des ateliers pédagogiques avec des supports qui avaient été conçus par l’historienne et spécialiste de l’école Céline Labrine-Badiane, qui a travaillé en rapport avec les services de l’éducation du Musée des civilisations noires’’, explique le chercheur et ancien directeur du Laboratoire des études sociales de l’Institut fondamental d’Afrique noire, rattaché à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar.
Des ateliers pédagogiques ont été organisés, et avec la compagnie de théâtre Brrr, basée à Dakar, ‘’une reproduction a été faite sur le penseur martiniquais parce que Fanon était attaché au théâtre et en a produit’’.
Au fond, fait savoir le DG du Musée des civilisations noires, les objectifs du colloque ont commencé depuis les premières discussions avec la Fondation Fanon et les deux premiers partenariats noués pour accompagner le musée.
FKS/BK/ASB

