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Dakar, 29 oct (APS) – La loi portant interdiction des mutilations génitales féminines (MGF) est au cœur d’une nouvelle campagne visant son application effective et l’éradication totale de cette pratique au Sénégal, a indiqué, mercredi, à Dakar, le président de la Fédération nationale des organisations pour la promotion de l’abandon des MGF (FENOPAME), Gabriel Sagna.
“Pour nous, c’était le prétexte de pouvoir revisiter un peu cette loi-là, 26 ans après son adoption. Il était temps qu’ensemble, nous puissions échanger, compte tenu des obstacles et des défis constatés dans nos différentes régions, surtout celles à forte prévalence”, a déclaré M. Sagna.
Il s’exprimait en marge d’un atelier de soixante-douze heures destiné à créer un espace d’échanges et de plaidoyer entre les ministères sectoriels, les parlementaires, les autorités locales, religieuses et coutumières et la société civile pour une meilleure implémentation de la loi 99-05.
Adoptée le 29 janvier 1999, elle interdit toute forme d’atteinte à l’intégrité génitale féminine, dont l’ablation total ou partiel des organes génitaux, l’infibulation et l’insensibilisation.
Ces délits sont passibles d’une peine d’emprisonnement de six mois à cinq ans ou la perpétuité.
Cette loi incrimine non seulement la perpétration, l’instigation, la préparation et/ou l’assistance à un acte de MGF, mais aussi le non-signalement d’incident lié à une MGF ainsi que la pratique transfrontalière.

“La loi n’est pas uniquement pour condamner, elle est aussi dissuasive”, a fait observer Gabriel Sagna, relevant au passage une “baisse considérable” des cas d’excision au Sénégal.
Il estime cependant que des efforts restent à faire pour rendre cette loi plus efficace afin d’aboutir à l’abandon définitif de la pratique des mutilations génitales féminines.
Il a appelé les représentants des pays frontaliers, en l’occurrence la Gambie, la Guinée-Bissau, la République de Guinée, le Mali et la Mauritanie, à une plus grande mutualisation des efforts pour faire chuter la prévalence des MGF.
La directrice de la famille au ministère de la Famille, de l’Action sociale et des Solidarités, Rokhaya Diakhaté, a fait observer que les pratiques liées aux mutilations génitales féminines demeurent “une norme sociale dans certaines communautés conservatrices”.
Elle préconise, face à cette situation, une sensibilisation accrue couplée à des activités de plaidoyer auprès des populations.
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