”La Magie du symbole” ou le clin d’œil au passé pour trouver des solutions aux maux qui gangrènent l’école
”La Magie du symbole” ou le clin d’œil au passé pour trouver des solutions aux maux qui gangrènent l’école

SENEGAL-EDUCATION-LITTERATURE-ANALYSE

Dakar, 22 nov (APS) – Le roman ”La magie du symbole” de l’écrivain sénégalais et formateur en portugais, Babou Diatta, édité en 2023 aux éditions Harmattan Sénégal, fait la radioscopie d’une école grangrènée par les grèves et invite à prendre ce qu’il y a de meilleurs dans les anciennes pratiques pédagogiques, considérées comme une source de réussite et d’épanouissement tant scolaire que professionnelle.

Préfacé par Pr André-Marie Diagne Bonané, cet ouvrage de 265 pages, évoque le cas du Lycée Georges Tampy’’, situé dans l’un des quartiers de la banlieue de la capitale. L’établissement faisait partie des meilleures écoles du pays durant l’époque coloniale.

Mais il a sombré petit à petit à cause des situations incontrôlables provoquées par ses pensionnaires, entre les grèves des enseignants et des élèves. 

Au lycée Georges Tampy, les choses allaient de mal en pis. Les grèves récurrentes lui ont valu une réputation sur la scène tant nationale qu’internationale.

Cette réputation, aussi mauvaise soit-elle, suscitait la curiosité des touristes qui venaient filmer des spectacles désolants auxquels ils assistaient au sein de l’école.

Malgré le passage d’éminentes personnalités politiques, religieuses, spécialistes internationaux et autres, pour trouver des pistes de solutions, la situation restait sans issue.

Les élèves persistaient dans leur comportement antisystème jusqu’à faire de l’école un ‘’far west’’. Divisés à cause de leur clivage politique, les enseignants quant eux, s’adonnaient à des pratiques peu orthodoxe, au grand désarroi des autorités étatiques et scolaires.

Le mal avait tellement atteint son paroxysme qu’un célèbre écrivain du pays du nom de ‘’Jamil’’ prit l’initiative d’organiser une conférence avec les élèves et professeurs du lycée ‘’Georges Tampy’’, pour leur parler du bien fondé de la lecture.

Cette rencontre avait créé un sursaut de changement grâce à la décision du proviseur dénommé ‘’Zoba’’ de restaurer le ‘’symbole’’, pour relever le niveau des enfants en français et booster leurs résultats scolaires.

La nouvelle fut accueillie avec enthousiasme au sein de la communauté scolaire qui a fini par porter ses fruits, malgré un début difficile.

Défaillance, dénonciation et prise de conscience

Ce roman est une fiction mettant avant tout, en lumière, la défaillance du système éducatif national.

L’auteur, par ses arguments dénonce, les tares de la société démontrés à travers la corruption, les actes de vandalisme, l’intolérance, les discours démagogiques, l’insouciance, le manque de patriotisme et de volonté, entre autres.

Avec un style simple et des métaphores, l’auteur n’hésite pas à pointer du doigt tous les acteurs œuvrant au sein de l’éducation nationale.

Il ne dénonce pas seulement les autorités étatiques face à leur léthargie dans la prise de décisions susceptibles d’améliorer et de rehausser le système éducatif. Il met également les enseignants, parents d’élèves et élèves face à leurs propres responsabilités.

‘’La magie du symbole’’ est un cri d’alarme face aux différents défis que rencontrent les apprenants et leurs enseignants. Il dénonce les mauvaises conditions de travail et lance également un appel à la rescousse.

 L’auteur déplore clairement l’impuissance des autorités face à certaines situations qui leur échappaient.

Le roman met aussi en lumière l’inaction des parents. Il dénonce leur passivité face aux dérives de leurs enfants.

Les parents sont perçus comme démissionnaires dans plusieurs passages de cet ouvrage.

Le ”symbole”, cet objet utilisé à l’époque coloniale pour forcer les élèves à parler français à l’école, pourrait-il devenir un outil efficace pouvant obliger la nouvelle génération à renouer avec la lecture et cette langue d’apprentissage? Quelle est la place du français, langue officielle de travail et d’apprentissage dans nos pays, après plus de 60 ans d’Independence?

Telles sont les différentes questions que pourront se poser les lecteurs, en parcourant ce roman, assez comique, riche en émotions et connaissances.

Au-delà du questionnement sur la pertinence de la langue française, l’auteur met également en exergue la prise de conscience des uns et des autres sur la valorisation des langues locales.

L’ouvrage est une invite à la prise de conscience face un système éducatif en défaillance et un recours aux anciennes pratiques d’apprentissages.

Il appelle toutes les couches sociales à prendre leur destin à bras le corps, pour changer les choses.

‘’La magie du symbole’’ est aussi un plaidoyer pour revoir le système éducatif et s’investir à fond dans l’éducation des enfants, peu importe leur milieu social.

L’auteur Bouba Diatta est un écrivain sénégalais et formateur au Centre régional de formation des personnels de l’Education (CRFPE) de Thiès. Il est également l’auteur du roman ‘’L’horizon voilé’’ paru en 2018, à l’Harmattan Sénégal.

Il a remporté cette année le Prix spécial des Francopholires organisé par le festival des littératures francopholines qui s’est déroulé du 21 au 28 septembre dernier à Saint-Ciq-Souillaguet en France.

AMN/ADL/OID