SENEGAL-AGRICULTURE-REPORTAGE
Podor, 10 oct (APS) – Les femmes des villages de Koppé Mangaye et Ngane, dans la région de Saint-Louis (nord), aspirent à faire de la culture de l’oignon un levier d’autonomisation économique, avec l’appui du Projet de réhabilitation et d’extension des périmètres irrigués villageois (PREPIV).
Ce projet visant à améliorer les conditions de vie de milliers d’habitants et à renforcer la souveraineté alimentaire, est mis en œuvre par la Société nationale d’aménagement et d’exploitation des terres du delta du fleuve Sénégal et de la Falémé (SAED).
Il bénéficie d’un financement de 23 milliards CFA de la Banque mondiale et de l’Etat du Sénégal.
Sa mise en œuvre inclut la réhabilitation et l’aménagement de 3.165 hectares, la construction de 65 km de pistes rurales, l’acquisition de 7 moissonneuses-batteuses et de 7 tracteurs avec accessoires, et l’édification de 12 magasins de stockage.
Les femmes de ces localités rurales de la commune de Gamadji Saré, réunies autour de groupements dynamiques, ambitionnent de faire de la culture de l’oignon une véritable activité génératrice de revenus.
Elles misent sur ce projet pour devenir autonomes et de contribuer activement à la souveraineté alimentaire du Sénégal.
À l’occasion d’une visite de suivi des travaux d’aménagement, conduite par El Hadji Mbargou Lô, délégué de la SAED à Podor, les femmes de ces deux villages, réunies au sein de Groupements d’intérêt économique (GIE), ont exprimé leur volonté de développer une filière oignon “durable et rentable”.
Le directeur des aménagements et infrastructures hydroagricoles de SAED, Mouhammad Khalil Matayir Mbaye, a pris part à cette visite, de même que le coordonnateur du Projet de réhabilitation et d’extension des périmètres irrigués villageois, Saidou Gaye.
Les femmes Koppé Mangaye et Ngane voient dans l’oignon une “culture à fort potentiel économique’”.
Selon Mariam Sow, présidente du GIE Bamtaaré des femmes de Koppé Mangaye, la culture de l’oignon peut contribuer à transformer les conditions de vie des femmes dans ces localités, si elle est bien encadrée.
”L’oignon nous offre des marges intéressantes sur les marchés locaux et régionaux. Ce produit peut constituer une source régulière de revenus avec la création de plusieurs emplois pour les femmes”, a-t-elle déclaré.
Des aménagements encore plus grands souhaités
Selon Mariam Sow, de nombreuses femmes pourront être impliquées dans les différentes étapes de la chaîne de valeur, notamment les semis, la récolte et le tri. Il s’y ajoute que les revenus tirés de cette activité peuvent permettre aux femmes de “subvenir à leurs besoins et de renforcer leur rôle dans la famille et la communauté”.
À Koppé Mangaye, ces femmes cultivent sur un petit périmètre aménagé juste vers la sortie du village, non loin du fleuve Sénégal, à quelques mètres des concessions.
Sur place, un site verdoyant attire l’attention des visiteurs avec de l’oignon occupant la grande partie du périmètre maraicher, à côté d’autres variétés comme la tomate, le chou et le piment.
Malgré des rendements satisfaisants, les femmes du GIE Bamtaaré Koppé Mangaye souhaitent disposer d’aménagements encore plus grands afin de développer davantage leur activité.
Une demande qui sera bientôt satisfaite avec l’aménagement de plus de quarante hectares de terre cultivable par la SAED.
A Ngane, un autre village de la commune de Gamadji Saaré situé à quelques kilomètres de Koppé Mangaye, l’espoir de faire l’oignon un pilier pour l’autonomisation des femmes demeure tout aussi grand.
De passage mercredi dans ce village, le reporter de l’APS a trouvé, sous un grand arbre, des femmes profitant de l’ombre avant l’arrivée de la délégation de la SAED, venue annoncer la réhabilitation de périmètres irrigués villageois restés trois ans sans être exploités à cause de la qualité des sols et de la vétusté des groupes motopompes pour l’irrigation.
Après les salutations d’usage entre les sages du village et la délégation de la SAED, Aminata Sow, la porte-parole des femmes, a pris la parole pour évoquer les attentes des femmes dans le cadre de ce projet qui sera bientôt livré.
Vêtue d’un boubou bleu clair, un foulard autour du coup, cette femme d’une cinquantaine d’années s’avance vers le traducteur et modérateur.
“Nous demandons au délégué régional ainsi qu’au chargé de l’aménagement de la SAED de nous aider à exploiter nos terres qui nous ont été offertes par des notables du village pour que nous pussions y mener des activités agricoles”, lance-t-elle.
Chambres froides pour la conservation
Comme les sœurs de Koppé Mangaye, ces femmes veulent aussi miser sur l’oignon et d’autres cultures pour relancer l’économie locale.
Elles attendent de ce projet de réhabilitation des périmètres irrigués la possibilité de cultiver toute l’année, sans compter la possibilité de voir d’autres filières émerger.
“Nous cultivons toujours aux côtés des hommes qui nous sont certes d’une utilité énorme, mais avec l’exploitation de ces terres, on peut faire plus de production et créer d’autres opportunités dans la zone”, a-t-elle soutenu.
Les femmes produisent suffisamment, selon Aminata Sow, mais elles constatent aussi des pertes importantes pouvant représenter le quart de la production totale à cause de l’inexistence de chambres froides.
Aussi invite-t-elle les autorités à mettre à leur disposition des infrastructures pour la conservation.
Lors de cette visite de suivi, la SAED a instruit les entreprises chargées des travaux d’aménagement à respecter strictement les délais de livraison, condition essentielle pour démarrer la campagne à temps.
Son délégué départemental a fait savoir que des réseaux d’irrigation et des digues de protection sont indispensables à la réussite des activités agricoles prévues à la fin du mois d’octobre ou au début du mois de novembre.
“Ce projet s’inscrit dans les objectifs stratégiques du ministère de l’Agriculture et de l’Élevage visant à renforcer la résilience des communautés rurales et à promouvoir l’entrepreneuriat féminin dans les zones agricoles”, a rappelé El Hadj Mbargou Lô.

Les villages comme Koppé Mangaye et Ngane dépendent majoritairement de l’agriculture et du commerce.
Les populations de ces localités sont déterminées à jeter les bases du développement local par l’agriculture, en comptant sur le soutien des autorités à travers l’amélioration de l’accès à l’eau, des dotations de semences, des sessions de formation, mais aussi par le biais de pistes rurales pour l’évacuation des productions vers les marchés et lieux d’écoulement.

OG/AT/HB/BK

