Dakar, 21 juin (APS) – La croissance économique du Sénégal a connu “un fort ralentissement” en 2022, en raison notamment d’une baisse de l’investissement privé et des exportations, analyse la Banque mondiale dans un rapport consacré à la situation économique du pays.

“Une baisse de l’investissement privé et des exportations, ainsi qu’une contraction du secteur agricole et de la production industrielle”, sont à l’origine du ralentissement de l’économie sénégalaise, explique l’institution financière internationale dans la dernière édition de son “Rapport sur la situation économique du Sénégal” en 2022.

Le rapport pointe aussi la hausse des prix mondiaux des produits de base, autant de facteurs ayant conduit à “une décélération” du Produit intérieur brut (PIB) réel de l’ordre de 4,2 %, après “une forte reprise post-Covid-19 en 2021”, année durant laquelle le taux de croissance du Sénégal s’était établi à 6,5 %.

“Après un rebond en 2021, la croissance économique du Sénégal s’est ralentie en 2022 sous l’effet combiné des politiques anti-inflationnistes, du resserrement des conditions financières, des perturbations liées aux chaînes d’approvisionnement et du ralentissement économique mondial lié à l’invasion de l’Ukraine par la Russie”, a expliqué Keiko Miwa, la directrice des opérations de la Banque mondiale pour le Cap-Vert, la Gambie, la Guinée-Bissau, la Mauritanie et le Sénégal.

“Les fortes pressions inflationnistes” marquées par un impact non négligeable sur les ménages à faible revenu ont conduit à des mesures d’atténuation des “chocs”, a ajouté Mme Miwa lors de la présentation du rapport.

L’inflation a entraîné une hausse de la dette publique sénégalaise en 2022, les entreprises publiques du pays ayant cherché à recourir aux emprunts pour financer les investissements, notamment dans le nouveau secteur du pétrole et du gaz, selon la fonctionnaire de la Banque mondiale.

Elle rappelle que le taux de croissance du Sénégal en 2022 est inférieur à la moyenne des huit Etats membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine – dont le pays fait partie -, qui était de 5,8 %, contre 6,1 en 2021.

“Une marge de manœuvre pour faire face aux conjonctures défavorables”

Même si elles sont soumises à d’importantes variabilités en 2022, les perspectives macroéconomiques du Sénégal restent “néanmoins favorables”, a signalé Keiko Miwa.

Elles devraient se traduire par un “rebond de la croissance à 9,9 % en 2024”, une hausse qui serait tirée par une forte production industrielle en raison du début de l’exploitation des hydrocarbures.

Cette perspective que dessine la Banque mondiale confirme celle envisagée par les autorités sénégalaises, qui disent s’attendre à une croissance à deux chiffres à la fin de cette année en raison de l’entame, à cette même période, de l’exploitation du pétrole et du gaz du pays.

“L’assainissement budgétaire est une priorité pour le Sénégal, au regard du durcissement des conditions financières sur les marchés régionaux et internationaux”, a souligné Hélène Aminatou Ba, une économiste de la Banque mondiale chargée du Sénégal et coauteure du rapport.

Cet “assainissement” peut conduire à “une diminution progressive de la part importante de l’encours de la dette au PIB après 2023”, a-t-elle ajouté.

Mme Ba estime par ailleurs que “le risque de surendettement global reste modéré”. “Il est important toutefois d’avoir une marge de manœuvre pour faire face aux conjonctures défavorables”, recommande-t-elle aux autorités sénégalaises.

La politique de réduction de la pauvreté menée par les pouvoirs publics pourrait se révéler inefficace devant d’éventuels “chocs”, car elle exclut les personnes vulnérables à la pauvreté, a prévenu Hélène Aminatou Ba.

“Assurer une croissance inclusive, face à la récurrence des chocs, constitue un important défi auquel le pays devrait faire face”, lit-on dans le rapport.

Selon le document, la hausse des investissements directs étrangers destinés aux hydrocarbures devrait favoriser un rebond imminent du secteur secondaire.

La Banque mondiale encourage le Sénégal à recourir aux partenariats public-privé pour financer ses investissements.

CS/ESF/BK

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