JOJ 2026 : une experte prône le marketing territorial comme levier de repositionnement du Sénégal
JOJ 2026 : une experte prône le marketing territorial comme levier de repositionnement du Sénégal

SENEGAL-SPORT

Dakar, 25 déc (APS) – Les Jeux olympiques de la jeunesse (JOJ) Dakar 2026 constituent une opportunité stratégique majeure pour renforcer l’image et l’attractivité du Sénégal sur la scène internationale, à condition de s’appuyer sur un marketing territorial ambitieux et intégré, a estimé l’ingénieure en aménagement du territoire et urbaniste Selbé Ndiémou Diouf Fall.

”Bien plus qu’un événement sportif, les JOJ représentent une vitrine mondiale sans précédent. Le véritable enjeu réside dans un marketing territorial capable de transformer cet événement éphémère en un levier durable de repositionnement du Sénégal comme une destination aux multiples facettes”, a-t-elle déclaré dans un entretien accordé à l’APS.

Selon Mme Fall, également géographe et spécialiste du développement territorial et de la décentralisation, l’impact des JOJ ”ne doit pas se limiter aux enceintes sportives”, mais s’étendre à l’ensemble des pôles territoriaux du pays.

Elle a ainsi plaidé pour une mise en valeur du pôle historique et culturel du Nord, au-delà de Saint-Louis et de son architecture coloniale, à travers les richesses du fleuve Sénégal, notamment les anciens comptoirs de Richard-Toll, les paysages du lac de Guiers et le parc national des oiseaux du Djoudj, présenté comme la troisième réserve ornithologique au monde.

L’experte a également souligné l’intérêt de promouvoir le Bou El Mogdad, bateau emblématique du fleuve Sénégal, dont les croisières offrent, selon elle, ”un lien poétique et fort entre le Nord historique et l’Est sauvage”.

Le pôle Sud-Est, avec le parc national du Niokolo-Koba et le paysage culturel Bassari, doit aussi être mis en lumière pour ses potentialités écotouristiques, alliant randonnées, immersion ethnographique et découverte de la biodiversité, a-t-elle ajouté.

Concernant le pôle Sud, Mme Fall a insisté sur la valorisation de la Casamance, à travers ses bolongs, ses villages traditionnels comme Mlomp et Affiniam, son artisanat (poterie, tissage) et ses festivals de danses masquées, proposant ainsi ”un tourisme de ressourcement et de rencontre”.

Pour le pôle balnéaire et écologique de la Petite Côte et du Sine-Saloum, elle a estimé qu’il faut dépasser l’image de Saly, en mettant en avant l’île de Gorée, les lagunes de la Somone, les parcs à huîtres de Palmarin et les excursions en pirogue dans le delta du Saloum, ”royaume des baobabs et des oiseaux migrateurs”.

Mme Fall a également évoqué la Pointe des Almadies, point continental le plus occidental d’Afrique, qu’elle considère comme un symbole géographique fort devant faire l’objet d’une ”mise en scène spectaculaire” afin d’en faire un site iconique.

L’urbaniste a par ailleurs souligné que la Teranga sénégalaise doit être au cœur de l’identité des JOJ 2026. Elle a proposé la création d’un logo et d’une charte graphique inspirés de ce concept, déclinés sur l’ensemble des supports de communication, des billets d’avion aux uniformes des volontaires.

Elle a aussi insisté sur la nécessité d’un effort national de propreté et d’embellissement des villes et sites d’accueil. ”L’attractivité d’un territoire passe avant tout par le cadre de vie offert aux visiteurs”, a-t-elle soutenu.

Mme Fall a enfin mis l’accent sur le rôle stratégique de l’aéroport international Blaise Diagne (AIBD), appelé à devenir ”la première vitrine narrative du Sénégal”, à travers une signalétique moderne, des installations artistiques et des services numériques d’accueil.

Elle a également plaidé pour la création d’une police touristique, formée à l’assistance, aux langues étrangères et à la médiation culturelle, afin de renforcer le sentiment de sécurité et d’hospitalité des visiteurs.

”Les JOJ 2026 offrent une fenêtre de tir exceptionnelle pour repositionner le Sénégal non comme une simple destination, mais comme une nation d’expériences multiples, historiques, naturelles, culturelles et humaines”, a-t-elle conclu, appelant à saisir cette opportunité ”avec une ambition qui dépasse les stades et s’inscrit dans la durée”.

SG/MK