Dakar, 19 avr (APS) – Le traitement prophylactique de l’hémophile est gratuit pour une quarantaine de patients au Sénégal, a révélé le directeur du Centre national de transfusion sanguine (CNTS), Professeur Saliou Diop.

‘’C’est un traitement disponible dans le monde depuis trois ans, mais nous l’avons ici au Sénégal depuis un an et demi et c’est totalement gratuit’’, a-t-il dit dans un entretien avec l’APS, à la veille de la célébration lundi dernier de la journée mondiale de l’hémophilie.

Ce traitement coûte extrêmement cher, mais grâce à des partenaires du CNTS et la Fédération mondiale de l’hémophilie, il est actuellement gratuit pour les patients suivis dans les structures de santé, se félicite l’hématologue.

Il se réjouit de ce qu’il a “beaucoup changé’’, car ayant désormais une vocation préventive.  ‘’Ce n’est plus un traitement intraveineux à la demande, mais un traitement sous cutané et plus important. C’est que nous n’attendons plus que la personne saigne, nous faisons un traitement prophylactique’’, a-t-il précisé.

L’intérêt réside selon lui dans le fait de produire la protéine manquante. Les personnes souffrant d’hémophilie sont en effet confrontées au manque d’une protéine : ‘’le facteur 8 ou le facteur 9’’. Le Dr Diop assure qu’il est possible aujourd’hui de ‘’produire cette protéine’’, le traitement consistant à la ‘’remplacer’’.

Selon lui, ‘’ la prophylaxie est devenue le traitement standard de l’hémophilie une fois toutes les deux semaines ou une fois par mois, pour prévenir la survenue des infections’’. ‘’Le but de la prophylaxie, c’est de prévenir le handicap’’, a-t-il précisé.

Revenant sur la prise en charge, il a indiqué qu’elle ‘’est organisée en décentralisant les soins’’. Ainsi, pour les hémophiles qui sont dans des régions comme Thiès, Louga, Saint-Louis, Touba et Ziguinchor, les médecins et les biologistes ont été formés et les médicaments mis à leur disposition, gratuitement. Les malades ne sont plus obligés de venir jusqu’à Dakar, assure-t-il.

Il estime que ‘’la prise en charge commence par l’éducation’’. Et l’hémophilie étant ‘’une maladie assez rare’’, en cas de découverte d’un nouveau cas, le CNTS prend ‘’au moins deux heures pour expliquer à la famille la maladie, les situations, comment va se fait la prise en charge’’.

‘’ Cette éducation de base est extrêmement importante. Au cours de cette séance, on leur donne un cahier qui leur permet d’avoir davantage d’informations. C’est pour faire en sorte que le patient ou sa famille s’auto-prenne en charge et constitue un relai’’, justifie-t-il.

175 000 à 200 000 FCFA pour arrêter un saignement

Le coût du traitement, souligne le chef du service d’hématologie de l’université Cheikh Anta Diop, est ‘’hors de portée du pouvoir d’achat des Sénégalais’’. ‘’Un enfant de 10 kg qui saigne a besoin de 250 unités.  La boîte va coûter 175.000 à 200.000 FCFA pour un saignement, alors qu’il peut saigner cinq jours sur sept’’, a-t-il indiqué.

Il précise que la prise en charge des urgences nécessite trois millions d’unités disponibles. Il espère disposer d’au moins un million d’unités avec la Fédération mondiale de l’hémophilie, le reste devant être comblé par l’Etat. Il estime qu’‘’un budget annuel de 500 millions FCFA permettrait de soigner tous les hémophiles du pays’’.

Pr Diop a révélé que les facteurs de coagulation sont maintenant inscrits sur la liste des médicaments prioritaires de la Pharmacie nationale d’approvisionnement (PNA).

Concernant la mortalité liée à l’hémophilie, le spécialiste relève que ‘’le taux a dégringolé avec les produits disponibles’’,  la prise en charge étant aussi aujourd’hui assurée dans les régions. Le problème est cependant qu’il y a un sous-diagnostic avec des patients qui décèdent tôt sans jamais avoir eu la chance d’avoir eu accès à un traitement gratuit.

Au Sénégal, le plus petit patient atteint d’hémophilie a juste deux ans et le plus âgé 66 ans. Pr Diop assure que les cas sont suivis très tôt avec une sensibilisation qui marche ‘’très bien’’, situation qui explique la bonne espérance de vie constatée aujourd’hui chez les hémophiles.

SKS/ADL/ASG/OID

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