SENEGAL-SANTE-STRATEGIE
Dakar, 30 oct (APS) – L’épidémiologiste sénégalais Cheikh Sokhna préconise de positionner des laboratoires de proximité dans le cadre de la stratégie de riposte à la fièvre de la vallée du Rift (FVR) et à la variole du singe ou mpox, de manière à raccourcir les délais de diagnostic pour arriver à moins de cas graves.
Le biologiste de formation, directeur de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), suggère la mise en place de laboratoires “point of care” (POC), capables de faire des tests au chevet du patient, pour un diagnostic rapproché de ces deux maladies.
M. Sokhna note que “c’est un peu compliqué d’avoir un seul centre de référence (l’Institut Pasteur) pour faire les diagnostics”. “Je pense que si on commence à avoir quelques centres, les délais de diagnostic vont être réduits”, ce qui permettrait d’avoir moins de cas graves, a-t-il assuré.
Cheikh Sokhna intervenait à la séance mensuelle bimodale de l’Académie nationale des sciences et techniques du Sénégal, en présence de plusieurs autres universitaires, mercredi.
Les laboratoires de l’IRD positionnés à Saint-Louis (nord), à Touba et à Fatick (centre) peuvent participer à cette stratégie, a-t-il indiqué, estimant qu’il n’est pas possible stopper la gravité de la maladie si on arrive à diagnostiquer rapidement et à prendre en charge le malade.
Il annonce que des discussions sont en cours avec le ministère de la Santé et de l’Hygiène publique, notamment la direction des laboratoires et le Système de gestion intégrée de l’incident, dirigé par le docteur Boly Diop, pour intégrer ces laboratoires de proximité dans le processus de diagnostic.
“Actuellement, nous sommes en discussion avec le ministère de la Santé et de l’Hygiène publique. Je pense que d’ici à la semaine prochaine, on aura le feu vert. Parce que nous avons les systèmes pour la détection, notamment des POC, qui sont de petits laboratoires pouvant faire des diagnostics, que nous avons utilisés pendant la pandémie de Covid, et entrer dans la riposte”, a expliqué Cheikh Sokhna.
Selon M. Sokhna, l’implantation de laboratoires POC a révolutionné la prise en charge des maladies infectieuses dans les zones d’intervention de l’IRD au Sénégal.
D’après l’épidémiologiste, il n’est pour le moment pas possible de dire quand cette épidémie s’arrêtera.
“C’est un peu alarmant quand même”, a-t-il commenté, soulignant que le changement climatique, engendré par la pluviométrie abondante, est l’une des nombreuses causes de l’augmentation de la prévalence de la fièvre de la vallée du Rift.
“Comme c’est une maladie vectorisée, c’est-à-dire qu’il y a un vecteur, le moustique, il y a plus d’eau, il y a plus de moustiques, surtout dans des zones mal irriguées […] qui sont des gîtes potentiels de moustiques”, a expliqué l’épidémiologiste.
Il appelle à sensibiliser davantage les populations pour venir à bout de la fièvre de la vallée du Rift et de la variole du singe ou mpox.
La FVR est à l’origine de 25 décès au Sénégal, à la date du 23 octobre dernier, sur 287 cas confirmés et 226 guéris, selon le ministère de la Santé et de l’Hygiène publique.
Six régions sont touchées par la maladie : Saint-Louis, Louga, Matam (nord), Kaolack, Fatick (centre), Dakar (ouest). La FVR est apparue au Sénégal le 21 septembre dernier à Richard-Toll, dans la région de Saint-Louis.
Concernant la variole du singe ou mpox, le Sénégal a enregistré sept cas confirmés et deux cas probables, localisés tous dans la région de Dakar.
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