De l’envoyé spécial de l’APS, Momar Khoulé Ba

Paris, 28 août (APS) – Malgré son éloignement du pays natal à cause des soins qu’elle continue de suivre en France, l’artiste peintre designer Fatou Kiné Diakhaté continue de s’exprimer avec le même engagement dont elle a toujours fait preuve dans la réalisation de ses œuvres inspirées de la sensualité féminine et des couleurs chaudes.

Après avoir longtemps illuminé le Sénégal de son talent, c’est dans le pays de Mariane qu’elle a désormais l’occasion de donner la pleine mesure de son savoir-faire artistique.

Son œuvre est inspirée par la sensualité féminine et les couleurs chaudes, source de lumière, de tendresse et de chaleur, qui font la particularité du continent africain dont le devenir la préoccupe.

“Fat”, comme l’appellent les intimes, s’exprime avec les formes, les couleurs et la matière, qui “flirtent, créent des liens de solidarité et témoignent de la valeur du partage et de l’harmonie des peuples”.

La convergence qui en résulte “valorise davantage la condition de la femme dans notre combat quotidien qui nous lie à la vie”, affirme-t-elle.

Dans son travail, elle articule, d’un rythme vif, les couleurs et les formes qui sommeillent en elle pour mieux toucher la peinture, la matière, le design, grâce à ses créations artistiques

”Je suis originaire de la région du Sine-Saloum au centre du Sénégal, bercée par le fleuve et le delta du Saloum qui ont un passé historique, précisément de Kaolack, ville carrefour connue pour ses étés chauds et ses femmes de valeur”, confie-t-elle.

Fatou Kiné Diakhaté dit avoir passé son enfance auprès de sa grand-mère maternelle, qu’elle appelle affectueusement “sama Maam Boye” (ma grand-mère chérie), Maam Bineta Diouf (…)”.

Elle déclare que celle-ci l’a “éduquée avec des valeurs traditionnelles” du peuple sérère, telles le “jom”, le “fulla”, le “fayda”, le “gëm sa bopp”, “liggëy”, “yar”, “bëgue lou bax”, “set ak rafet”, autant de références au savoir-être et au savoir-vivre sénégalais.

Des termes wolof qui évoquent le sens de l’honneur, la dignité, le travail bien fait avec amour, la discipline, l’hygiène, le respect et le sens de la mesure.

“Très tôt, Maam Bineta m’a fait comprendre que j’ai des valeurs”, raconte Fatou Kiné Diakhaté, très fière d’avoir eu comme mentor Pierre Goudiaby Atépa pour qui elle ne tarit pas d’éloges.

”J’ai travaillé au cabinet de  Pierre Goudiaby Atépa, qui est mon mentor et est le parrain de mon atelier FDéco. Il m’a inspiré le travail bien fait, à aller toujours vers l’excellence. Gëm sa bopp [croire en soi]”, insiste-t-elle.

Grâce à son atelier FDéco et son collectif d’artistes, elle a apporté sa touche personnelle à beaucoup de chantiers et de réalisations du président Abdoulaye Wade, qui a dirigé le Sénégal entre 2000 et 2012.

Ses fresques murales ornent par exemple certains endroits de la corniche de Dakar, dont la place du Souvenir africain, certaines de ses oeuvres peuvent s’admirer près de la “mosquée de la Divinité”, sans oublier ses décorations de toutes les cases des tout- petits du Sénégal. Autant dire que ses empreintes sont présentes partout au Sénégal, surtout dans la capitale sénégalaise.

A travers ses œuvres, Fatou Diakhaté dit entretenir une éternelle envie de cultiver le patriotisme.

Se définissant comme une artiste engagée depuis plus 30 ans, elle dit considérer l’art et la culture comme de véritables leviers de développement. Ils peuvent participer avec efficacité au développement culturel du pays, ainsi qu’à la formation et la sensibilisation des filles et des jeunes au Sénégal, fait-elle valoir.

”Mon atelier FDéco, avec son collectif d’artistes, a formé des jeunes artistes autodidactes et beaucoup d’étudiants de l’Ecole nationale des beaux-arts. Beaucoup ont fait leur stage à FDéco. Je peins des thèmes qui me tiennent à cœur : les violences faites aux femmes, le maintien des filles à l’école, l’égalité des chances, l’éducation, la protection de l’environnement”, détaille celle qui continue d’émerveiller Paris.

Elle considère le Sénégal comme “un pays spécial”, avec une “démocratie, des hommes politiques, des femmes de valeur et une belle jeunesse consciente”.

Elle dit travailler pour une bonne cohésion sociale, la sécurité, le développement afin d’avoir un pays plus rayonnant, plus prospère, où la santé, la paix, l’éducation, la formation, le travail et le pouvoir d’achat deviennent une réalité.

”Plus jamais de pirogues suicidaires !”, décrète Fatou Kiné Diakhaté depuis sa chambre médicalisée de Paris, devenue son univers artistique, car transformée en un atelier où se côtoient des chevalets pleins de tableaux et d’objets d’art.

”La peinture, c’est ma thérapie, elle est vitale pour moi”, affirme-t-elle.

MKB/ASG/ABB/SBS/BK

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